A Châteauroux, le monde agricole était représenté et en colère dans le cortège : les agriculteurs vieillissent. Le revenu agricole n’est pas très attractif. Les retraites faibles. Comment attirer les jeunes si, en plus, on repousse l’âge de départ ?
Par Pierre Belsoeur
Robin Doublier et Sebastien Heslouis les deux porte-parole de la confédération paysanne de l’Indre ont conscience de ne pas représenter la totalité du monde agricole. « Nous avons 80 adhérents alors qu’il y a encore 3 000 exploitations dans l’Indre, mais en tant que chefs d’exploitation nous avons les mêmes préoccupations que nos collègues des autres syndicats ( la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs NDLR). Nous devrions tous être concernés par cette journée de protestation ».
Cette présence des agriculteurs a en tout cas attiré l’attention des journalistes. On fait la queue derrière Magcentre pour écouter cette parole originale. Robin et Sebastien sont de jeunes agriculteurs : 30 ans pour l’un, 44 ans pour le deuxième, avec des parcours atypiques. Robin a travaillé dans la restauration en faisant les saisons à la mer et à la montagne, on l’a même connu crêpier à Nantes… « Finalement je suis revenu prendre la succession de mon père. Je suis installé depuis cinq ans sur 90 ha à Pellevoisin. Je produis des céréales en bio et transforme une partie de ma récolte de blé en farine pour ma compagne qui est boulangère. » Sébastien n’est pas issu du monde agricole, il a repris à Rosnay une exploitation de vaches allaitantes à un agriculteur qui partait en retraite. Son frère est venu le rejoindre, il valorise son travail en faisant de la vente directe, associé à sa voisine qui élève des cochons bio. « On revient à la base, on est des paysans qui nourrissent et font vivre le pays. »
Une campagne sans paysans
Pour tous les deux les semaines font plutôt 70 heures que 35. « C’est un métier de passion, c’est vrai, affirment en chœur les deux agriculteurs, mais on aimerait avoir une vie après le travail. Autrefois la question ne se posait pas, à 65 ans les paysans n’avaient plus à penser à la retraite. Voici vingt ans le problème était l’installation des jeunes, les candidats n’avaient pas les moyens d’acheter les terres face à des industriels de l’agriculture. Désormais on se trouve face à une vague de départs massifs. Or on propose aux futurs agriculteurs un revenu modeste et une retraite de 1.000€ par mois si l’on a beaucoup cotisé, 500 à 700 dans la plupart des cas et des exploitations qui ne se vendent pas. Alors si en plus on les oblige à aller jusqu’à 64 ans, il ne faut pas s’étonner si les campagnes continuent de se vider. »
Il n’y aura plus de candidats à la reprise, les exploitations continueront de grossir et les friches s’installeront sur les surfaces les moins rentables.
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