Immense moment de poésie théâtrale ce jeudi au Théâtre de la Tête Noire de Saran, avec « Tchaïka* », dans le cadre de la biennale coordonnée par le Centre national de la marionnette de Vendôme, et qui rayonne sur toute la région.
Photo Estelle Valente
« Les hommes, les lions, les aigles et les coqs de bruyère, les cerfs aux vastes bois, les oies, les araignées, les poissons muets qui vivent dans l’eau, les étoiles de mer et tous ceux que l’œil ne pouvait voir… »
Tels sont les premiers mots de la marionnette, figure d’une actrice au crépuscule de la vie, qui ne sait plus trop ce qu’elle fait là, ni ce qu’elle dit ; du moins elle est sur scène pour dire adieu au théâtre qui a été toute sa vie, dans le rôle d’Arkadina, personnage pivot de la pièce de Tchekhov, « la Mouette ». Mais les mots de Nina, jeune fille, lui reviennent en mémoire, sa jeunesse perdue évidemment, les différents rôles qu’elle a tenus dans sa vie, tout ce qu’elle voudrait bien retrouver.
Dès l’entrée sur le plateau, dans un halo de lumière baignée par les flocons de neige tombant des cintres, l’actrice Tita Iacobelli et sa marionnette à taille humaine, donnent le sentiment au public de se confondre, tel bras est-il celui de l’une ou de l’autre ? Longtemps, la marionnette dialoguera avec Konstantin, son fils dans la pièce du dramaturge russe, fils représenté par un petit ourson. Et telle la mouette dont on annonce la mort, au final comme on le sait, Konstantin, du moins la petite peluche, sera recouvert des plumes de la mouette, l’oiseau qu’il a tué, et dont il épousera le sort.
L’actrice, Tita Iacobelli, chilienne, a rencontré la marionnettiste Natacha Belova, belge d’origine russe. Et toutes deux, après avoir fondé leur Compagnie, ont créé ce spectacle d’une beauté époustouflante, présenté un peu partout en Europe, de l’Espagne à la Pologne, bien sûr au Chili, et surtout en Belgique où il a été produit.
* Tchaïka, en russe, veut dire la mouette
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