[Billet de Bernard Thinat]
Dans un communiqué pour le moins curieux, signé par la seule Préfète du Loiret, mais dont il semble bien qu’il a l’accord des autorités de tutelle du Centre Dramatique National d’Orléans, à savoir la Région, le Département du Loiret et la ville d’Orléans, tout ce beau monde « félicite(nt) Séverine Chavrier pour sa nomination à la Comédie de Genève, (…) nomination qui consacre la reconnaissance de son travail de création et de direction du CDN depuis 2017. » (1)
Les partenaires « soulignent leur attachement à la permanence d’une offre artistique diversifiée au sein du théâtre d’Orléans par les différentes structures culturelles ». Ils ajoutent être « attentifs à la continuité des activités artistiques et culturelles du Théâtre d’Orléans ».
Jusqu’ici, tout va bien, MagCentre n’aurait pas dit mieux, sinon que la signature de la Préfète interroge. Il n’est pas dans les habitudes de la Préfecture de se mêler des affaires du Théâtre d’Orléans, elle représente l’Etat, et donc le ministère de la Culture. C’est plutôt la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) qui a son mot à dire, même si elle est placée de fait sous l’autorité de la Préfète.
Enfin, la dernière phrase du communiqué interpelle tout esprit vigilant quant au sort des structures publiques que sont le CDN et la Scène nationale ainsi que ne l’oublions pas, le Centre Chorégraphique, et des structures privées, notamment le CADO.
Il est dit en effet que la période qui s’ouvrira après le départ de Séverine Chavrier, à savoir à partir du 1er juillet prochain, « fait l’objet dès à présent d’une réflexion de tous les partenaires pour l’avenir du Théâtre d’Orléans, cette grande maison du spectacle vivant. »
On sait qu’il y a plusieurs années (avant la période Covid) au moins deux audits (sinon trois) ont été réalisés à la demande des autorités de tutelle du Théâtre d’Orléans, sans qu’on en connaisse les conclusions. Un audit, ça coûte cher, alors deux, pensez donc, si ça ne devait servir à rien.
Cette phrase, dont il est bien difficile d’en discerner le sens, n’est peut-être que formule vague, vide de sous-entendus. Mais peut-être pas. Souvenons-nous de la diatribe récente d’un élu, et pas n’importe lequel, contre la programmation de la directrice du CDN. Chacun sait que le précédent directeur du Théâtre (et donc de la Scène nationale) a bataillé en vain jusqu’à son départ pour que soit revue la convention réunissant les structures culturelles du Théâtre d’Orléans, beaucoup d’Orléanais confondant les unes avec les autres. Alors que les budgets sont contraints, que des réductions en termes d’empreinte carbone sont nécessaires, que le spectacle vivant se doit de retrouver son public, ces évolutions ne sauraient se réaliser sans « maintenir le rayonnement européen de l’établissement, tout en favorisant la diversité des propositions offertes au public », conclut ce communiqué incantatoire.
(1) On a appris récemment que Séverine Chavrier avait fait partie d’une « short-list » de quatre metteurs et metteuses en scène pour succéder à Stanislas Nordey à la tête du Théâtre National de Strasbourg. Décidément, nombreux voulaient la voir venir chez eux !
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