Plus de 10.000 manifestants à Tours et Orléans, environ 6.000 à Bourges, mobilisations inédites dans les villes moyennes de la région… Cette première journée de rassemblements a réveillé l’esprit frondeur des Français en les unissant sur un sujet sensible : les retraites.
Avec les correspondants en région
« Ce n’est pas un jeudi noir mais plutôt un jeudi de l’espoir ! » Pascal Sudre responsable CGT Loiret s’enthousiasme au regard de la foule. Une mobilisation que certains qualifient même d’historique. Sans verser dans l’hyperbole, il faut reconnaître que cette première journée de mobilisations est un succès pour l’intersyndicale en région. Et pour Emmanuel Macron peut-être aussi. Le Président ayant ainsi déjà réalisé son vœu exprimé en début d’année de voir les Français « affronter l’année 2023 en pays uni ». Peut-être l’entendait-il différemment mais toujours est-il que le résultat est sans appel. Toutes les catégories socioprofessionnelles (ou presque) étaient dans la rue ce jeudi 19 janvier, rassemblées contre sa réforme des retraites. Pari donc réussi !
Loiret
A Orléans, les habitués aux manifs dans la préfecture du Loiret ont la vilaine habitude de négliger la ponctualité les matins de rassemblement. C’est pourquoi ils ont dû jouer des coudes en arrivant alors que les non initiés étaient déjà présents depuis 30 minutes. Le parvis de la cathédrale était bien garni. A tel point qu’il a fallu près d’une heure pour évacuer la place et voir l’intégralité du cortège s’échapper rue Jeanne d’Arc. « La première fois qu’on voit ça », confient des manifestants habitués aux joutes sociales orléanaises.
Au final, 12.000 manifestants – selon la préfecture, sûrement mieux affûtée pour l’exercice que la rédaction qui s’est arrêtée en dessous des 10.000… – ont fait une boucle dans le centre-ville. Ouvriers, salariés enseignants, retraités… ont défilé dans le calme pour réclamer « le retrait de la réforme dans les plus brefs délais, comme l’exigeait au micro Pascal Sudre. Une réforme est censée être progressiste mais ici, au-delà de l’injustice de vouloir nous faire travailler plus longtemps, on s’attaque aux salariés mais aussi aux retraités actuels car l’objectif final, c‘est de baisser le niveau général des pensions ».
Du côté de David Sempé, délégué Solidaires, la forte affluence est signe d’une prise de conscience générale de la population. « Quand on voit le monde ce matin, franchement ça fait chaud au cœur. Ca va au-delà des syndicats car les gens sont conscients que leurs vies sont en jeu quelque part ». Presque ému mais déterminé, il a déjà prévu d’autres actions pour les semaines à venir.
A Montargis, avec près de 3 000 frondeurs la mobilisation était ferme et forte, « du jamais vu depuis 68 », nous ont dit les « vieux de la vieille », les routards de la manif, l’un des doyens affichant ses 85 ans en tête de cortège, bon pied, bon œil, surtout quand il s’agit de battre le pavé. Les déjà retraités étaient très présents dans cette manifestation, signe de leur solidarité avec les générations plus jeunes. Agriculteurs, pompiers, profs, ouvriers, employés, étudiants, sans-emplois, tous ont montré un front uni, à l’image de l’intersyndicale en tête de cortège. Quant aux commerçants, ils ont témoigné depuis leur pas-de-porte leur solidarité à cette longue chenille humaine, bruyante, certes, mais sereine.
A noter que d’autres rassemblements ont eu lieu à Gien (800 manifestants), Pithiviers (600) et Beaugency (300)
Indre-et-Loire
Plus de 10 000, c’est aussi le score obtenu à Tours. A la différence qu’en Touraine, syndicats et préfecture savent se mettre d’accord sur les chiffres. Si le corps enseignant était particulièrement mobilisé avenue de Grammont, c’était moins le cas des lycéens et étudiants. Preuve peut-être que les jeunes considèrent aujourd’hui qu’ils ne pourront obtenir de retraite. Particulièrement actifs en automne pour manifester contre la réforme du lycée professionnel, ils ont laissé la place à une majorité d’actifs âgés de 40 à 60 ans.
Indre
A Châteauroux, grosse mobilisation également. Si les chiffres vont du simple au double – des sources policières ont évoqué 8 000 personnes quand Magcentre, qui a pris le temps de compter, s’est arrêté à 4 500 – il est intéressant de noter qu’on a retrouvé traces de vie de plusieurs syndicats dont on avait perdu les couleurs depuis un moment dans la ville impériale. Les drapeaux oranges de la CFDT et les bleus de la CFTC notamment, mais aussi la présence de la Confédération paysanne. Le syndicat agricole, qui s’était déjà échauffé cet automne avec sa lutte contre les méga-bassines, avait décidé de jouer la partie dans une mêlée majoritairement constituée de 40-60 ans.
Du côté d’Issoudun, une mobilisation a rassemblé près de 1.000 manifestants selon les syndicats.
Cher
Presque aussi bien qu’en 1995 dans le departement. Les premières estimations du nombre de manifestants affichaient un total de près de 9.000 personnes pour les cinq manifestations du Nord Berry. Jeunes, un peu moins jeunes, nettement moins jeunes et même des plus du tout jeunes étaient présents pour ce premier rendez-vous avec la réforme Macron des retraites. On comptabilisait ainsi autour de 6.000 participants (7.000 selon les syndicats, 4.500 selon la police) au départ de la place Séraucourt, Bourges, plus de 3 000, place Jacques-Brel, à Vierzon (4.000 source syndicale, 2.500 source officielle), un peu moins de 450 devant le kiosque de Saint-Amand-Montrond, 120 à
Saint-Florent-sur-Cher et 70 à La Guerche-sur-l’Aubois. Si la « marée humaine » de 2003 n’a pas été atteinte, cette journée de jeudi a permis de renouer avec des scores du siècle dernier, en 1995 et le plan « Juppé » par exemple. Bizarrement, tout le monde s’est d’ores et déjà donné rendez-vous à une prochaine…
Loir-et-Cher
Près de 9 000 personnes ont manifesté dans les rues de Blois ce jeudi 19 janvier contre la réforme Macron du régime de retraite. Du jamais vu dans la préfecture de Loir-et-Cher depuis de longues années. Le long cortège a défilé dans une ambiance bonne enfant arpentant les rues du centre-ville en reprenant les slogans et chansons préparés pour l’occasion. Les interventions des syndicats rue Porte Côté et Place de la Résistance ont illustré le mécontentement général du monde du travail face « au recul social et sociétal » que constitue la retraite à 64 ans. « Le droit à la retraite, c’est le droit à la vie après la vie au travail », a par exemple scandé Aline Pasnon, co-secrétaire départementale de la Fédération syndicale unitaire.
« C’est une démonstration de force. Nous étions 1.200 à Vendôme le matin et à Blois, le nombre de manifestants est impressionnant. Le gouvernement doit retirer ce projet. Nous reviendrons s’il le faut », expliquait Nadine, une manifestante venue de Montoire-sur-le-Loir.
Alors que l’intersyndicale a d’ores et déjà annoncé une nouvelle journée de mobilisations le 31 janvier prochain, les différentes organisations syndicales en région devraient se concerter ce vendredi 20 janvier pour définir les contours des actions à venir. Certains syndicats souhaitent notamment « répondre à la hauteur de l’attaque du gouvernement » et pourraient durcir leurs actions pour la fin du mois.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Orléans: plus de 10 000 personnes dans la rue contre la réforme des retraites