Le maire-président de la Métropole veut changer d’image et pour cela, n’hésite pas à faire la cour aux médias locaux. L’occasion lui a été donnée par une cérémonie de vœux à la presse en grande partie absente car mobilisée par la manifestation contre la réforme des retraites.
Par Jean-Jacques Talpin
Une nouvelle image pour Serge Grouard Photo Magcentre
Serge Grouard aurait-il été touché par la grâce ? Rien de commun en effet entre le maire-président métropolitain version 2022 – agressif parfois, politicien toujours, méprisant à l’occasion – et celui version 2023 qui se montre jovial, accueillant voire plein d’humour… Pour la première fois depuis sa première élection en mars 2001, Serge Grouard invitait en effet ce jeudi la presse à une cérémonie de vœux. Certes les journalistes sont peu gourmands de ces pince-fesses où les élus ripolinent leur bilan tout en embellissant leur programme à venir. Mais l’invitation était exceptionnelle : jamais Serge Grouard n’avait versé dans ce rituel, lui que l’on accuse habituellement de n’aimer ni la presse, ni les journalistes, voire même d’user à leur égard de condescendance ou de mépris.
Évidemment organiser une telle cérémonie un jeudi matin alors même que des milliers de manifestants défilaient dans les rues, c’était courir le risque d’une certaine désaffection. Et effectivement les journalistes étaient peu nombreux. La Rep en grève (et qui défilait derrière une banderole) avait envoyé son rédacteur en chef, tout comme France 3. Il est vrai que le buffet malingre et version « dry january » n’avait pas de quoi étancher la soif d’actualité des confrères et consœurs. Après avoir assuré que s’il « n’aimait pas tous les journalistes mais certains » (on n’est pas certain que Magcentre fait partie de la bonne catégorie), Serge Grouard nous a présenté sa nouvelle image, plus roublarde peut-être, mais plus mâtinée de bonnes intentions, où les aspects saillants ont été arasés. Une nouvelle image que certains croient voir dans l’œuvre de sa nouvelle directrice de cabinet, l’efficace Chrystel de Filippi.
Pas d’alternance à la Métropole
« Décontracté et tranquillou ! » Serge Grouard a donc rempli son devoir d’élu en passant en revue toutes les avancées de 2022 et 2023 : l’ouverture de CO’Met, la création du CHU (« une révolution pour le territoire orléanais »), l’université Madeleine, la rénovation urbaine à l’Argonne et à La Source, l’ouverture de l’école ESTP, la prochaine production d’énergies renouvelables. Des dossiers restent également en suspens ; le relogement des commerçants des Halles avant les travaux (au Campo Santo, en bord de Loire ou sur le boulevard Alexandre Martin ?), la vente éventuelle des vinaigreries (« on n’a pas les moyens d’y consacrer 20 millions »).
D’autres suscitent des inquiétudes : le coût des travaux de l’université Madeleine (qui dérapera de 10 à 20 millions sur un total de 100 M€), la rentabilité de CO’Met avec la nécessité d’ouvrir la bourse métropolitaine pour attirer les grandes compétitions sportives (plusieurs centaines de milliers d’euros pour accueillir une compétition internationale de volley cette année), la dette de la Métropole qui enfle, etc. Serge Grouard a confirmé que contrairement à ce que certains avaient évoqué (la presse…) il n’y aura pas d’alternance à la tête de la Métropole. Pas question donc de s’effacer au profit de Matthieu Schlésinger.
Quittant le terrain local, Serge Grouard retrouve vite ses marottes nationales pétries de gaullisme, sur le déclin de la France « qui dévisse » en matière de nucléaire, de santé ou d’alimentation. Même son parti LR n’y échappe pas, lui qui avait tenté d’en prendre la tête « avec le succès que l’on sait », lance-t-il avec un humour teinté d’autodérision.
Le nouveau Serge Grouard va-t-il tenir la route et améliorer encore son image pour faire de 2023 un bon cru ? Il lui reste 345 jours pour l’affirmer…
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