Grosse mobilisation à Orléans contre la réforme des retraites dans les rues du centre-ville d’Orléans ce jeudi 19 janvier 2023. Salarié.e.s du public et du privé, retraité.e.s, jeunes, toutes et tous ont bravé le froid et le brouillard ce matin pour dire non au départ à la retraite à 64 ans.
Par Sophie Deschamps
La manifestation unitaire des syndicats a permis de rassembler 10000 personnes dans les rues d’Orléans ce 19 janvier 2023.. Photo Sophie Deschamps
Orléans n’avait pas connu une telle mobilisation contre une réforme des retraites depuis longtemps. Mais le froid et le brouillard n’ont pas freiné les ardeurs de celles et ceux qui ont défilé ce matin dans les rues de la cité johannique, à l’appel de nombreux syndicats. Une union que l’on n’avait pas vue depuis douze ans.
Beaucoup de femmes dans le cortège
Un cortège bon enfant mais des personnes déterminées à mettre cette réforme au placard. Beaucoup de femmes sont venues dire leur crainte de devoir travailler deux ans de plus comme Marie-France, 55 ans, assistante maternelle : « Je ne me vois pas travailler encore neuf ans avec les petits. Souvent je dis que l’on pousse les enfants en poussette. Mais là ce sont eux qui vont pousser nos déambulateurs. En même temps ça ne serait pas mal que nos salaires soient revalorisés. »
Des assistantes maternelles sont venues dire non à la retraite à 64 ans. Photo SD
La fonction publique bien représentée
Une délégation est venue représenter les 400 pompiers du Loiret. Un métier reconnu comme pénible mais qui coûte cher aux hommes du feu comme l’explique Jérôme Sanfilippo, président du syndicat autonome des pompiers du Loiret : « Aujourd’hui, nous payons notre droit de partir à 57 ans à la retraite avec une cotisation complémentaire sur notre fiche de paie. Mais certains collègues sont déjà obligés de continuer au-delà pour obtenir une pension complète alors qu’ils sont fatigués et usés. Avec la réforme on devra travailler jusqu’à 59 ans. Et il est évident que la condition d’un pompier de 20 ans n’est pas celle d’un pompier de 57 ou 59 ans, avec le risque de se mettre en danger lors de certaines interventions. »
Les pompiers du SDIS 45 ont manifesté ce 19 janvier à Orléans. Photo Sophie Deschamps
Les personnels hospitaliers étaient bien sûr très présents. Céline, infirmière au CHRO d’Orléans ne mâche pas ses mots : « Reculer l’âge de la retraite va aggraver nos conditions de travail. On a des collègues qui dès 40 ans ne peuvent plus exercer leur métier à cause de la manutention pour les aides-soignantes. C’est aussi injuste pour nos collègues qui sont entrés très tôt dans le milieu professionnel. »
Céline Chancel infirmière CFDT CHRO. Photo SD
Patricia, 59 ans, infirmière dans le privé à Lamotte-Beuvron battait aussi le pavé : « Dans l’esprit des gens, les employés du privé sont privilégiés par rapport à ceux du public. Eh bien ce n’est pas vrai. Pour nous les retraites sont toutes petites et inférieures à celles du public. Sans parler des conditions de travail des femmes qui ont des journées de 12 heures et qui à 40 ans sont déjà grillées. Je veux qu’elles réagissent. »
Les enseignant.e.s étaient aussi en nombre avec notamment une banderole du lycée professionnel Gauguin d’Orléans-la-Source où une certaine Farida Megdoud, (présidente LO du Loiret) est enseignante : « Non seulement, il ne faut pas travailler plus longtemps mais il faudrait même revenir à 60 ans. On en discute entre collègues. L’argent il y en a. Donc oui, il y a une détermination à refuser de travailler plus longtemps parce que tous les métiers sont difficiles en réalité. Il y a un temps pour tout, un pour le travail et un pour la retraite. »
Les jeunes et les séniors présents
Il ne fallait pas chercher bien longtemps pour trouver des jeunes dans le cortège à l’instar de Tristan et Mattéo, 18 ans : « Pour l’instant ce sont nos parents qui sont touchés par cette réforme. Cette réforme est mal placée et mal venue. Le système actuel marche très bien depuis plus de 50 ans. Des gens se sont battus pour ça et nous ne trouvons pas ça très correct de revenir sur quelque chose qui satisfait tout le monde. »
Tristan et Matteo, 18ans, sont venus soutenir leurs parents. Photo SD
Les seniors étaient aussi sur place, comme André, 82 ans : « Je suis là pour mes enfants. C’est une réforme injuste parce qu’il y a des durées de travail beaucoup trop longues pour certains. Il est par ailleurs injustifié de se précipiter dans la mesure où financièrement la retraite est assurée encore pour plusieurs années. Il y a selon moi des choses plus importantes à régler maintenant comme la santé, l’Éducation Nationale. Mais en fait rien ne va et c’est une manifestation contre un président incompétent qui à mon avis va conduire notre pays à la ruine. »
André, 82 ans est venu soutenir ses enfants. Photo SD
Les craintes du monde ouvrier
Une importante délégation de chez Fédéral Mogul, l’équipementier automobile de Saint-Jean-de-la-Ruelle complétait ce cortège déjà bien fourni pour exprimer les craintes du monde ouvrier comme Flo syndicaliste CGT, venu avec son fils : « On est là pour essayer de conserver un monde toujours meilleur pour nous et les générations à venir. Chez Fédéral Mogul, on devra tous travailler jusqu’à 64 voire 65 ans pour une carrière complète. Il faut savoir que chez nous, les emplois les plus mal qualifiés sortent déjà avec de toutes petites retraites, donc on lutte contre ça. »
Enfin beaucoup de manifestant.e.s ont critiqué l’absence de France du président de la République en ce jour de grande colère. Toutes et tous se déclarent prêt.e.s à redescendre dans la rue autant de fois qu’il le faudra.
À lire aussi sur Magcentre : réforme des retraites