A Châteauroux mardi, les élus de tous bords, les patrons et les chambres de commerce de Cahors à Orléans ont décidé de s’appuyer sur Urgence POLT pour gagner la bataille du rail.
Par Pierre Belsoeur
Elus du Limousin et du Berry côte à côte (de G à Dr : Guillaume Guérin président de l’agglo de Limoges, Pierre Massy président de la chambre de commerce de Haute-Vienne, Jérôme Gernais, président de la CCI de l’Indre et Gil Avérous maire de Châteauroux). Photo PB pour Magcentre
Jean-Claude Sandrier a bu du p’tit lait en écoutant les élus des collectivités locales, des chambres de commerce et le président du MEDEF de Haute-Vienne célébrer son action. A la tête de l’association Urgence POLT, l’ancien député communiste du Cher défend bec et ongles la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) depuis douze ans. Il n’a pas attendu que le patron de Legrand mette les pieds dans le plat en décembre dernier, menaçant de transférer le siège de son entreprise à Paris si la SNCF continuait de compliquer la vie de ses cadres en offrant une desserte de plus en plus chaotique. Après une première manifestation en gare de Limoges, c’est dans l’hémicycle de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de l’Indre qu’élus et chefs d’entreprises avaient rendez-vous mardi matin.
Au fil des prises de paroles, on a retrouvé tous les arguments présentés par l’association (qui rassemble, rappelons le, des élus de tous bords politiques d’un bout à l’autre de la ligne). Les orateurs ont souligné en particulier l’impression de déclassement ressentie par les riverains de cette ligne alors que le Capitole se voyait décerner le label Trans Europe Express en septembre 1970. La situation s’est dégradée mais ni la SNCF ni le gouvernement ne tiennent compte des demandes des élus. La manifestation du 12 décembre à Limoges ? Aucune réponse des ministres des Finances et des Transports au communiqué des élus. Les rencontres avec les dirigeants de la SNCF ? Ils renvoient les élus aux décideurs politiques alors que « depuis des années, explique Emile Roger Lombertie, maire de Limoges, les politiques ont laissé courir les technocrates de la SNCF ».
« Marcher sur l’Elysée »
Le plus virulent, Bernard Combes, maire de Tulle, exhortait même ses collègues à « entrer en Résistance et à marcher s’il le faut sur l’Elysée », réminiscence sans doute de l’époque où il y était comme conseiller technique de François Hollande. Sans aller jusqu’à cette extrémité « Trumpienne » certains élus ont évoqué l’idée d’une nouvelle manifestation, à la gare d’Austerlitz, voire au ministère des Transports.
Finalement, après s’être posé la question « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » et avoir écouté également la synthèse de Jean-Claude Sandrier sur la situation réelle du dossier (synthèse qu’il avait présentée voici un mois dans Magcentre), l’assemblée a élaboré un communiqué commun rappelant la nécessité d’un agenda financier sur la régénération et la modernisation de la ligne. La livraison de rames en qualité et en quantité suffisante dans les délais prévus (les nouvelles rames prévues en 2023 n’arriveront qu’en 2025). Un cadencement qui permette d’obtenir un temps de trajet acceptable et de desservir les petites gares. « C’est possible, assure Jean-Claude Sandrier, avec 14 allers et retours par jour. »
Jean-Claude Sandrier a renvoyé ceux qui arrivent sur le tard dans ce dossier à son livre « Ligne de vie ». Photo PB pour Magcentre
Une nouvelle réunion en présence de l’ensemble des représentants des associations, collectivités locales et du monde économique est prévue dans les prochaines semaines, sous la houlette d’Urgence POLT, sans doute du côté de Brive ou Cahors. En attendant les conjurés de Châteauroux maintiennent la pression : « En l’absence d’écoute de la part de décideurs gouvernementaux, nous organiserons une grande mobilisation à Paris. » A suivre, donc.
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