Tous les journalistes du Centre-Val de Loire ont reçu, avec étonnement, l’information le 6 janvier 2023 : « Nomination – Nicolas Perruchot rejoint logos France ». Il aurait pu s’agir d’un homonyme, à l’instar du Jean Dujardin de la fameuse publicité d’une banque en ligne. Mais dans le cas présent, une photo à l’appui lève tout doute sur l’identité du recruté qui est bien l’ex-patron du Département du Loir-et-Cher.
Par Emilie Rencien
Nicolas Perruchot en juillet 2021 dans le cloître du Conseil départemental de Loir-et-Cher, à Blois. Un temps où il apparaissait encore officiellement dans l’enceinte de ladite collectivité. Photo Emilie Rencien
Lors d’une session budgétaire à Blois en décembre 2022, dans l’opposition, à gauche, le conseiller départemental Benjamin Vételé (Génération.s, union des gauches et écologistes), qui forme un duo avec Hanan El Adraoui, avait rappelé, à l’attention de l’exécutif et du président Philippe Gouet (UDI) : « Bien sûr, vous avez su remettre de la sérénité dans nos travaux, et c’est précieux pour notre assemblée. Bien sûr, cela prendra du temps, en témoigne, le trouble que nous avons tous ressenti à la lecture des informations relatives aux nouvelles missions professionnelles de Nicolas Perruchot avec Google, notamment lorsqu’on connaît les engagements techniques financiers de notre département vis-à-vis de cette entreprise. »
Depuis ses tourments judiciaires enclenchés dès septembre 2020 (enregistrement évoquant « 80% de cons », de villa en Corse, de Pandora Papers, dossiers d’argent public, etc.) pour la plupart depuis classés, qui avaient précipité son départ de la présidence du Département 41 en 2021, nous avions en effet appris par la suite que « Google fait appel à l’ex-président du Loir-et-Cher pour son lobbying local », selon un papier signé par les journalistes de la Lettre A (groupe Indigo Publications à Paris). Citer Nicolas Perruchot dans ce cadre politisé ou dans un article procure presque l’effet d’un disque rayé qui finit par lasser. Seulement voilà, en guise de bons vœux 2023, sans chercher l’information, elle vient aux médias. Bon nombre de consœurs et confrères ont découvert un courriel personnalisé le 6 janvier : « M. X / Melle Y, veuillez trouver… Nicolas Perruchot nommé Directeur Conseil de logos FRANCE. Nous restons à votre disposition pour toute demande d’information supplémentaire ou éventuelle interview. » La sphère politique l’a rapidement appris également.
Logos, quoi ?
Le feuilleton continue et impossible d’oublier le patronyme qui plane toujours d’une façon ou d’une autre au-dessus du Loir-et-Cher. Mais logos France, qu’est-ce vraiment ? Peu ou pas de renseignements sur la Toile, excepté un écran d’accueil « en cours de construction » sur (https://logos-france.fr), et un site web https://logos-pa.com dans la langue de Shakespeare. Il est possible de rapporter que c’est « une marque du groupe MCI, réseau de 60 agences présent dans 31 pays depuis 1987 ».
La suite précise que « l’agence conseil en communication institutionnelle et d’influence repose sur 25 années d’expérience accumulées à Bruxelles notamment sur les enjeux européens et internationaux d’entités publiques ou privées avec une activité dans un ou plusieurs pays européens. Avec pour démarche stratégique « L’engagement pour territoire », logos FRANCE accompagne ses clients pour rendre efficientes les décisions à engager en termes d’image, de positionnement et d’actions… » Ce propos éclaire sans doute cette arrivée de Nicolas Perruchot, précédemment lobbyiste défenseur de Google Workspace auprès des collectivités, dans pareille place depuis le 1er décembre 2022. Un passage de biographie mentionne d’ailleurs dans le document dématérialisé réceptionné son « début de carrière professionnelle dans l’industrie en 1990 » ainsi que « son parcours politique achevé en juin 2021 à la Présidence du Conseil Départemental de Loir-et-Cher ». Pas un mot sur son passé d’ancien député et maire de Blois ; il est néanmoins précisé qu’ « élu pendant plus de 20 ans, il a assumé de nombreuses responsabilités au niveau national : rapporteur spécial de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, membre du groupe d’experts Assemblée-Sénat sur la crise financière, membre du Conseil de Surveillance du Grand Emprunt. »
« Passionné d’intérêt général »…
S’il est en sus notifié que « Nicolas apporte aujourd’hui conseils et appui stratégiques à de grandes entreprises françaises mais aussi à l’échelle internationale, ainsi qu’à de nombreux acteurs publics et administrations », après les affaires 2020 et ce que chacun sait désormais en Loir-et-Cher, une phrase retient particulièrement l’attention dans cette communication envoyée via mail par le jeune directeur tout court de logos France,
Hugo Martinez, victime de harcèlement scolaire par le passé : « Homme d’entreprise, Nicolas est aussi un passionné de la vie publique et de l’intérêt général. » Et privé ? Laissons le soin aux observateurs du Loir-et-Cher de commenter en souriant devant un café de bonne année…
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