Châteauroux – Paris Saint-Germain à guichets fermés vendredi soir. Le match de l’année pour La Berri. Seul le foot est capable de provoquer un tel succès populaire, pour le directeur général du club Patrick Trotignon.
Par Pierre Belsoeur
Le duo Denisot/Trotignon s’est reformé en mars 2021, avec l’arrivée du groupe saoudien United World comme nouveau propriétaire. Abdullah bin Mosaed est le patron, mais Michel Denisot, président et Patrick Trotignon directeur général, sont les régionaux de l’étape, ceux qui ont préparé le club pour le haut niveau dans les années 90 et qui l’ont conduit en finale de la Coupe de France en 2004. Une finale perdue de justesse contre… le Paris Saint-Germain.
Tiens tiens, l’histoire repasse les plats puisque les deux clubs en rouge et bleu dont Denisot a été le président, se retrouvent en Berry, rassemblés par les 32èmes de finale de la Coupe de France. En fait ce ne sont plus exactement les mêmes clubs, l’un est au niveau mondial (sans avoir rien gagné à l’international) l’autre galère en National, trois niveaux plus bas.
Patrick Trotignon prend ce match comme un cadeau : « C’est un cadeau pour les joueurs ce match, et pour les amateurs de football de l’Indre. Sur le papier c’est déséquilibré, mais en football tout peut arriver. Cependant ce qui est important c’est que les types qui vont enfiler vendredi le maillot de la Berri, ressentent toute la ferveur du public de l’Indre autour de ce club. A eux de se transcender pour faire honneur à ce maillot. » Le directeur général de la Berri voit évidemment au-delà du résultat en dirigeant, au nom du propriétaire, un club au budget et aux équipements taillés pour la Ligue 2 et qui se retrouve en position de relégable en National.
D’abord une aventure humaine
« Dans un sport individuel le psychique est essentiel pour réussir des performances de haut niveau. En sport collectif c’est le psychique de tout un groupe qui doit être au diapason pour réussir ces performances. Les joueurs qui portent cette saison le maillot de la Berri ont débuté le championnat avec l’objectif d’obtenir l’accession en Ligue 2. Les choses ne se sont pas passées comme nous l’espérions et voilà qu’ils doivent nous montrer qu’ils sont capables de se battre pour garder leur place en National. Alors oui, cette rencontre contre le PSG c’est peut-être l’occasion de souder un groupe, de voir naître une équipe. La motivation c’est ce qui fait le succès d’une grande équipe. C’est une aventure humaine où chacun est prêt à se battre pour son voisin. Je ne connais aucun joueur qui entre sur le terrain avec l’idée de perdre. Après il y a ce qui se passe entre les onze joueurs sur le terrain. »
Dans le foot de haut niveau depuis 30 ans, Patrick Trotignon ne s’illusionne pas sur l’amour du maillot. « La vie a changé. Désormais les gens sont mobiles, quelle que soit leur profession. Avant, si on partait travailler à Orléans c’était le bout du monde. A présent on va effectivement au bout du monde. Les footballeurs ne sont pas différents. Ils évoluent en fonction de leur choix de carrière, vont là où on les réclame ».
Un an de recettes billetterie en un match
Vendredi les intérêts seront communs. Dans un stade archi-comble, les footballeurs de la Berri rencontreront les meilleurs footballeurs du championnat de France, même si certaines stars mondiales ne seront pas sur la pelouse. Si ils n’inscrivent pas leur nom dans l’histoire de la Coupe en provoquant la plus grosse surprise des 32es, ils peuvent donner envie aux Castelroussins de revenir les encourager pour réussir à retrouver leur place près du podium de National.
Pour les finances de la Berri en tout cas, cette rencontre est une aubaine. En une seule rencontre on comptabilisera davantage de recettes d’entrée que dans tout le reste de la saison. Et même si le sponsoring est, de loin, la principale source de revenu d’un club pro à ce niveau, l’effet n’est pas neutre pour les dirigeants d’United World qui seront présents à Gaston Petit vendredi soir. Ce stade plein, ce sera leur première satisfaction depuis qu’ils ont pris les commandes de la Berri.
Avec le budget annuel du club castelroussin, on aurait juste de quoi payer le salaire de Messi pendant un an. Mais il n’y a pas que l’argent dans le football. La preuve ? Concarneau est leader du National. Si l’on compare le budget du club breton à celui de la Berri, 12 points derrière au classement, c’est une hérésie. « Si on bat le PSG même sans ses stars, ce sera un exploit, je prends », martèle Dominique Bijotat le champion olympique berrichon, devenu adjoint de l’entraîneur à la faveur de la dernière révolution de palais. Mais les spectateurs qui viennent voir gagner les Parisiens peuvent aussi se laisser séduire par la défense acharnée de leurs représentants. Un match de foot c’est avant tout de l’émotion. Rappelez-vous la finale de la Coupe du monde en décembre dernier.
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