“L’ancien monde, la start-up nation, le château et la Préfète”: Droit de Réponse

Suite à la publication de notre série d’articles intitulée “L’ancien monde, la start-up nation, le château et la Préfète“, nous avons reçu ce jour une demande de droit de réponse de la part de M. Xavier Aubry, responsable de la société Zaz-Ventures, promoteur du projet Da Vinci Labs, objet de nos articles.
Afin d’éclairer nos lecteurs sur ce projet, nous le publions ici dans son intégralité.
La Rédaction
 
Droit de Réponse de M. Xavier Aubry
 
Sur le projet du Château Louise de La Vallière:
– il s’agit d’un projet de cœur, où nous avons investi tout notre capital entre 2018 et 2022, en sachant que nous ne pourrions jamais le récupérer (en effet la réhabilitation d’un château n’est jamais rentable).
– le château avait notamment besoin de sérieux travaux de conservation (façades, toitures, intérieurs, rénovation énergétique) et aucun de ses propriétaires précédents n’avaient pu les entreprendre.
– il a fallu trouver un modèle économique pour le château, afin d’assurer sa pérennité sur le long terme.
– il existe différents modèles (ouverture partielle au public pour visite, organisation de mariages ou événements ou encore hôtellerie-restauration) et c’est le troisième que nous avons retenu.
– point de “château-business” ici, il s’agit simplement de rendre ce projet indépendant de subsides privées (ou publiques) dans le futur.
– le parc du château contient des chênes et des cèdres du Liban bicentenaires (dont nous demandons le classement en arbres remarquables) et 3 ha de jardin ornemental que nous avons recréé (car il n’existait plus qu’une friche).
– nous avons investi lourdement dans les travaux d’isolation des bâtiments, la mise en place de double vitrage et le déploiement d’un système de pompes à chaleur réversibles (en remplacement du chauffage au fioul), de façon à réduire la consommation énergétique (et donc l’empreinte carbone) du domaine de  plus de 40%.
– nous avons mis en place un système de traitement des eaux usées par lagunage, qui a l’avantage de ne pas utiliser d’énergie ou de produits chimiques, tout en développant un biotope nouveau où les végétaux (roseaux) servent d’habitat et de nourriture à une faune différente (oiseaux, amphibiens, insectes), ce qui contribue à accroître la biodiversité du domaine.
 
Sur le projet du Da Vinci Labs: 
– le projet de bâtiment est un centre de recherche et incubateur à visée environnementale (le bâtiment fait 1250m2 au sol, équivalent à 4000m2 sur 3 niveaux dont un sous-sol).
– la parcelle pressentie pour accueillir ce projet se trouve à 480m du château, à la limite du domaine (mais dans le périmètre ABF de 500m).
– le bâtiment est conçu pour disparaître au milieu de cette parcelle, sous la cime des arbres, et ne serait en aucun cas visible depuis le château.
– la discussion avec l’ABF a toujours été constructive, non seulement sur le projet de réhabilitation du château, que la DRAC a soutenu depuis le départ, mais aussi sur l’implantation du Da Vinci Labs.
– c’est l’ABF qui nous a indiqué sa préférence pour l’une des deux parcelles du domaine qui ne font pas partie de l’espace boisé classé (la parcelle en bordure de D55).
– c’est la DDT, sous les ordres de la préfète, qui a envoyé à la commune de Reugny la procédure à suivre pour la mise en conformité du PLU. 
– c’est aussi la DDT qui a exprimé en février 2022 le besoin de crédibiliser le projet, qui ne leur semblait à l’époque pas assez étoffé. 
– le directeur de la DDT nous a donc recommandé de rejoindre des projets de recherche financés par la Commission Européenne, qui valideraient le caractère scientifique et économique du projet
– nous avons suivi cette recommandation et obtenu fin 2022 l’accord de la Commission Européenne pour démarrer 4 projets de recherche dans les disciplines que nous souhaitions explorer
– un exemple: le projet SWIFTT qui utilise l’intelligence artificielle et les données satellites Galileo afin de surveiller l’évolution des forêts au regard du risque climatique 
– les coûts de ce projet sont financé à 70% par la Commission Européenne et à 30% par le Da Vinci Labs en fonds propres, il inclut des partenaires français comme le GCF, qui administre plus de 2M ha de forêts
– le soutien du projet va bien au-delà des élus locaux, et il aurait été plus juste d’utiliser cette photographie (avec un peu plus de mixité!) qui montre les acteurs académiques de Tours et Orléans présents à notre événement de présentation (nous soutenons par exemple la mise en place d’un master en technologies quantiques à l’Université de Tours, initiée par deux enseignant-chercheurs)
 
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Sur les enjeux environnementaux: 
– nous sommes pleinement conscients des enjeux environnementaux et du cadre légal de l’implantation d’un tel projet.
– nous avons interdit la chasse en 2018 sur tout le domaine et fait de ce lieu un refuge LPO avec un plan de gestion de la faune et de la flore que nous appliquons strictement.
– j’ai réalisé moi-même, avec la LPO Touraine, 12 inventaires avi-faunistiques entre début 2020 et début 2021, ainsi qu’une étude des chauve-souris arboricoles de la forêt.
– la parcelle à l’étude ne s’agit en aucune façon d’un espace boisé classé mais d’une parcelle agricole attenante à la forêt ancienne.
– la parcelle à l’étude était une friche, avant d’être récemment reboisée (dans les années 2000) avec une clairière centrale et des allées cavalières en étoile.
– la parcelle à l’étude fait l’objet d’un accompagnement par la LPO et d’un plan de gestion de la faune et de la flore.
– la parcelle à l’étude fait l’objet actuellement d’une demande de mise en conformité du PLU, et plusieurs études environnementales y ont été conduites par la commune de Reugny afin d’instruire le dossier.
– la commune de Reugny, en accord avec la loi Climat et Résilience de 2021, suit le principe de “zéro artificialisation nette”: dans le projet de modification de PLU, des terres actuellement constructibles seraient rendues à la nature pour compenser le passage d’une parcelle agricole en zone constructible.
 – le bâtiment lui-même est conçu pour être exemplaire en matière de développement durable avec production d’énergie renouvelable géothermique et photovoltaïque, matériaux biosourcés, faible empreinte carbone (point de greenwashing ici, car les technologies environnementales et leur financement sont notre cœur de métier).  
– enfin, si les études environnementales en cours (ou l’enquête publique à venir) s’avéraient négatives, nous avons déjà identifié deux sites alternatifs (tous deux constructibles) en région Centre-Val de Loire (mais pas sur la commune de Reugny).

Sur le limogeage de la préfète d’Indre-et-Loire: 
– nous ne comprenons pas son limogeage et nous ne pouvons croire que son départ soit lié (de quelque façon que ce soit) avec le projet Da Vinci Labs ou la mairie de Reugny.
– nous n’avons jamais rencontré la préfète dans les 18 mois où ce projet a été discuté, mais nos interactions avec les services de l’administration (DDT, ABF, DRARI) ont toujours été constructives.
– à l’heure actuelle, les études environnementales sont toujours en cours, et la demande de mise en conformité du PLU n’a pas encore été déposée, de sorte que le lieu d’implantation reste à définir.
– l’acharnement médiatique dont nous faisons l’objet est incompréhensible, au regard des engagements que nous avons pris et démontré, en ce qui concerne la protection des patrimoines culturel et naturel du site de La Vallière à Reugny.

Commentaires

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  1. Le droit de réponse n’étant pas suivi d’une NDLR (note de la rédaction), nous pouvons en déduire que tous les éléments présentés dans ce texte correspondent à la réalité, et qu’ils sont validés par la rédaction. Dont acte.

  2. La recherche n’a aucun besoin de proximité avec des châteaux et des espaces classés. Il s’agit d’un caprice industriel et politique.

  3. L’acharnement médiatique ressenti s’explique simplement par l’émotion forte suscitée, suite à deux informations temporellement coïncidentes, d’un représentant local de l’état écarté, dans le contexte d’un projet soulevant un questionnement, par une population en quête d’équité, d’exemplarité et d’efficacité, en cette période si délicate, pour beaucoup. Un hiatus existe et en situation de discontinuité, une explication est souvent souhaitée.

    Il est improbable que la nature même du projet soit mise en cause par les citoyens, bien au contraire. L’innovation, la recherche sont bien des éléments clefs pouvant nous aider collectivement, à faciliter notre ré-industrialisation nécessaire. C’est simplement sa localisation géographique avancée qui interroge, pour toutes les contraintes qu’elle induit et de ce que chacun pourrait en déduire.

    De façon générale, si l’on souhaite éviter tout débordement, toute expression d’hypothèses fusant dans tous les sens et donc, l’inflammation des opinions, le mot clef est pédagogie.
    Il faut juste dire les choses, expliquer aux personnes, présenter clairement le sujet, en justifiant chaque item qui pourrait poser question ou interrogation.

    Ne pas le faire revient à s’exposer à ce dont nous assistons. C’est dommage.

    L’affaire en question en est l’illustration. Le représentant local de l’état disparaît subitement et dans un contexte qui interroge. Pas d’explication, au nom du pouvoir discrétionnaire. D’accord, mais la conséquence de pas dire les choses, quand bien même la loi ne prévoit pas de devoir justifier, elle est là, avec la polémique qui enfle.

    Vous n’y pouvez sans doute pas grand chose, le sujet n’étant pas à votre main, mais cette règle de ne pas avoir à justifier les décisions est-elle, au final et dans toutes les situations, si favorable, pour un fonctionnement apaisé de notre société ?

    Et voilà comment nous glissons d’un sujet concernant un projet, à un autre sujet devenu politique, cette fois.

    L’acte pédagogique de communication en amont, aurait probablement favorisé la limitation des développements, relayés par les médias.

    D’où cet autre sujet, en effet de bord du premier, celui de la transparence, au final, avec ses conséquences, quand elle n’est pas.

Les commentaires pour cet article sont clos.

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