Le Bas Berry et ses confins sont, depuis plusieurs mois, en proie à une période de sécheresse persistante. Dans l’Indre plusieurs zones sont impactées. Dans le Cher, c’est le Boischaut Sud qui est particulièrement concerné avec des restrictions liées à l’alimentation réduite du barrage de Sidiailles. Depuis le printemps dernier, du côté de Châteaumeillant, l’excuse du « j’ai piscine » ne fonctionne plus pour échapper à un quelconque rendez-vous.
Par Fabrice Simoes
Bientôt la fin d’année et, dans le Cher Sud, on ne se demande vraiment pas s’il y aura de la neige à Noël – très beau film de Sandrine Veysset soit dit en passant – mais plutôt si la pluie ne pourrait pas s’inviter un peu sur le territoire. Un peu, et même plus si affinités.
Il s’agirait, sur ce coup-là, simplement de palier au manque d’eau actuel sur le secteur. Depuis la fin avril dernier, la préfecture du Cher émet des arrêtés de restrictions d’eau sur le département berrichon, et sur ce territoire plus particulièrement. On pensait que l’automne et ses précipitations habituelles allaient permettre un retour à la normale.
Que nenni, en Berry, sur une partie de l’Indre aussi, et surtout sur la retenue de Sidiailles, on a noté une nette dégradation des ressources en eau.
Un récent arrêté daté du 16 décembre 2022 limite d’ailleurs les utilisations de l’eau, tant individuelles que collectives. Il met en lumière une situation délicate qui perdure. Il évoque les « restrictions des usages de l’eau sur les communes desservies en eau potable à partir du barrage de Sidiailles ». C’est le syndicat intercommunal Marche-Boischaut qui produit l’eau destinée à l’alimentation en eau potable pour une population de 16 000 habitants du sud du département du Cher à partir de cette retenue qui alimenterait par ailleurs une partie du bassin Montluçonnais. Pour justifier son arrêté, la préfecture s’appuie sur les débits, en déficit, de la Joyeuse et de l’Arnon qui alimentent le plan d’eau. Ils « demeurent très faibles à l’issue de la sécheresse marquée depuis le printemps, au point que le niveau du plan d’eau poursuit sa baisse. »
Une situation compliquée depuis avril
Alors que les restrictions sont généralement suspendues au-delà de la date du 31 octobre, elles ont déjà été prolongées d’un bon mois sur les secteurs concernés par les rivières Cher, Arnon, Yèvre (amont), Indre et Théols. Les services préfectoraux s’en expliquaient en précisant que « l’intense sécheresse de cet été a plus durement touché certains cours d’eau du département dont les débits peinent à remonter au-dessus des seuils malgré les précipitations. Les mois de septembre et octobre ont connu le retour des précipitations, permettant à la plupart des débits des cours d’eau de repasser au-dessus de leur seuil d’alerte, mais certains bassins versants restent encore en situation de difficulté… »
Désormais un seul territoire est visé. Sur place, les techniciens ont constaté les manques tant dans les cours d’eau environnants que sur le site de Sidiailles. Certes, on ne peut pas encore traverser partout à pied mais le niveau ne monte pas alors qu’en cette période de l’année, ce devrait être le cas. Par endroits, à l’inverse du capitaine de la chanson de Graeme Allwright qui continuait d’avancer, ou à la manière des amateurs de clafoutis de Coluche, on a encore de la chance d’avoir de l’eau plus haut que les genoux. Les rimes physiques en “ouille” étant limitées, il est convenu de s’abstenir d’un niveau possiblement plus élevé, même si, en réel, on devrait avoir de l’eau un peu plus haut.
Pour préserver l’alimentation en eau potable, il a été décidé de diminuer la restitution d’eau à l’Arnon en aval du barrage et, parallèlement, pour diminuer son prélèvement dans la retenue et dans le même objectif de préservation de la ressource, des mesures de restrictions sont instituées par arrêté préfectoral du 16 décembre 2022. Ces mesures de restriction s’appliquent aux usages pratiqués à partir du réseau public de distribution sur une quarantaine de communes. Pour l’heure, ces limitations ne pèsent pas encore sur les habitudes des habitants de la zone incriminée. A cette époque de l’année il est rare d’arroser son jardin ou de remplir les piscines. Quant à ne pas laver sa voiture en hiver et ne pas alimenter les fontaines, ce n’est en rien préjudiciable en soi non plus. Cependant, il ne faudrait pas que la situation perdure, d’autant qu’elle est tendue depuis plusieurs mois déjà. Quelques ch’tis agadiaus*, pas trop forts quand même, ne seraient pas de refus. Pour le commun des mortels, ça ne gâcherait même pas les fêtes et pourrait même entrer à part entière dans le pack Esprit de Noël 2022. Une lettre urgente au Père Noël a été envoyée en ce sens. En attendant un retour de la présente, et à la normale, la Préfecture l’assure « le niveau du plan d’eau de Sidiailles, les débits de la Joyeuse et de l’Arnon font l’objet d’une surveillance renforcée. »
*En patoué berrichon, “agadiau” signifie forte averse.
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