Ce mardi 20 décembre, Brigitte Macron était en visite au tribunal judiciaire d’Orléans accompagnée du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti et de la secrétaire d’État chargée de l’Enfance Charlotte Caubel. Au programme une table ronde avec les acteurs de l’accompagnement des mineurs victimes suivie d’annonces de mesures pour aider à libérer la parole des enfants.
Par Mael Petit
Une Première dame au tribunal, c’est peu commun. Alors à Orléans, c’est tout de suite un événement. Brigitte Macron n’était pas venue témoigner à la barre, mais était quand même au centre des attentions de la salle des assises René Parodi. On l’a d’ailleurs peu entendue cet après-midi, laissant les acteurs de terrain témoigner de leur expérience. Investie dans la protection des mineurs victimes de violences, cause qui lui tient à cœur, Brigitte Macron était « heureuse d’être présente pour remercier le travail immense » de tous les acteurs qui accompagnent les victimes tout du long de leur parcours judiciaire. Avec le ministre de la Justice et la secrétaire d’Etat en charge de l’enfance, ils avaient choisi la préfecture du Loiret pour annoncer des mesures pour faciliter la libération de la parole chez les mineurs victimes de violences souvent difficiles à confesser.
Objectif, un chien par département
Orléans n’avait d’ailleurs pas été choisie au hasard. Le garde des Sceaux souhaitait ainsi souligner les méthodes et la synergie qui existent déjà sur la juridiction d’Orléans dans le processus d’accompagnement judiciaire des mineurs victimes, avec notamment le travail effectué au sein de l’Unité d’Accueil Pédiatrique Enfants en Danger (UAPED). Une des particularités de l’unité mise en avant par le ministre : la présence d’un chien au cours des auditions, que les enfants peuvent caresser pour établir un climat apaisé et de confiance. « Les résultats sont extraordinairement intéressants. Pour qu’un enfant se confie c‘est très difficile, explique Eric Dupond Moretti, or 80 % des enfants accompagnés par un chien libèrent la parole contre 30 % quand ils ne bénéficient pas de chiens. Nous allons donc généraliser cette idée partout en France ».
A terme, l’objectif est d’avoir un chien dans chaque département en France. Une montée en puissance qui devrait s’opérer petit à petit dès le mois de janvier 2023, avec la signature d’une convention quadripartite entre le ministère de la Justice, la SPA, et les associations Handi’chiens – chargée de dresser les chiens – et France Victimes. « C’est quelque chose qui fonctionne, qui aide et libère la parole des enfants, les déstresse, donc il n’y a aucune raison qu’on hésite », appuie le ministre. Maintenant, l’éducation d’un tel chien prend du temps. Surtout, cela a un coût puisqu’il faut compter 17 000 € par animal.
Les enfants doivent « gambader » dans les salles du tribunal
Le garde des Sceaux, décidément loquace, avait une seconde mesure à annoncer afin de désacraliser les salles d’audience. Environnement intimidant, contexte perçu comme solennel… Eric Dupond Moretti a trouvé la parade pour désinhiber les jeunes auditionnés. « Il faut permettre aux enfants de venir en amont dans la salle où ils vont témoigner, les laisser gambader partout pour s’approprier les lieux, annonce-t-il avant de se tourner vers les différents acteurs de la justice, vous devez les accueillir pour qu’ils soient moins stressés, qu’ils rencontrent un magistrat et touchent sa robe. Ils monteront même sur votre fauteuil Monsieur le président ! ». Avec cette mesure, le ministre de la Justice s’inspire d’un protocole déjà mis en place au Québec. Une idée qui affiche là-bas des résultats très positifs pour « décadenasser » la parole selon le garde des Sceaux.
A ses côtés, Brigitte Macron, a prolongé l’échange, réitérant son engagement pour la protection de l’enfance. « C’est une cause que je vais continuer de défendre pendant ce quinquennat. J’ai demandé à toutes les parties que nous nous associions, la cause est belle et mérite d’être entendue, si on s’y met tous on va y arriver. Et les choses sont en train de bouger ». Pour cela, Brigitte Macron réfléchit aussi à des idées pour prévenir le mal en amont. L’ouverture d’une plateforme avec les acteurs à Paris pour faire un état des lieux sur les possibilités d’action est notamment envisagée. Et il y a urgence puisque comme l’a rappelé la secrétaire d’Etat Charlotte Caubel, « deux enfants par classe sont victimes d’inceste en France ». Une situation pour les mineurs qui s’est aggravée depuis la sortie de la crise sanitaire.
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