A travers plusieurs actions, l’agglomération de la capitale du Berry s’est façonnée une feuille de route pour promouvoir une démarche plus vertueuse envers le climat. En lien avec la ville de Bourges et la région Centre-Val de Loire, elle multiplie les interventions pour favoriser les prises de conscience individuelles et collectives nécessaires pour préserver l’avenir, à l’heure où l’UE vient de s’accorder pour une réforme du marché carbone.
Par Fabrice Simoes
Les réserves de pétrole, et des énergies fossiles en général, de la planète sont limitées. Que l’on soit écologiste ou pas, il faut se rendre à l’évidence. Selon certains experts, la fin des énergies fossiles autour de 2050 serait même une éventualité réaliste. Si on était optimiste, il nous resterait encore trente ans ! Si on était pessimiste, il ne resterait donc plus que trente ans ! Dans le doute, sans aller jusqu’à une déconsommation radicale ou une décroissance accélérée, il n’est pas totalement stupide d’envisager quelques changements dans nos modes de fonctionnement. C’est un peu la démarche qu’a entreprise la Communauté d’Agglomération Bourges Plus depuis un certain temps.
Engagée dans un plan climat Air Énergie territorial depuis plus d’un an, véritable feuille de route pour lutter contre le changement climatique sur le territoire de l’agglomération, l’Agglo Bourges Plus a pris le problème à bras-le-corps. Elle semble mettre les bouchées doubles pour trouver localement une méthodologie moins énergivore. Afin d’accélérer la mise en œuvre de cette feuille de route, dans un premier temps, les élus ont choisi de rejoindre le Conseil régional Centre-Val de Loire dans la mise en œuvre du programme européen Life Lets GO 4 Climate, lauréat de l’appel à projet européen LIFE. Le concept est d’essayer d’accélérer la production d’énergie renouvelable et diminuer la consommation énergétique collective et individuelle, en favorisant l’émergence de collectifs porteurs de projets de production d’énergie renouvelable (communautés d’énergie) ou de sobriété. Autre particularité, dans cette démarche, permettre aux citoyens de devenir acteurs de la transition énergétique par un engagement dans des actions de production et de diminution de la consommation énergétique. Le projet européen Life Let s GO 4 Climate est par ailleurs une première en France. A l’échelon régional, il est coordonné par le Conseil Régional Centre-Val De Loire. Six territoires sont pilotes dans le CVL. Par contre, c’est la Communauté d’agglomération Bourges Plus qui pilote, au niveau local, le dispositif. D’ici 2024, ce sont 18 intercommunalités qui devraient être engagées dans la démarche, à travers les six départements du Centre.
L’agglo berruyère met en place des « conversations carbone »
L’un des volets du projet est d’entamer une réflexion sur les réductions possibles de consommation. Plusieurs actions distinctes ont été programmées. Après un premier événement culturel, « Le cabaret des métamorphoses », une pièce de théâtre, en septembre dernier, autour de la transition écologique, Bourges Plus a lancé un appel à candidatures pour entrer dans le registre des « conversations carbones ». Ces pôles pour « discuter pour mieux changer » sont nés en Grande-Bretagne voilà une quinzaine d’années. Ils se veulent une « approche originale et conviviale pour accompagner les personnes dans le changement durable vers un mode de vie plus sobre en carbone ».
Quatre structures (l’Alec 18, le CCAS de Bourges, l’Office Municipal Sport Animation Culture du Subdray et la ville de Bourges) ont été retenues pour animer un premier cycle de conversations carbone pour les premiers mois de 2023. Une première réunion d’accueil a déjà eu lieu en novembre dernier. En début d’année, 5 binômes seront formés, pendant trois jours, à leur toute nouvelle mission d’encadrement d’échanges citoyens pour s’engager dans la transition écologique à leur échelle. La formation doit « permettre à un binôme de futurs facilitateurs de se doter des compétences et savoir-faire d’accompagnement au changement nécessaire pour animer localement des cycles de Conversations Carbone ». Par la suite, des groupes de discussions seront mis en place sous l’égide de ces « facilitateurs ». Chaque groupe devrait être constitué d’une dizaine de participants. Lors de ces séances alterneront informations techniques, discussions et jeux. La prise en compte de la dimension émotionnelle est l’une des constituantes de ces rendez-vous.
Comme l’explique Anthony Frison, chargé de mission Développement Durable, « les données factuelles ne font pas mettre en mouvement les gens. Par contre, les inondations, les bouleversements climatiques, interpellent… » Ce sont sur ces leviers humains que le programme espère prospérer et modifier les comportements.
Trente ans, vous avez bien dit trente ans. Si tout le monde s’y colle, ça peut le faire…
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