Après les usagers et les politiques, les industriels se mobilisent pour que la ligne Paris Orléans Limoges Toulouse redevienne un axe ferroviaire moderne.
Le président de l’association Urgence Polt Jean-Claude Sandrier apprécie et nous a témoigné son point de vue sur la situation.
Par Pierre Belsoeur
Le fabricant de matériel électrique limougeaud Legrand a mis les pieds dans le POLT la semaine dernière. L’entreprise menace ni plus ni moins d’installer son siège social en région parisienne si la desserte vers Paris ne s’améliore pas sensiblement. Or Legrand est le plus gros employeur privé de Limoges avec 1 200 salariés sur son site limousin. Ca émeut forcément le maire. Emile-Roger Lombertie a donc décroché son téléphone pour alerter Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF. Sa société envisageait de supprimer certains trains pendant l’hiver. Il ne semble plus en être question et le PDG a même proposé de rajouter une liaison permettant aux industriels d’arriver en milieu de matinée à Paris pour leurs rendez-vous professionnels. Ce qui n’a pas empêché représentants de la chambre de commerce, élus et usagers de manifester dans le hall de la gare Limoges-Bénédictins, lundi. Ce soudain ralliement des Limougeauds à la ligne POLT (après avoir tout misé sur le barreau Poitiers-Limoges de la LGV) ne peut que ravir Jean-Claude Sandrier, ancien député communiste du Cher et président de l’association Urgence Polt.
Magcentre : Déraillement, trains supprimés, retards à répétition, sale temps pour le POLT président ?
Jean-Claude Sandrier. Même le ministre des transports s’est fâché après la SNCF. Il faut dire qu’entre SNCF réseau et SNCF voyageurs, les priorités ne sont manifestement pas les mêmes. Chacun gère à sa façon et il est sans doute plus simple de faire des travaux lorsque le trafic est interrompu. Mais nous soutenons qu’il est possible de faire passer le trafic sur une seule ligne. De toutes façons ça justifie des travaux pour équiper la ligne de tronçons de délestage. Actuellement, au moindre incident tout est bloqué.
Par ailleurs, toujours en raison des travaux, le trafic fret a été détourné par Bordeaux, si bien qu’en l’absence de trains de fret la nuit, il n’y a plus de passage pour dégivrer la caténaire. Il faut donc des trains racleurs… à condition d’avoir des conducteurs à mettre dans les locos. C’est pour cela qu’on a des trains supprimés de septembre à mars.
Alors Jean-Pierre Farandou a donné un coup d’extincteur en rajoutant un train, mais on l’attend à Limoges début février lorsqu’il viendra présenter le nouveau plan de transport.
Magcentre : Est-ce être exagérément optimiste de penser qu’il ne faut pas désespérer du POLT ?
Jean-Claude Sandrier. En tout cas ça bouge. Mercredi dernier, 17 députés et sénateurs ont organisé un colloque à l’assemblée pour permettre aux associations de présenter leurs demandes. La semaine précédente nous avions eu droit à la présentation des maquettes grandeur nature des futures rames qui entreront en service en 2025.
Magcentre : Il ne nous reste donc plus que deux ans à souffrir…
Jean-Claude Sandrier. On ne peut guère espérer mieux. Mais au départ c’est l’Etat qui est responsable. C’est lui qui donne les moyens et la SNCF fait avec. Il faut offrir aux utilisateurs de cet axe (dont le nombre ne cesse d’augmenter) un transport confortable, rapide et ponctuel. En achetant trois rames supplémentaires (par rapport à la commande actuelle), l’investissement ne serait supérieur que de 10% et ça permettrait d’assurer 14 allers et retours par jour entre Limoges et Paris (1) et du même coup de gagner le pari de doubler le nombre d’utilisateurs. En ce qui concerne la vitesse, au terme du programme de travaux actuels on assurera une liaison Limoges-Paris en 2h40. Pour arriver à 2h30 il faudrait effectivement de très gros investissements. Mais attendons la visite du patron en février pour savoir si le POLT roule de nouveau sur la bonne voie.
(1) On parle du tronçon Limoges-Paris, mais parmi ces trains une partie irait jusqu’à Toulouse ou en viendrait et multiplier les liaisons c’est s’offrir la possibilité d’avoir davantage d’arrêts dans les « petites gares » (Argenton, Saint-Symphorien, Issoudun, Reuilly etc...)
Plus d’infos autrement sur Magcentre: Ça roule (enfin) mieux sur la ligne SNCF Orléans-Paris