Une réussite. Voici une harmonieuse conjugaison du dit et du regard, de l’écrit et de l’image, de l’écoute et de la sensibilité. Depuis le 1er décembre est présentée aux cimaises de trois pôles de l’axe central de l’hôpital de la Source appelé Rue principale, une exposition de photographies de Maria Ciszewska accompagnées de textes de Julie Bonnafont. Ces deux artistes, musiciennes entre autres de l’Orchestre symphonique d’Orléans, n’ont pas, disent-elles, que le violon dans leur vie. De fait, c’est à l’invitation du CHRO et suite à une résidence d’écriture au sein de l’unité de neurologie qu’elles prennent désormais par les yeux, les patients, visiteurs et acteurs de l’établissement médical. Cette belle action est due à l’initiative de la Direction Communication et Culture du CHRO en partenariat avec la Direction régionale des affaires culturelles et l’Agence régionale de santé.
Par Jean-Dominique Burtin
Julie Bonnafont Maria Ciszewska
Respectueux processus de création artistique
C’est au printemps 2022 que, Julie Bonnafont, auteure en résidence d’une durée d’un mois dans l’unité de neurologie du CHR d’Orléans, propose à la photographe Maria Ciszewska de la rejoindre afin de mettre en images un processus de création artistique inhabituel : « Une série tout en pudeur où l’on s’attarde sur la poésie des objets du quotidien hospitalier, les lumières rythmant les journées, la nature offerte à la vue par les larges fenêtres ». Chacun de ces instantanés souligne à merveille la nouvelle Jardin divers, qui tournera désormais en interne avec tout son pouvoir des mots issu de ce “voyage” en neurologie.
Julie Bonnafont: « Dès le début, je voulais croiser le regard avec quelqu’un d’autre. J’ai voulu faire appel à Maria car en plus d’être amies, ce qui nous lie est la passion que l’on met dans ce que l’on veut réaliser. Nous avons ainsi pu partager cette liberté immense qui nous est donnée de créer. Je voulais des lumières, pas de photographies de personnes, la présence de la nature, cette universalité qui est notre part commune. Maria sait évoquer, invoquer les impressions ». « Oui, je suis une photographe impressionniste », ponctue Maria Ciszewska dans un sourire. Elle poursuit : « je suis aussi allée voir le jardinier de l’hôpital et, pour le reste, il ne faut pas déranger les animaux, être discrète, être invisible, presque dans un exercice de méditation ».
Le pouvoir guérisseur des mots
Julie Bonnafont : « Cette nouvelle est une fiction avec des personnages inspirés de ceux avec qui j’ai parlé, aides-soignantes, femmes de ménage, médecins, cadres de service, patients. Pour cela, je suivais l’unité de lecture mobile composée de six comédiens qui viennent, deux à deux, chaque semaine, offrir des textes aux patients. Ils étaient mon fil conducteur et j’ai pu mesurer, lors de leurs contacts avec des gens plongés dans le plus grand désarroi, le pouvoir guérisseur des mots. »
« Dans le service, poursuit Julie Bonnafont qui, le premier jour de sa résidence est venu avec son violon et a généreusement joué, comme une offrande, un don de soi, la règle d’or est de toujours agir avec l’aval de l’équipe soignante ». Aujourd’hui, message sensible, cette nouvelle a été imprimée par le CHRO et distribuée à l’ensemble des professionnels de l’établissement.
Voici quelques lignes, poèmes figurant aux cimaises, auréolés de ces douces lueurs, angles de vue et de vie que sont les photographies de Maria Ciszewska : « Mode d’emploi : antennes dressées, franchir le rideau de silence apparent et braver l’allergie à la différence ; apaiser d’une voix calme ses propres agacements puis les laisser au-dehors. Prêter l’oreille à un gospel inventé, surgi de nulle part, fredonné par cette voix douce comme celle d’une maman. » Ou encore : « Ce voyage déstabilisant revêt aussi, désormais, la légèreté gracieuse d’un gâteau dont le sucre glace danserait au fil du souffle aérien d’un doux zéphyr ». Et enfin : « Au gré de la mélodie venue en aide par surprise, dégripper un à un des sentiments atrophiés : l’adrénaline endormie, le désarroi, la tristesse… Et, surtout, la tendresse. Alors, rire devient simple comme bonjour et l’on savoure, pour la première fois, d’être simplement contente. »
Jusqu’au 27 janvier. Point jaune, Point orange, Point rose, Rue principale du Centre hospitalier régional d’Orléans.