Le Conseil départemental du Loiret veut rouvrir aux voyageurs une partie de la ligne qui relie la capitale régionale à Pithiviers. Mais les obstacles sont nombreux – en particulier l’indispensable accord de la SNCF et de la Région – avant de mener à bien ce projet non encore chiffré.
Par Jean-Jacques Talpin
Alors que les projets de réouverture aux voyageurs des lignes ferroviaires Orléans-Chartres et Orléans-Châteauneuf-sur-Loire puis Gien sont encalminés depuis près de 20 ans, verra-t-on à moyen terme une nouvelle petite ligne rouverte au public ? C’est en tout cas le souhait du conseil départemental du Loiret qui vient d’esquisser ce projet dans le cadre de son « schéma des mobilités ». « Il y a, explique Marc Gaudet, président du conseil départemental du Loiret, des zones blanches de la mobilité dans le nord du département, le Pithiverais en fait partie. Il y a une vraie demande des habitants pour la mise à disposition de transports en commun ». Pour cela le Département pourrait s’appuyer sur le groupe français Lohr qui travaille sur la livraison à horizon 2026 d’un train léger destiné aux petites lignes régionales.
Des obstacles à lever
Ce train dénommé « Draisy », de la taille d’un bus et doté de batteries rapidement rechargeables pourrait circuler sur des voies non électrifiées, en étant autonome, c’est-à-dire sans conducteur en étant piloté « à vue » comme des lignes de métro automatiques. D’un coût modeste (1 million la rame), à la maintenance simplifiée grâce à des moteurs de bus, ce train léger pourrait donc convenir à la petite ligne Orléans-Pithiviers
(en desservant les bourgs de Loury et Rebréchien) où ne circulent que quelques trains de fret dans la semaine. « Ce train, poursuit Marc Gaudet, pourrait accueillir 70 à 80 passagers, délestant ainsi la circulation sur nos routes départementales. Il y a une vraie attente de la population car la mobilité reste aujourd’hui un frein majeur à l’insertion professionnelle des publics en difficultés ». Pourtant le Département ne néglige pas les obstacles à franchir. Et d’abord celui de la compétence « transports » qui appartient à la région et non au Département. « Certes, rétorque Marc Gaudet, mais nous pouvons aussi faire jouer notre droit à l’expérimentation ». L’accord du conseil régional mais aussi celui de la SNCF – que Marc Gaudet et Hervé Gauriat rencontreront la semaine prochaine – est notamment indispensable mais aussi celui de l’État notamment pour le franchissement des passages à niveaux.
La région frileuse ?
Ce projet est donc partie intégrante du nouveau « schéma des mobilités » qui prévoit 100 millions d’investissements d’ici à 15 ans avec notamment l’aménagement d’une
« maille » mettant chaque point du territoire départemental à 15 km d’un « réseau points nœuds multimodal » avec autour de chaque point des liaisons routières, ferroviaires et cyclables qui doivent être aménagées. Plusieurs liaisons cyclables structurantes sont d’ailleurs inscrites au schéma avec 3,6 millions/an sur 15 ans : Orléans-Pithiviers-Malesherbes (64 km, 9 millions), Pithiviers-Montargis (44 km, 6,4 millions) et Orléans-Gien-Briare (74 km). Pour affiner ce schéma et réduire les « zones blanches de la mobilité » Marc Gaudet aimerait donc s’appuyer sur le ferroviaire. Pour cela il a sollicité le président de la Région « afin d’avoir plus de visibilité sur les calendriers de réouverture des voies ferrées Orléans-Chartres et Orléans-Châteauneuf (…) Voilà plusieurs décennies que ces projets sont évoqués, regrette Marc Gaudet, mais nous n‘avons pas de certitudes sur les délais de réalisations ». Il est vrai que la Région est accusée de « frilosité » voire de « manque d’enthousiasme » pour ce « schéma de mobilités » préparé lors d’ateliers territoriaux organisés par le Département. Autant de projets (un plan santé a également été élaboré) qui vont lentement cheminer mais avec la garantie de trouver des financements en face des ambitions. Le prochain budget qui sera examiné fin janvier montre en effet que malgré les diverses crises le Loiret affiche toujours une « grande résilience » et une faculté à mobiliser de gros investissements.
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