Pierre Moreau, ancien cadre d’entreprise, était un homme engagé, attentif et d’une savante curiosité culturelle. En 2015, il devint le président de la société des Amis des Musées d’Orléans. A son décès, en décembre 2020, unanime fut l’hommage rendu par le monde culturel à cette figure souriante et si chaleureusement passionnée dont nous avons rendu compte sur Magcentre. Rares sont les chagrins officiels sur lesquels nous revenons. Toutefois, en ce mois de décembre, propice aux joies de l’émotion et aux souvenirs touchants, Olivia Voisin, la directrice des Musées d’Orléans, manifeste à nouveau le plaisir qu’elle a eu de “travailler main dans la main” avec Pierre : « Il aimait profondément les musées et a œuvré à maintenir une ambition dans les actions et les acquisitions. Il nous manque à tous. »
Par Jean-Dominique Burtin
Pierre Moreau Cl DR
Abel Moittié, président de l’association des Amis de Roger Toulouse, personnalité qui fut aussi adjoint au maire délégué aux arts plastiques, se souvient de nouveau, lui aussi :
« Souvent, je songe à Pierre, le cœur pincé, l’esprit embruni, un sentiment d’incrédulité en tête, un cri silencieux de révolte au bord des lèvres. Car c’est vrai : le manque est là, bien réel, la douleur reste vive et durable. On ne laisse pas partir sans vive mélancolie un ami de cette qualité. Pourtant, ce vague à l’âme reste fugitif. Plus qu’une sensation de vide et d’absence, c’est l’empreinte de sa présence chaleureuse qui reste vivante en moi, le sillon d’un homme droit, actif et généreux. A la suite de Michel Dubois, homme de grand dévouement lui aussi, Pierre Moreau, désintéressé pour lui-même, fut un éminent président des Amis des Musées d’Orléans. »
En vérité, pour la douce histoire d’une reconnaissance, on ne peut que donner une nouvelle bonne note à celui qui était d’une fourmillante curiosité concernant le patrimoine orléanais, une personnalité souriante d’un insatiable enthousiasme et d’un précieux souci du détail, d’une écoute généreuse de la poésie la plus modeste comme essentielle à nos vies. En effet, l’air et l’art de rien, en lisant le livre consacré à l’Orchestre d’Orléans, “Un centenaire tourné vers l’avenir” récemment publié chez Plot éditeur, tout amoureux des arts peut découvrir avec plaisir une mention de la peinture du plafond du théâtre à l’italienne d’Orléans qui se trouvait place de l’Etape, établissement où se produisait l’orchestre au début de sa longue aventure. Cette œuvre, due à Hyppolite Lazerges, est fort heureusement aujourd’hui conservée dans les collections du Musée des Beaux-Arts d’Orléans. Toutefois, c’est bien sous le mandat de Pierre Moreau que fut acquis, entre autres partitions culturelles, par ce président clairvoyant et ses Amis du musée, l’essentiel dessin préparatoire à cette œuvre. Ainsi le geste de Pierre Moreau contribue-t-il à préserver et à éclairer le ciel des musiciens de l’Orchestre d’Orléans, ceux d’hier et d’aujourd’hui. Voici un coup d’archet d’un chaleureux acteur, si discret, qui continue de faire chanter le cœur et l’histoire d’une ville. Comme une savante et douce mélodie.