Kin(d) Relations, c’est à Bourges, jusqu’à fin 2022

En lien avec le réseau EMAP soutenu par Europe Creative, l’exposition collective berruyère traite du lien entre l’art, la science et la technologie. Sur le site du Centre d’art contemporain Transpalette, une sélection d’œuvres d’artistes issus des résidences 2022 du réseau international sera présentée pendant deux mois.

Par Fabrice Simoes

Cercle de guérison. Laetitia Bourget @Laetitia Bourget

« Monde•s Multiple•s », rencontre internationale qui tend à se positionner, à travers une programmation éclectique (expositions, concerts, conférences, projections…), non pas dans le champ de l’art mais dans des champs multiples : artistiques, scientifiques, sociétaux, sociaux, a été inaugurée au début du mois. L’exposition collective Kin(d) Relations est la première des manifestations organisée dans le cadre de ces rencontres berruyères. Installée au Transpalette de Bourges, elle a débuté le 5 novembre dernier et fermera ses portes aux derniers jours de l’année, le 30 décembre. Durant deux mois, l’exposition, comme le souhaitent les organisateurs, se veut participative « de l’entrelacement des champs entre relations faites avec d’autres artistes, d’autres auteurs et autrices, et d’autres créations collectives par la présentation d’une sélection d’œuvres d’artistes issus des résidences EMAP 2022 (European Media Art Platfrom), mais aussi des résidences précédentes et d’artistes invités. »

Cette exposition collective est une proposition de Julie Crenn (critique d’art (membre de l’AICA) et commissaire d’exposition indépendante) à partir de la composition du Group Show 2022 EMAP .

Parentalité et relation

C’est autour de la notion de parenté (Kin) développée par Donna Haraway et la pensée de la « Relation » d’Édouard Glissant qu’est basé le thème de cette exposition pensée comme un poly-écosystème. Là, les corps humains et non humains s’affectent mutuellement (Deborah Bird Rose). Pour Julie Crenn, Kin(d) Relations est issu d’un cheminement entre le vivant et la nature. « Dans l’histoire et la pensée occidentale, les humain·es se pensent au sommet de l’organisation du vivant en tant qu’espèce supérieure aux autres, voire en tant qu’espèce qui existe en dehors de la nature. Le dualisme fabriqué entre nature et culture a tracé des sillons séparateurs entre les terrestres. Le terme de  “nature” est, depuis bien trop longtemps, une construction de la pensée moderne occidentale qui place les humain·es en position extérieure au vivant. La “nature”, en tant que concept, est un territoire à exploiter, à détruire, à remodeler, à coloniser, à dominer pour l’enrichissement des plus puissant·es. Ce territoire est réduit à une ressource. Opposé à celui de « culture », le concept de nature autorise la destruction, le contrôle, le pouvoir et l’organisation hiérarchisée du vivant. Ainsi, les individu·es minorisé·es par l’hétéropatriarcat ont été relégué·es au territoire de la nature. Iels ont été séparé·es de l’humanité à coups d’assignations afin d’être exploité·es, violé·es, silencié·es, objectifié·es, invisibilisé·es au même titre que les animaux, les plantes, les sols ou les océans. »

L’approche peut paraître délicate pourtant, une fois dépassé le cap des mots et des concepts, on se laisse aller entre les œuvres et les différents niveaux de lecture et d’interprétations. La poésie des unes et des autres est une question d’affect, par-delà de la simple image ou du rapport entre l’idée et sa conception.

L’installation vidéo Beyond human perception de Uh513 est présentée au 2e étage du Transpalette @María Castellanos & Alberto Valverde

Venu.es d’univers graphiques différents, venu.es de techniques qui le sont tout autant, les artistes présents apportent la preuve que le rapport aux nouvelles technologies et aux sciences peut devenir le terreau de mondes illimités et multiples. Ils génèrent des situations d’entrelacements, de rencontres, d’interdépendances (entre les œuvres, les propositions, mais aussi entre les visiteurs et les visiteuses), d’alliances symbiotiques, de parentés réelles et spéculatives. D’une bactérie à la croûte terrestre, en passant par les odeurs, les océans, les gaz, les cellules, les fréquences, les hormones ou encore les sources lumineuses, « C’est l’ensemble du vivant qui est pensé et vécu comme une communauté poreuse, empathique, protectrice, affective, plus qu’humaine pensée d’une manière écoféministe, intersectionnelle, queer et décoloniale. Une communauté terrestre que, au-delà des réalités tangibles, les artistes explorent pour en proposer aussi des projections, des fictions nourries d’une spéculation narrative (Ursula Le Guin) qui n’est pas un simple outil littéraire, mais une manière de fabriquer des possibles. Une pensée collective et jubilatoire qui nous amène à repousser les limites imprimées qui cernent et contraignent nos imaginaires. Une pensée nourrie de relations inattendues, imprévisibles et nécessaires… »

Entre l’organique et le technologique se créent « des ouvertures joyeusement surprenantes au sein du réel. Ils engendrent des réalités nouvelles au sein desquelles il nous est permis d’expérimenter les dimensions invisibles et infinies »

Artistes invité·es
Artistes issu·es des résidences EMAP 2022 / Stefanie Schroeder & Juliane Jaschnow, Paula Kaori Nishijima, Charlotte Jarvis.
Artistes issu·es des résidences EMAP précédentes (5) / Margherita Pevere, Kat Austen, Liliana Zeic, Uh513 (María Castellanos et Alberto Valverde)
Artistes guests / Cécile Beau, Annabel Gueredrat, Josèfa Ntjam, Laetitia Bourget, Shu Lea Chaeng.

Image de Une Josèfa Ntjam, Dislocations © Josèfa Ntjam

Vous avez dit EMAP ?

La plateforme européenne des arts médiatiques (EMAP), initiée par Werkleitz et cofinancée par Creative Europe depuis 2018, est un consortium de 15 structures européennes de premier plan dans le domaine des arts médiatiques, spécialisées dans l’art numérique et médiatique, le bio-art et l’art robotique. Par le biais d’un appel ouvert, les membres d’EMAP proposent aux praticien·nes des résidences de deux mois, dans le prolongement de l’European Media Artist in Residence Exchange (EMARE), qui existe depuis 1995. EMAP agit également comme un espace partagé permettant aux partenaires de sélectionner des artistes et des œuvres pour leurs propres festivals et expositions. En plus du soutien à la production pour les artistes, EMAP fournit une plateforme internationale pour promouvoir et diffuser le travail des artistes des médias.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Bourges: Les Rencontres Monde-s Multiple-s débutent le 5 novembre

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