Le 24 novembre 2022, le député du Loiret Richard Ramos était le maitre de cérémonie d’une nouvelle journée parlementaire sur l’éducation à l’alimentation à l’école. L’occasion pour plus d’une centaine de spécialistes, dont des industriels comme le patron atypique de la laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (groupe LSDH) et président d’OpenAgrifood, Emmanuel Vasseneix, de nourrir la réflexion sur le rôle de la cantine dans la pédagogie alimentaire.
Par Zoé Cadiot
Richard Ramos
La cantine, un temps privilégié pour apprendre à nos enfants à bien manger ? Incontestablement pour le député Modem du Loiret Richard Ramos, qui vient d’organiser à l’Assemblée nationale une nouvelle « Journée sur l’éducation à l’alimentation à l’école ». Pourtant, l’élu connait nos réserves, souvent nourries par des expériences gustatives passées ou imaginées, tant la cantine scolaire a mauvaise réputation. Aussi pour ce deuxième service au Palais Bourbon, après une première édition plébiscitée en 2021, l’ancien chroniqueur gastronomique a mis les petits plats dans les grands pour défendre pas une, mais des réalités éducatives. On pense ainsi aux classes du goût, initiées des 1974 par le créateur de l’Institut français du goût à Tours Jacques Puisay, aux jardins potagers dans les écoles, aux jeux éducatifs en ligne comme Nutrix, Glucozor et autre A table), à une cuisine collective artisanale, portée par les circuits courts mais pas seulement.
Un retour aux fourneaux
« Dire aux enfants ce qu’il faut manger pour bien manger n’est pas suffisant. Il faut les associer à la préparation des repas. Les rendre acteurs à l’école pour qu’ils le soient aussi à la maison. N’oublions pas le rôle de prescripteur des enfants qui va au-delà des rayons du supermarché », explique ce passionné de la bonne bouffe. « Il faut donc défendre l’alimentation qui a du sens dans un monde qui en manque parfois » poursuit l’élu Loirétain, qui fut un des artisans de la loi contre les nitrites dans la charcuterie. Aussi, le combat, juge-t-il comme de nombreux spécialistes, ne peut se faire sans la jeune génération. D’où la nécessité de transmettre aux enfants les principes d’une alimentation bonne pour la santé et pour la planète. Et donc de poser les principes d’une réelle pédagogie alimentaire à l’école. De la maternelle au lycée. Via notamment des cours de cuisine.
De la table des rois à la cantine
Des cours de cuisine obligatoires comme au bon vieux temps, l’idée peut faire sourire. Mais sous les ors parlementaires, on sait, autour des différentes tables rondes, animées par des sociologues, chefs, diététiciens, chercheurs, industriels et parents, que le sujet est bien plus qu’un amuse-gueule. Car si apprendre à bien manger peut-être bénéfique pour la santé et le porte-monnaie avec l’utilisation de produits de saison, c’est aussi prendre conscience d’une cuisine locale et d’un important territoire culturel, souvent occulté. Au point d’oublier que derrière une simple assiette de lentilles vertes du Berry ou un bout de nougat de Tours se cache un savoir-faire culinaire et patrimonial, déjà prisé sur la table des Rois de France.
Socle de la République
« Lever les aprioris alimentaires en invitant les jeunes mangeurs derrière les fourneaux, c’est aussi les inviter à sortir des chemins battus d’une restauration scolaire attendue, à prendre des risques », explique un des chefs, qui se souvient des moues boudeuses enfantines à la vue de ces premiers hamburgers végétariens aux lentilles. Ou encore de ses quenelles, longtemps malmenées par une production industrielle. Des réticences alimentaires qui restent néanmoins présentes dans nombre de réfectoires. D’où l’importance pour les participants au colloque parlementaire de jeudi de mettre le sujet sur la table et de défendre le bien manger. Surtout qu’ « avec ses 144 repas servis par an, la cantine scolaire, temps de partage et d’égalité avec notamment le même menu pour tous, est un des socles de la République » conclut le député Richard Ramos.
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