La musique a aussi son magasin, place Sainte-Croix.
Jeanne d’Arc, l’héroïne d’Orléans, entendait des voix. Jean-Dominique Burtin y perçoit des notes. En silence. C’est à une visite singulière de la ville qu’il convie son lecteur avec l’ouvrage qu’il sort en compagnie d’Hélène Bensaad la photographe, “Orléans le concert silencieux”. “Une balade (pas à pas) et une ballade (musicale)”. Une visite en musique. En musique mais avec les yeux.
La cité johannique comme bien d’autres, ville d’art et d’histoire, abrite, cache ou affiche des collections de signes musicaux. Dans les collections des musées, dans les salles de concert, au Temple ou à l’église, sur un vitrail, sur la façade d’une maison…Encore faut-il les dénicher.
Alors, Jean Dominique, le “nez en l’art” comme il l’écrit, a traqué le“guitariste au doux visage de pierre polie” ou un “joueur de tambour sur la façade d’une maison de la prévôté”.
Faire tinter les mots
Toute son enfance, pour cause de famille, Jean-Dominique Burtin a baigné dans la musique. Et comme sa carrière de journaliste lui a appris à faire tinter les bons mots à nos oreilles et à faire chanter la poésie au coin de la phrase, cela donne un bouquin forcément bien rythmé, au fil des quartiers de la ville.
Avec ses clés de sol, de fa ou d’ut, Jean-Dominique Burtin, qui se joue des mots comme d’une flute, ouvre les portes musicales de la cité, met à portée de lecteur, le quartier cathédrale, la place de l’Etape, le Martroi, la place Gambetta, les mails et autres sites musicaux. Il nous raconte le conservatoire, une salle délicieusement surannée, parfaitement décrite par les photos d’Hélène Bensaad. Connaissiez-vous Sainte Cécile patronne des musiciens dans la version accrochée au Musée des Beaux-Arts, oeuvre d’un anonyme italien du XVIII ème?
Do ré mi…sur la cheminée
Sur la belle scène de l’Institut.
Vous étiez-vous penché comme l’auteur sur la cheminée Renaissance qui trône dans le bijou qu’est l’Hôtel Groslot?
Jean-Dominique Burtin l’a fait pour vous: “On y découvre, dans l’entrelacs de l’ornementation composant de fines appogiatures, une trompette inattendue.” Toujours sur cette cheminée, “les mélomanes ne liront pas “Domremi”, nom du village natal de Jeanne d’Arc mais peut-être bien (à chacun des voix) “do ré mi”…
Le routard de la ville en musique
Ce guide du Routard qui aurait mis une guitare dans le fameux sac à dos, fait ses gammes aussi en Loire où chante le marinier, nous montre même à travers une belle iconographie de partitions de l’époque, “Les poteaux du tramway“, nous met sur les traces des luthiers d’hier et aujourd’hui, des bols d’air du Martroi et de cette musique qui “adoucit les murs”.
Avec cette symphonie orléanaise, de belles images en textes et en photos, Jean-Dominique Burtin et Hélène Bensaad ont fait leurs gammes. Rien ne dit qu’après ce beau livre orléanais, ils ne joueront pas la même partition dans d’autres villes ligériennes, Tours, Blois…? C’est une petit musique qui doit leur trotter dans la tête. Et c’est maintenant dans leurs cordes.
Christian Bidault
– Orléans, le concert silencieux, éditions Marivole, par Jean-Dominique Burtin et Hélène Bensaad, 175 pages, 35€.
A l’occasion de la publication de l’ouvrage, la librairie Chapitre accueille l’exposition « Murmure d’images ». On y retrouve, sur le thème de la musique et celui de l’écrit, quelques encres sur calque signées Jean-Dominique Burtin, journaliste mais aussi dessinateur sous le pseudonyme de Pol, son second prénom. A découvrir également, de précieuses et harmonieuses photographies d’Hélène Bensaad.