Après un magnifique et dernier album, Timbuktu, sorti au printemps 2022, la plus grande chanteuse malienne de sa génération entame une tournée en France et dans le monde. L’occasion de (re)découvrir, Oumou Sangaré, l’une des voix africaines les plus éblouissantes du moment qui sera au Théâtre d’Orléans ce mardi !
Par Rosa Tandjaoui (CulturAdvisor)
Une enfant du Wassoulou
Oumou Sangaré nait à Bamako en 1968, d’une famille originaire de la région du Wassoulou ; à cheval entre le Mali, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Cette terre riche d’histoire et de culture donna naissance à un empire qui régna à partir de 1878, pour prendre fin avec la colonisation française en 1898.
Essentiellement peuplé de Peuls et de Bambaras, le Wassoulou est également une terre de musique, dans laquelle baignera Oumou Sangaré dès l’enfance : « Avant de se marier avec mon père, ma mère Aminata Diakité était une chanteuse appréciée des mariages et baptêmes dans le Wassoulou. Sa propre mère, Nountele Diakité était une véritable star. Quant à moi, j’ai commencé à chanter dès la maternelle. On me faisait monter sur la table tellement j’étais petite. »
Une carrière fulgurante
Très vite, elle intègre le célèbre Ensemble National du Mali, où elle est remarquée par Bamba Dembele, directeur du Super Djata Band.
Moussolou, premier album de la chanteuse est publié en 1990 chez Syllart Records sous forme de cassette et se vend à plus de 250 000 exemplaires, un record absolu pour l’époque : « Le jour de la sortie de l’album, les gens faisaient la queue pour l’acheter. Et de là, ça a décollé ! »
En studio, elle impose les riches sonorités des instruments traditionnels et refuse synthétiseurs et boites à rythmes. Mais c’est surtout par les textes de ses chansons, en parfaites adéquations avec les préoccupations des jeunes générations d’Afrique de l’Ouest qu’elle touche juste : à rebours d’une société ultraconservatrice, elle prend parti pour les femmes africaines. Une dizaine d’albums suivront, s’étalant sur plus de 30 ans de carrière avec toujours la même recette : un immense respect pour la tradition sur la forme et une ouverture à la modernité sur le fond.
Surnommé la Tina Turner du Mali par Salif Keita, encensée par Beyoncé, Alicia Keys ou encore Aya Nakamura, elle nous offre avec Timbuktu, son album le plus abouti. Un mélange unique de rythmes traditionnels africains, de musique Wassoulou et de blues.
Une artiste engagée pour l’Afrique
En parallèle, Oumou Sangaré ne cesse de s’engager contre les mariages forcés, la polygamie, l’excision ou la déforestation. De plus, c’est une militante active pour l’émancipation des femmes et pour le plaisir féminin.
Enfin, c’est une femme d’affaires avisée qui n’hésite pas à s’investir dans le secteur économique à travers l’hôtellerie, l’agriculture et l’automobile, pour créer des emplois dans son pays.
Oumou Sangaré est actuellement en tournée, pour la promotion de son dernier album Timbuktu, en France et dans le monde.
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