Jusqu’au 26 février 2023 se tient la 5e édition de Chaumont-photo-sur-Loire. Quatre grands noms de la photographie célèbrent à travers cette exposition d’hiver la nature, le voyage et le noir & blanc. Ils invitent le public à une jolie balade.
Par Flora Robin
Exposition Eric Bouret Photo Didier Depoorter
« C’est un anniversaire : les cinq ans de Chaumont–photos-sur-Loire. Cette nouvelle saison est un moment important. Quatre artistes très importants portent un regard sur la nature. Tous les quatre travaillent en noir & blanc et ce sont de grands voyageurs… Chacun avec sa vision, son regard mais tous nous ensorcèlent », déclare Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine et du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire.
Éric Bourret, Denis Brihat FLORE et Mickael Kenna sont les invités de Chaumont-photo-sur-Loire.Tous les quatre magnifient la nature : de son approche jusqu’au traitement de leurs images.
Éric Bourret, le marcheur infatigable
À cinquante-huit ans, Éric Bourret « vit dans plusieurs endroits du monde. Aujourd’hui, ici, dans ce grand lieu d’art, je présente un travail inédit, réalisé en hiver entre 2020 et 2022 ». Arbos est le titre de son exposition, présentée dans le château, qui regroupe une trentaine de grands formats « qui vibrent » comme le souligne une visiteuse. En effet, ces superpositions, dont les arbres sont le sujet, « je les crée en photographiant X fois sur X mètres, cela amène à une multitude d’instantanés. Je ne sais pas à l’avance quel sera le résultat. On peut y voir dans mes œuvres une ambiguïté : sont-ce des photos ou des dessins ? Le rendu est très calligraphique ».
L’artiste revient souvent à Montlouis où il a des attaches familiales, et, six mois par an, il parcourt le monde « depuis au moins trente ans ! » : de « l’Hymalaya où je dors dans des refuges, en passant par les Bouches-du–Rhône, les fjords de l’Islande, les forêts primaires de Chine… Tout type de paysages m‘intéresse si je peux y marcher et que ce sont des paysages naturels. Je pars sac au dos, avec du matériel, argentique ou numérique suivant où je vais. Et le pari est d’être le plus léger possible. » Des œuvres uniques qui interpellent, pour lesquelles on se demande comment elles ont été réalisées.
Son site : eric-bourret.com
En savoir plus : youtu.be/8qPPAmxwsIs
Denis Brihat, le voyageur immobile
Denis Brihat dont on peut admirer les photos dans les espaces de la cour Agnés–Varda, présente sa propre lecture de son jardin : lichen ; oignons ; tulipes; herbes ; aiguilles de cèdre ; fleurs de carotte ; kiwis… Cet artiste, qui a reçu le prix Niepce en 1957, définit ses œuvres comme « des tableaux photographiques » où chaque sujet devient une œuvre à part entière. Une nature comme vous ne l’avez vue.
Son site : denisbrihat.com
En savoir plus : youtube.com/watch?v=DJNbxMMloww
FLORE, la délicatesse sans filtre
FLORE, qui a été récompensée en 2020 par le prix Nadar, expose dans l’asinerie. Elle partage ici son voyage, tout en poésie, sur les traces de Marguerite Duras qui l’a conduite jusqu’en Indochine. « Je présente une image d’une Asie rêvée, explique l’artiste pour qui à part l’amour, la photographie est tout pour moi. »
“L’odeur de la nuit était celle du jasmin”, titre de son accrochage, présente des photographies en argentique qu’elle tire elle-même et pour lesquelles elle choisit avec soin le papier car « il est la chair de mon image ». Ses clichés, elle les chouchoute, les magnifie par un traitement final : or ; thé ; cire… Ainsi uniques, ils sont reconnaissables au premier coup d’œil… mais un coup d’œil ne suffit pas : ils sont une invitation à la lenteur et en prenant ce temps d’observation, nous sommes transportés par tant de délicatesse. Là, un vêtement, ici, un paysage devant lequel sont posés des fauteuils vides, ici encore un ponton et des palmiers… le fil rouge de ce travail, ce sont la beauté, la sensualité et les noirs intenses… intenses comme les émotions que nous ressentons.
Son site : flore.ws
Le Facebook de FLORE : https://www.facebook.com/florephotographe/
En savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-reveil-culturel/la-photographe-flore-sur-les-traces-de-l-enfance-de-marguerite-duras-4356571
Mickael Kenna, majestueux comme un chêne
Le photographe, qui vient de recevoir la décoration de d’Officier de l’ordre des Arts et Lettres, expose quatre-vingts petits formats carrés dans le château.
« J’ai vu Mikael Kenna travailler, décrit Chantal Colleu-Dumond, il est en symbiose avec les arbres. Pour les photographier, parfois il s’allonge, il les enlace… » Les images argentiques présentées ici sont concentrées sur les Arbres. Arbres dans la brume, le brouillard, sous la neige, seul ou en groupe… tous sont beaux !
L’artiste, célèbre dans le monde entier, tire lui-même ses œuvres et c’est magnifique. Ce n’est pas le choc des photos qui interpellent mais de son approche : « il fait des portraits d’arbres comme des portraits de personnes » souligne la directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire.
Depuis plus de cinquante ans, l’artiste a réalisé plus de six cents œuvres. Héritier d’une tradition esthétique anglaise classique, il pose sur le monde, ici les arbres, un regard qui sublime ses sujets. Et le public est sous le charme, cherchant l’arbre qui lui ressemble, celui qui est atypique, celui qui lui plaît le plus…
Son site : https://www.michaelkenna.com
En savoir plus : https://youtu.be/mahhjVWO6n4
Vous l’aurez compris, il ne faut pas manquer cette 5e édition de Chaumont-photo-sur-Loire, l’un des évènements régionaux valorisant le mieux la photographie ! Et attardez-vous aussi sur les arbres du parc du domaine dont certains valent aussi le détour…et sortez vos appareils photo !
Le reportage photos de Didier Depoorter