Cinq ans après sa création Orléans Métropole connaît une crise d’identité… et de majorité. Le clash politique a été évité de peu jeudi soir après la division des camps Grouard/Schlésinger. L’agglomération va pourtant se délester de deux clubs professionnels mais aussi du Musée des Beaux-Arts et de la Patinoire et peut être du Parc Floral.
Par Jean-Jacques Talpin
Matthieu Schlésinger renvoyé dans ses buts
C’est à ni rien comprendre. La Métropole n’a pas de compétence sportive ou culturelle tout en ayant intégré dans son giron les clubs sportifs professionnels de basket (OLB), de football (USO) et de handball (Fleury et Saran). Ce schéma presque incompréhensible a été bousculé lors de la session communautaire de jeudi soir : OLB et USO réintégreront prochainement Orléans alors que les deux équipes de handball seront toujours gérées par la Métropole. De son côté la patinoire quitte la Métropole pour Orléans tout comme le Musée des Beaux-Arts. Ne cherchez pas la logique il n’y en a pas. C’est pour cela que Matthieu Schlésinger, vice-président, a créé la pagaille jeudi soir. Dans un amendement déposé 45 minutes avant la séance, le maire d’Olivet a demandé qu’au « nom de la cohérence » les quatre clubs professionnels relèvent des communes concernées. Et cela alors qu’une semaine auparavant, la conférence réunissant les 27 maires de l’agglomération avait choisi ce découpage 2+2. L’amendement du maire d’Olivet pourtant allié de Serge Grouard (qu’il a contribué à faire élire à la présidence en poussant le président socialiste Christophe Chaillou vers la sortie) provoquait alors une belle pagaille et montrait de premiers signes de fissures dans la majorité métropolitaine.
Remise en cause du pacte de gouvernance ?
Dans la logique de Matthieu Schlésinger les 4 clubs sportifs professionnels devaient relever d’une même gouvernance métropolitaine alors que la nouvelle répartition proposée impose de nouvelles charges aux villes de Saran ou Fleury qui n’étaient pas demandeuses. Christophe Chaillou s’en est ému : « Fleury et Saran vont récupérer des clubs contre leurs souhaits, avec des charges nouvelles ». « L’heure est grave, a surenchéri la maire socialiste de Fleury, Carole Canette, comment cette Métropole fonctionne-t-elle ? Le sport collectif de haut niveau doit relever de la Métropole sinon cela revient à mettre le couteau sous la gorge des communes ! ». En filigrane se posait la question du « pacte de gouvernance » régissant les relations entre les 27 maires. Un mois auparavant 10 maires, essentiellement de gauche, dénonçaient déjà dans une lettre confidentielle – mais dévoilée par nos confrères de France Bleu – les atteintes par Serge Grouard à ce pacte de gouvernance. Curieusement, il ne fut jamais question de cette lettre jeudi soir sans que l’on sache si son destinataire y avait répondu…
L’heure est grave pour Carole Canette
Comme Ludovic Bourreau (Orléans, indépendant), certains demandaient une « véritable politique culturelle et sportive pour la Métropole ». « Mais ce n’est pas possible, a rétorqué Serge Grouard puisque nous n’avons pas ces compétences ». Alors comment justifier ce « détricotage » et ce ménage dans les compétences ? Certains estiment qu’Orléans, réputée riche, veut investir dans ses clubs et ses équipements pour en tirer seule le profit en termes d’image et de prestige. Serge Grouard veut au contraire s’appuyer sur « le pragmatisme » en expliquant que la gestion des clubs par la Métropole n’a pas été le gage de leurs succès. Et de rappeler les exploits sportifs de l’OLB et de l’USO du temps où ces équipes étaient encore municipales avant leurs résultats calamiteux après avoir intégré la Métropole.
CO’Met, ruineux, utile ou surdimensionné ?
Mais Serge Grouard qui ne veut pas « reprendre pour reprendre » légitimise le « détricotage » par le seul sauvetage de certains équipements : 10 à 20 millions à investir dans le Musée, beaucoup à injecter dans la mise aux normes de la patinoire (avec peut être une reconstruction à envisager). La messe était donc dite : deux clubs seront métropolitains, deux clubs municipaux, musée et patinoire redevenant orléanais. Seule concession à Matthieu Schlésinger renvoyé dans ses buts : le sort du Parc floral qui devait revenir à Orléans sera réglé ultérieurement.
Pas de doute cependant, un équipement restera bien métropolitain : CO’Met. Il est vrai que son ardoise toujours plus lourde doit être mutualisée. Prévu pour 100 millions d’euros le coût de l’équipement (que l’on ne connaît pas précisément) doit aujourd’hui avoisiner les 150 millions et ce n’est sans doute pas fini puisqu’une nouvelle rallonge de 6 millions vient d’être votée pour financer des équipements curieusement oubliés par ses concepteurs. Et à cela il faudra rajouter 1,3 million de coût de fonctionnement annuel et des subventions exceptionnelles à des évènements qui y seront organisés (50 000 euros pour un premier match en janvier dans l’Aréna). Mais les élus soucieux de « l’attractivité apportée par CO’Met » et qui ne remettent jamais en question l’utilité et le surdimensionnement de ce complexe votent comme un seul homme pour ces rallonges tout en sachant que les finances de la métropole sont proches du rouge vif avec une dette qui avoisine les 700 millions. Il est vrai que la majorité se félicite « car la dette a moins augmenté que ce qui était prévu en début d’année »…
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