Toute atteinte aux organes génitaux féminins dont la terrible excision est une barbarie d’un autre âge qui ne devrait plus exister. Pourtant c’est plusieurs millions de petites filles qui sont menacées encore aujourd’hui dans le monde. (voir encadré)
Pour bien comprendre de quoi il s’agit, il faut savoir qu’il existe quatre types de mutilations sexuelles féminines, toutes étant horribles, douloureuses, handicapantes et surtout inutiles :
- Type 1 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien (petite partie externe et visible du clitoris et partie sensible des organes génitaux féminins) et/ou du prépuce/capuchon clitoridien (repli de peau qui entoure le clitoris).
- Type 2 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres (replis internes de la vulve), avec ou sans excision des grandes lèvres (replis cutanés externes de la vulve).
- Type 3 : l’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres, ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans ablation du prépuce/capuchon et gland clitoridien (type 1).
- Type 4 : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.
Des excisions pratiquées sans anesthésie
Rachel-Claire Okani précise ensuite « qu’il s’agit de pratiques exercées sur les organes génitaux externes des jeunes filles ou des femmes qui s’en trouvent grièvement affectées ou en décèdent. Suivant les sociétés, ces mutilations sont exercées par des hommes exciseurs et surtout par des femmes souvent d’âge mûr mais n’ayant qu’une infime connaissance de l’anatomie humaine et étant très peu au courant des pratiques chirurgicales ».
Puis elle donne des détails insoutenables mais que l’on ne peut ignorer : « Les hommes ou les femmes opèrent à vif, sans anesthésie avec du matériel rudimentaire : couteau, lame de rasoir, voire avec un tesson de bouteille, non aseptisés. En guise de médicaments, des décoctions de plantes médicinales sont utilisées mais aussi des cendres ou des morceaux de tissu. La guérison est en principe effective au bout d’un mois… »
De leur côté, les exciseuses acquièrent ainsi une fonction sociale, oui vous avez bien lu, une fonction sociale puisque précise Rachel-Claire Okani, « elles sont les garantes de ces pratiques. Elles sont même parfois taxées de gourous car prétendument dotées d’un certain pouvoir occulte. Elles sont donc influentes et respectées, voire craintes
dans les communautés ».
Les nombreux.ses débats et dénonciations de ces pratiques barbares et moyenâgeuses les font reculer dans le monde. Mais Rachel-Claire Okani souligne que « cette problématique se complexifie en raison notamment des progrès de la science médicale qui alimentent les déviances et attisent les revendications outre-Atlantique des LGBTQI+.
Un problème loin d’être résolu
Dans sa conclusion, Rachel-Claire Okani rappelle que « les MGF sont des pratiques décriées à cause de leurs conséquences néfastes et irréversibles et que la communauté internationale cherche aujourd’hui à éradiquer. Puis elle constate : des femmes africaines veulent rester les gardiennes du temple des traditions. Noble objectif certes, mais qui exige d’opérer un tri parmi les coutumes pour ne retenir que les bonnes. (…) D’où la nécessité et l’urgence d’épargner la gente féminine dans son ensemble, sans distinction d’âge. Enfin, il convient d’écarter définitivement l’argument d’un pouvoir occulte que conférerait cette lugubre pratique. De nos jours et dans le monde entier, plutôt qu’un prétendu pouvoir invisible autrement désigné pouvoir sous l’oreiller, les femmes revendiquent un pouvoir officiel visible, tant dans la sphère publique que privée et dans un monde de gouvernance transparent ».
Elle dénonce enfin l’hypocrisie actuelle : « L’État étant essentiellement masculin au niveau décisionnel dans la majorité des pays du monde, beaucoup d’états africains adoptent des législations à l’encontre des mutilations pour s’acquitter, écoutez-bien, vis-à-vis de l’opinion internationale et soigner leur image. Mais le statu quo reste de mise à l’intérieur des frontières nationales où le juge attend patiemment d’être saisi pendant que la loi du silence est de rigueur dans les communautés et les familles ».
Rachel-Claire Okina sera présente à Orléans ce 25 novembre. Elle participera à une conférence discussion avec l’autrice sénégalaise Halimata Fofana à l’auditorium du musée des Beaux-Arts d’Orléans dans le cadre de la journée du planning familial du Loiret Briser le tabou des mutilations génitales féminines.