Dans un contexte de flambée des factures énergétiques, les villes de la région multiplient les annonces de plan d’action pour faire des économies. Si certaines n’ont pas attendu la crise énergétique pour revoir leurs modes de consommation, d’autres comme Tours n’en sont encore qu’aux expérimentations.
Par Maël Petit
« Ça va être tout noir ! ». On ne sait pas si la ville de Tours a prévu un tour de quartier, au moins le premier soir, à la manière de Pascal Vincent il y a 18 ans pour rappeler à ses riverains l’extinction des feux de leur quartier. Et encore moins si ces derniers répondront à la municipalité avec la même prose. En revanche une chose est sûre, à partir du 14 novembre et pour une durée de 6 mois, trois quartiers – Les Douets, Blanqui et Febvotte – seront plongés dans le noir de 1h à 5h du matin, dans le cadre du plan de sobriété énergétique de la ville. Objectif : presque 4 000 euros d’économie. Cette expérimentation – qui s’ajoute en complément du plan de renouvellement des luminaires en LED qui a déjà permis la réduction de 30% la consommation électrique de l’éclairage public – est inédite puisque la municipalité s’était jusqu’à présent toujours montrée réticente face à cette idée, arguant un manque de sécurité croissant dans l’obscurité totale. Oui, mais tout a changé ! La réalité de la crise énergétique et la nécessité de rechercher des sources d’économies d’énergie pour faire baisser la facture ont eu raison de cet argumentaire. D’ailleurs la réalité serait tout autre aujourd’hui d’après Philippe Geiger, adjoint au maire délégué à la tranquillité publique. « L’obscurité n’accroît pas la délinquance ou les cambriolages selon les statistiques nationales. La majorité des cambriolages se produit la journée, et la nuit les cambrioleurs ont 100 % de chances de tomber sur les habitants ». Au passage, que les riverains soient rassurés, leur présence même endormie, suffirait donc à dissuader toute intrusion.
On se revoit dans 3 mois
Néanmoins, la ville indique que ces quartiers répondent à des critères précis qui en font des secteurs idoines pour une expérimentation. Tout d’abord « peu fréquentés la nuit puisque résidentiels », ils ont été choisis car ils présenteraient moins de risques pour la circulation et la sécurité. Ensuite pour des raisons techniques puisqu’ils possèdent un équipement LED, « qu’il est possible de rallumer immédiatement à distance, en cas d’intervention des secours ». Enfin, l’extinction de l’éclairage public favorise le bien-être des animaux et la protection de la biodiversité, dans des quartiers hébergeant des espaces naturels et bordés pour certains d’espaces boisés. Tours a prévu de faire un premier bilan de cette expérimentation dans 3 mois en consultant les habitants de ces quartiers, qui seront alors invités à répondre à un questionnaire en ligne.
D’autres sont en avance, Orléans suit la tendance
Si la cité tourangelle n’en est qu’à la phase de test, d’autres agglomérations s’affichent comme pionnières en la matière dans la région. C’est le cas de Blois qui depuis un an a élargi son périmètre d’extinction pour atteindre 60% de son parc électrique mis en veille entre 23h et 4h30. Le tout en baissant fortement l’intensité de l’éclairage sur les autres secteurs restés allumés. C’est d’ailleurs une des principales pistes explorées par les municipalités qui entreprennent toutes un passage progressif à la technologie LED pour limiter les dépenses en énergie.
Du côté de Bourges et Châteauroux, les mairies s’étaient même unies pour lutter contre les pollutions lumineuses et faire des économies d’énergie avec une série d’expérimentations, notamment l’extinction de l’éclairage dans certains quartiers résidentiels. Seule la cité Chérienne a décidé de poursuivre dans cette voie, alors que cette mesure était source de tensions lors du Conseil municipal de Châteauroux le 28 septembre dernier.
Reste Orléans qui a décidé de suivre le pas à partir de fin novembre, de 00h à 5h sur ses voies structurantes, quai, Mails et ponts, accompagnés de certains quartiers résidentiels et lieux d’activités nocturnes à partir de 3h. Le département du Loiret avait même envisagé d’éteindre la tangentielle contournant la ville mais un test réalisé dans la nuit du 17 au 18 octobre avait révélé de trop grands risques pour les usagers. Toujours est-il que les collectivités n’en ont pas fini avec l’éclairage public et redoublent d’efforts pour dénicher d’autres localité à éteindre.
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