On ne sait si c’est la fidélité du Berruyer préfet de Paris, Laurent Nunez, qui donne des envies de Berry au président de la République, mais c’est la 2e fois en moins d’un an que ce dernier se rend sur ce territoire. Après les villes moyennes et la campagne, c’était la tournée des popotes militaires. A Bourges, il a déjeuné à la même gamelle que les militaires du cru. Par chance, c’était le jour du repas amélioré… Avec ceux de la Saint-Christophe, patron du train, et de la Saint Barbe, patron des artilleurs, les bidasses sont chanceux cette année !
Par Fabrice Simoes
Quand Manu vient chez les gens, à la campagne, ce n’est pas pour jouer de l’accordéon au moment du café à la manière d’un quelconque président de la République du siècle d’avant. Que nenni, Manu, il est du XXIe, lui. Il se déplace toujours pour un sujet bien précis. En 2021, il était déjà venu dans le Cher, à Bourges un peu, Vierzon beaucoup, et à Châteaumeillant passionnément. C’était pour chanter, à l’envers, au peuple des campagnes une chanson de Gainsbourg époque Birkin. En décembre 2021, pas de « j’étais venu te dire que je m’en vais » ! Ce jour-là, il avait essentiellement marqué le territoire berrichon de sa non-prise de position pour une éventuelle candidature à sa propre réélection. Cette fois, c’est nettement plus précis. Il vient pour expliquer à tous que la guerre c’est pas bien mais que, quand même, il faut un peu de matos pour au cas où. Des fois que prendrait l’envie irrésistible à nos amis Russes de vouloir faire défiler des chars T14 sur les Champs-Élysées, on ne sait jamais. Emmanuel Macron, il est comme ça. On ne le changera pas.
Donc Manu est venu à Bourges pour inaugurer un champ de tir, visiter une usine privée d’armement, remettre un fanion à une unité et tout le toutim. On peut parler de la journée mais on ne pourra pas donner trop d’info quant aux lieux. Dans ce type de voyage, l’appareil photo avec objectif grand angle n’est pas le meilleur. Il ne faut pas donner des idées à des gens malintentionnés. Surtout quand on voit ce qui se passe en ce moment sur Leboncoin, les recrutements d’espions, tout ça. On se doit de respecter les labels Secret Défense. Le secret défense c’est le maître mot de la grande muette et une grande muette qui emploie des mots ça fait toujours bizarre. Il comporte plusieurs niveaux. Le premier implique qu’il convient d’en dire le moins possible. Le second que, si on peut, il serait préférable d’en dire encore moins. Quant au troisième, on se doit de l’assimiler à bouche cousue ou, plus communément, à un « touche pas à ça petit con » façon Jean Lefebvre. Nous nous devons de reconnaître que les prédécesseurs d’Emmanuel Macron appliquaient eux aussi ce système hiérarchique du secret défense. Les arcanes de l’État sont comme ça. On ne les changera pas.
Programme et message reçus forts et clairs
Le message du palais débutait par « Le Président de la République se rendra le jeudi 27 octobre dans le Cher, pour un déplacement consacré aux armées et à l’industrie d’armement, en présence de M. Sébastien Lecornu, ministre des Armées et de Mme. Sarah El-Hairy, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées chargée de la Jeunesse et du Service national universel. ». Il se concluait par « Enfin, le Président de la République se rendra sur le site de MBDA Subdray dont le site de Bourges est en charge de l’ingénierie et des tests des moyens de propulsion des missiles ». Entre les deux, il fallait suivre la flèche, plutôt celle de Nexter et son usine Arrowtech de la Chapelle-Saint-Ursin que celle des munitions perforantes du même nom et leurs barreaux de tungstène.
Le message pour expliquer que : l’armée c’est bien, le matériel performant (perforante aussi, on vous dit) c’est bien, la technologie au service de l’armée et du matériel, c’est bien… se voulait fort. Il se voulait clair « le retour de la guerre en Europe à la suite de l’agression de l’Ukraine par la Russie rappelle la place centrale de l’industrie d’armement dans la préservation de la souveraineté nationale ». Il se voulait innovant « le besoin croissant de sous-officiers dans les métiers techniques, (est) induit d’une part par le contexte de technicité croissante des systèmes d’armes et d’autre part par la transformation numérique du ministère économique ». Il se voulait volontariste avec « l’ambition du Président de la République d’adapter l’appareil militaire à cette nouvelle économie de guerre », comme il l’a annoncé en juin 2022 au Salon Eurosatory. Bon ben, finalement, pas mieux alors.
Pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent dans cette visite berruyère. C’était prévu parce que … les visites présidentielles, elles sont comme ça. On ne les changera pas.
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