Après bien des difficultés techniques, financières et administratives, le lieu culturel alternatif destiné au spectacle vivant à rouvert ses portes dans le centre historique. Cette scène ouverte fourmille de projets avec l’ambition de devenir un cocon pour les artistes locaux et régionaux.
Jean-Jacques Talpin
Il y a quelques semaines La Ruche en Scène effectuait une fausse rentrée après plus de deux ans de fermeture. Des difficultés administratives de dernière minute refermaient vite les portes de ce lieu ouvert rue de la Tour Neuve dans le quartier historique. « Mais c’est oublié, rassure Camille Emery chargée de programmation et cheville ouvrière de ce projet culturel élaboré il y a plus de 10 ans, nous sommes repartis de l’avant, la programmation est établie pour plusieurs semaines et la fréquentation est de nouveau au rendez-vous ». Pourtant ce projet a connu bien des difficultés. Si l’association Scène au bar présidée par Gilles Guénard a vu le jour en 2010 il a fallu attendre fin 2017 pour que ce lieu original ouvre ses portes. L’ambition initiale est restée la même : « animer une scène pluridisciplinaire destinée à accueillir des groupes locaux, régionaux et émergents tout en étant largement ouverte sur la vie du quartier ». Mais dès l’ouverture les problèmes surgissent avec des plaintes de riverains perturbés par les bruits de la Ruche. « Nous avons fonctionné pendant plus de deux ans avec des contraintes, l’outil n’était pas optimisé », rappelle Camille Emery.
Davantage de spectacle vivant
Les travaux programmés de mise aux normes ont coïncidé avec la fermeture imposée par le Covid en mars 2020. Depuis le chantier a été mené à bien : 140 000 € de mises aux normes (qui s’ajoutent aux 80 000 € pour l’ouverture initiale) avec un coût des travaux et des matériaux gonflés par le Covid. Face à un tel coût, la Ruche aurait pu déménager dans un autre lieu : « il n’en a jamais été question, tonne Camille Emery, nous voulions rester dans ce quartier vivant et animé et non loin du 108, autre lieu culturel avec qui nous sommes complémentaires ». Pour corser l’histoire l’incendie d’un dépôt à Bou dans l’est orléanais détruisait une partie du matériel (scène, pont, billetterie, table et chaises). Des aides de la région et de France Active au titre de l’Économie Sociale et Solidaire, une subvention de la ville d’Orléans (50 000 € ramenés à 30 000 €) et des prêts ont permis de financer cette seconde phase de travaux achevés cet été. Des difficultés administratives inopinées empêchaient pourtant la réouverture le 7 octobre dernier avec l’annulation de spectacles et donc de nouvelles pertes financières. Tout cela est aujourd’hui oublié. Avec une salariée (Camille Emery), des intermittents et plusieurs bénévoles, La Ruche a repris son bourdonnement avec une activité régulière entre mercredis et dimanches. « Nous nous développons encore plus sur les musiques actuelles, précise l’âme de la Ruche, en accueillant de petits groupes financièrement abordables ».
Équilibre financier fragile
La Ruche veut aussi devenir une pépinière, accueillir des troupes en résidence (comme actuellement avec La Mue Collective de Diane Borderieux et Victoria james-Geiseler). Mais l’équilibre financier n’est pas encore là. Le développement de la buvette associative, l’appel au mécénat et aux dons ou peut être le recours au crowdfunding pourraient apporter de l’air à la trésorerie.
Pas question donc de lâcher l’affaire. Et cela d’autant plus que la Ruche remplit une quasi-mission de service public : « la scène orléanaise est très riche en groupes et artistes qui ont peu de lieux pour s’exprimer, certains sont trop grands comme l’Astrolabe ou le Théâtre, alors que nous avons la bonne taille et le bon esprit pour les accueillir. Laboratoire et pépinière, la Ruche en Scène est donc bien vivante et entend le prouver ces prochaines années, quels que soient les obstacles accumulés comme l’absence de subvention de la ville d’Orléans pour la programmation…
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