Les ateliers d’art du Loiret sous l’oeil du public

Ce week-end des 22 et 23 octobre 2022, 131 créateurs d’art et artisans ont ouvert leurs ateliers au public. Une 17ème édition organisée par le Conseil Départemental du Loiret et la Chambre de Métiers et de l’Artisanat du département. Avec un coup de coeur pour la Maison-atelier Couleur 136 à Orléans. 

L’art était décidément à l’honneur ce week-end avec le salon régional des métiers d’Art à CO’Met  à Orléans et les 17èmes portes ouvertes des ateliers d’art un peu partout dans le Loiret. L’occasion de faire un zoom sur un lieu attachant : la Maison-atelier Couleur 136 située aux confins du Faubourg Bourgogne à Orléans et qui a d’ailleurs connu une belle affluence ce dimanche. Un lieu associatif fondé il y a neuf ans par Béatrice Grebot : « En fait cette maison appartenait à mes parents et j’ai eu l’idée d’en faire profiter d’autres créateurs et fondant un lieu d’échanges et de partage. Nous sommes plusieurs à y travailler régulièrement. Il y a aussi des ateliers le soir, d’écriture, de voix, des lectures partagées… Il y a beaucoup de femmes dans ce lieu mais ce n’est pas un choix de notre part (rires). Lors des portes ouvertes, on a l’habitude d’inviter deux ou trois artistes chaque année. L’idée est de donner un coup de pouce à des gens qui n’ont pas forcément la possibilité d’exposer ou dont c’est la première fois ou qui viennent d’arriver sur Orléans. »

Béatrice Grebot, elle, est peintre depuis qu’elle est à la retraite et qu’elle a du temps. Dans le grenier de la maison, elle présente sa peinture, exclusivement figurative et assez mélancolique : « C’est vraiment une peinture intuitive. Au départ je n’ai pas vraiment de projet. C’est en travaillant et retravaillant que, peu à peu, le tableau se construit. Ce sont des paysages intérieurs sous forme de visages. Ce sont surtout des sentiments qui sont exprimés. »

Des artistes régulièrement présentes

Parmi ces femmes artistes Lélia Louni a investi une pièce du rez-de-chaussée où elle peint avec gourmandise des toiles qui utilisent des couleurs joyeuses et flamboyantes : « Cet été, j’ai passé quinze jours ici et j’ai peint une toile par jour. Je bosse, je bosse, je bosse et c’est génial. J’ai aussi eu plusieurs périodes dont une où je peignais des bouches avec des masques, en référence au Covid. Pour moi, c’était un exutoire de faire ces personnages-là masqués mais avec une ouverture au niveau de la bouche qui veut crier ou respirer. J’ai eu ensuite une période plus apaisante autour du corps, mais sans modèle.

L’idée c’est de voir comment dans une toile les positions venaient toutes seules. Et le dernier travail que je fais, c’est d’essayer de mettre le corps dans un cadre et voir quelles positions il va pouvoir adopter, se pousser ou se résigner. »

Fransiska Junker, jeune créatrice d’origine allemande a aussi son atelier chez Couleur 136, avec une démarche originale : « À la base, j’ai créé des petits prototypes de cartes en dessinant 28 paysages d’âme comme je les appelle parce que je fonctionne beaucoup à l’intuition. Et sur chacune de ces petites cartes j’ai écrit une qualité de vie comme la tranquillité, la compassion… avec des affirmations pour nous guider sur notre chemin intérieur. Une sorte de parcours spirituel pour être en connexion avec soi-même et le monde et que je relie aussi à ma pratique du yoga.»

Trois artistes invité.e.s

Dans le jardin, on retrouve Laure Buret qui depuis toujours aime travailler avec des éléments naturels : « Je travaille principalement sur des écorces, des bouts de bois, des graines que je ramasse un peu partout et avec lesquels je fais des formes particulières, je peins aussi beaucoup. J’apprécie vraiment  d’exposer mes oeuvres dans un endroit ouvert.»

Seul homme artiste de cette exposition mais non le moins talentueux, le photographe Philippe Delepine. Il présentait à Couleur 136 une série de 17 clichés en noir et blanc mais aussi en couleur, argentiques et numériques, figuratifs et abstraits : « J’aime le côté magique de cet art quand on commence à voir les images se révéler au tirage. Au départ c’était ça et ensuite le regard se fait, on a le plaisir de cadrer, de trouver des images signifiantes, de détourner un peu des choses habituelles pour trouver des détails mais aussi faire rêver un petit peu.(…) Le noir et blanc, c’est une autre esthétique que la couleur. Ça permet de sublimer les choses, notamment la partie graphique de certains sujets que la couleur ne rend pas mais je fais aussi de la couleur bien sûr.»

Enfin, Régine Paquet présente un travail très original qui allie peinture, collages et encre : « C’est un travail sur du papier aquarelle mais à l’encre avec un détournement de cartes routières ou du monde anciennes, de plans de villes. Une carte c’est déjà graphique. C’est beau, il y a des dessins, des contours, des couleurs et puis elles sont très variées. Je travaille sur ce thème depuis plus d’un an. Soit j’ai un projet très précis au départ ou soit au contraire je me laisse guider par les formes et les lignes de la carte.»

Cerise sur le gâteau, une robe “géographique” attire l’œil dans la salle de bains de la maison : « Je l’ai réalisée avec des cartes et je l’ai doublée avec du papier kraft blanc. On me dit que je dois absolument la montrer à de grands couturiers ! » (rires)