Olivet : Un drôle d’animal arrive A Toutes Vapeurs

Le festival A Toutes Vapeurs, successeur de Jazz au Moulin, entame le 18 octobre à Olivet (45) sa semaine de spectacles, jusqu’au 22. Par trois fois, deux comédiens de rue, Daniel Pinault et Guillaume Schenck, proposeront une déambulation réflexive sur le changement climatique.

Par Bernard Cassat

Le festival olivetain A toutes vapeur, proposé du 18 au 22 octobre 2022, offre trois déambulations réalisés par deux comédiens Guillaume Schenck et Daniel Pinault. Ce dernier, aguerri en spectacle de rue, nous parle de leur travail.

Le Grand Climanimalitou à queue de cravates est né dans l’esprit de Daniel Pinault et dans le coup de crayon d’Agnes Thouvenin. Elle a travaillé le graphisme « comme un reporter naturaliste, avec des croquis d’après nature, en rajoutant son imaginaire », explique Daniel. « L’idée, c’était quelque chose de nouveau, un animal-homme transformé. Qui s’est petit à petit affiné en Climanimalitou. Ce qui nous a mené au titre de l’intervention, espèce en voie d’apparition. »

Ce drôle d’animal, c’est Guillaume Schenck qui l’endosse. « J’ai rencontré Guillaume il y a six ans. Je l’avais aidé pour un de ses solos. Et dans les Rami programmées par Gérard Bedu, j’avais un projet autour de Tomi Ungerer avec Guillaume comme acteur et Fred Ferrand pour la musique. J’assurais la mise en scène. Ca avait été créé pour le Cercil. Guillaume travaille dans une petite compagnie, mais là, il voulait un spectacle itinérant en solo. Pour tourner à vélo, par exemple. »

S’acclimater, se transformer en permanence

Le dérèglement climatique oblige tous les vivants à s’adapter à des conditions qui changent. Comme beaucoup d’espèces vivantes auparavant sauvages, le Climanimalitou s’est urbanisé par la force des choses, et vient poser toutes les questions qui tournent autour de l’acclimatation. Comme il ne sait pas trop parler, Daniel tient ce rôle, « celui qui découvre l’animal, un acclimateur. » « Il y a un jeu d’approche. Je suis le seul à connaître ce nouvel animal. Il aime la musique. On communique donc par les sons. » Toute la déambulation, puisque le spectacle se déplace en extérieur, est un jeu interactif avec le public. Et le Climanimalitou s’amuse bien avec lui, tombant souvent dans ses travers, les cravates par exemple. Daniel, sorte de Monsieur Loyal, traduit ses pensées, explique ses transformations, intercède auprès du public. Avec un discours presqu’ethnologique, ne se refusant pas quelques passages scientifiques. Mais tout cela finit par une danse, bien sûr.

Différent à chaque fois

Comme tout théatre de rue, ce spectacle est à chaque fois différent. Sur un canevas travaillé ensemble, Daniel et Guillaume improvisent en fonction du lieu, du public, du temps qu’il fait. Seule constante, réfléchir en rigolant. « Ca se passe à deux, parce qu’il faut créer une distance. Que l’animal n’apparaisse pas trop tôt, sans ça les enfants lui tirent trop vite la queue. » Créé il y a plus d’un an, ils l’ont déjà rodé plusieurs fois. Mais comme tout dépend de l’instant du spectacle, les deux comédiens se réjouissent de le redécouvrir à chaque fois. « On aurait aimé faire des happenings. Guillaume est intervenu une fois autour de la cathédrale en costume. C’était étonnant. Il s’attaquait aux gens à cravates. Gentiment. Mais c’est rigolo de voir l’étonnement des gens. »

Le comédien Daniel Pinault

Photo Cara Compagnie

Après une Licence en Arts plastiques et Théâtre à la faculté de Vincennes Paris VII, Daniel Pinault débute dans le théâtre entre l’univers de Bob Wilson (Groupe Laïla) et le Cirque Reno. Il travaille comme comédien de 1978 à 2005 avec pratiquement toutes les troupes qui existaient dans ces années là en région Centre (Mobil’theatre, la Cie La Tortue Magique, la Cie du Faux Col, le Théâtre de la tête noire, Cie Clin d’OEil). Il devient directeur artistique de la compagnie Monde en chantier de 1997 à aujourd’hui avec laquelle il créé Re-vue du XXe et Global, spectacles de rue, formes animées. Il collabore avec la Cie Speddy Banana et la Cie Picto Facto, la Cie Trait Pour Trait, le Théâtre Exobus, la Compagnie O. Il réalise différentes scénographies (conception, construction) avec le Théâtre de l’En Vie ou encore Vendredi ou les limbes du Pacifique du Théâtre ô Temps.

« Les expériences avec des compagnies comme la Tête noire ont été de vrais moments intenses, de dynamique de groupe, avec grosses tournées, comme pour Scène de chasse en Bavière. Des tournées nationales. Et puis il y a eu mes projets persos, Demandez à l’intérieur par exemple. J’ai toujours voulu créer mes propres spectacles, des solos… J’ai gardé le personnage du balai, que j’ai encore et que j’adapte à d’autres modules. Tous les clowns ont un personnage, moi, c’était celui-là.» Il s’est mis en retraite de comédien, même s’il continue une intense activité dans le domaine. « J’aide des projets comme constructeur ou metteur en scène. Avec la génération suivante, cette génération de comédiens qui pourraient être mes enfants ! »