Malgré les efforts du département du Loiret pour mener à bien ses missions vis-à-vis de la protection de l’enfance, ce dernier reconnaît avoir des difficultés à recruter des éducateurs spécialisés et des accueillants familiaux.
Par Sophie Deschamps
Les visages de Marc Gaudet, président du Loiret et de Florence Galzin, vice-présidente chargée de l’Enfance, de l’Éducation et de la Jeunesse étaient graves ce mercredi 12 octobre 2022 devant la presse.
En effet, le nombre d’enfants pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) ne cesse d’augmenter contrairement à l’accueil de mineurs étrangers non accompagnés(MNA) qui lui baisse. De fait, ce chiffre est passé de 1363 enfants en 2018 à 1660 cette année, donc hors MNA.
Si les moyens financiers du Conseil Départemental existent avec 65 millions d’euros dévolus à l’Enfance cette année contre 49 millions d’euros en 2018, le bât blesse en revanche pour le recrutement des professionnels notamment pour les éducateurs spécialisés et les accueillants familiaux. Florence Galzin insiste sur le fait que « nous avons actuellement 300 accueillants familiaux sur le terrain. Or, il nous en faudrait 200 de plus pour être à l’aise. Et dix postes d’éducateurs sont régulièrement vacants au Département sans parler des besoins de nos partenaires ».
Le point sur les 150 nouvelles places d’hébergement.
Un manque qui empêche notamment la création d’une partie des 150 nouvelles places d’hébergement sur tout le territoire annoncées pour ce mandat. Toutefois, un accord avec la Fondation Val de Loire va permettre la création de 18 places réparties dans 3 unités de 6 places chacune. Un appel à projet va être aussi lancé pour 2 villages d’enfants de 48 places chacun soit au total 114 nouvelles places à moyen terme. Le Loiret accorde une grande importance à ces petites unités de vie qui permettent de bien mailler le Loiret mais aussi d’offrir aux enfants la possibilité d’être avec leurs frères et soeurs, le cas échéant, et de vivre dans des petites maisons.
Ces petites unités de vie ne remettent toutefois nullement en cause l’utilité des trois Maisons de l’Enfance du Loiret pour l’accueil temporaire de ces enfants retirés de leur famille. D’où des travaux de rénovation importants à celle d’Orléans pour le Pôle 6-12 ans en 2022 puis le Pôle 12-16 ans en 2023.
En revanche, le Loiret souhaite abandonner sa politique de nuitées d’hôtel pour l’hébergement des adolescents proches de la majorité. De fait, les chiffres baissent drastiquement puisque l’on est passé de 324 jeunes accueillis en hôtel en 2018 à 79 en 2022.
Une mission d’information et d’évaluation de la Protection de l’Enfance
Par ailleurs, les conseillères et conseillers du Loiret ont accueilli favorablement, lors de la session de janvier 2022, la proposition de l’opposition de la création d’une Mission d’information et d’évaluation de la Protection de l’Enfance. Les huit élu.e.s de tous bords politiques composant cette commission ont émis en juin 2022 une liste de 51 recommandations adoptées à l’unanimité par le Conseil Départemental à la suite de visites sur le terrain et d’auditions avec les acteurs de la petite enfance : magistrats, professionnels de soin, agents du Département et du tissu associatif mais aussi auprès de jeunes pris en charge.
Une mission qui porte déjà ses fruits avec notamment la création d’un poste d’agent départemental dédié au suivi de la réalisation de ces 51 recommandations avec à la clé un bilan annuel.
Une campagne de revalorisation des métiers sociaux en novembre
On l’aura compris, l’objectif du département est de redonner une image positive de tous les métiers de l’enfance. Des efforts sont faits pour attirer les jeunes vers ces métiers, malgré une charge de travail importante et des salaires peu attractifs.
Ainsi, pour recruter plus d’éducatrices et d’éducateurs spécialisé.e.s, un partenariat vient d’être conclu avec l’École Régionale du Travail Social d’Olivet, l‘ERTS avec à la rentrée 2023 une bourse accordée par le Loiret aux étudiant.e.s de 567 euros la deuxième année et de 950 euros la troisième année, d’une part pour éviter les décrochages et pour fidéliser ensuite les futurs professionnels qui devront d’engager à travailler au moins trois ans dans le Loiret.
Marc Gaudet déplore également « les noms jetés en pâture sur les réseaux sociaux lorsque des décisions de placement d’enfant sont décidées dont une affaire récente de violences conjugales mise entre les mains de la justice. On nous reproche aussi souvent d’être trop rigoureux notamment lorsqueentre nous suspendons ou supprimons un agrément d’assistante maternelle (une dizaine par an dans le Loiret, NDLR) mais notre priorité reste bien sûr la sécurité et le bien-être des enfants. »
Des métiers qui feront enfin l’objet d’une campagne de communication du Loiret auprès des jeunes, en novembre.
Un reportage controversé dimanche 16 octobre 2022 dans Zone Interdite sur M6 ?
Marc Gaudet a par ailleurs indiqué avoir été interviewé sur M6 à propos des séjours de ruptures concernant des enfants pris en charge par l’ASE du Loiret dans le Puy-de-Dôme. Pour l’instant il ne connaît pas le contenu exact du reportage mais il a prévenu que s’il contient des propos déplacés à propos de ces enfants, il enverrait dès lundi un courrier de protestation à la préfecture du Puy-de-Dôme. À suivre.
Plus d’infos autrement: Mobilisation générale pour les métiers de l’humain