Les 25e Rendez-Vous de l’Histoire se sont achevés dimanche soir de façon magistrale par une passionnante conversation avec l’écrivaine et navigatrice Isabelle Autissier, présidente de cette édition anniversaire consacrée à la Mer.
Par Jean-Luc Vezon
On connait la Rochelaise Isabelle Autissier comme la première femme à avoir accompli un tour du monde en solitaire lors du Boc Challenge 1991. Ingénieure agronome de formation, elle est aussi présidente d’honneur du WWF-France et romancière à succès. Son dernier opus le Naufrage de Venise fait d’ailleurs le lien entre son engagement pour la planète et la littérature. L’entretien mené par l’historien Guillaume Calafat a permis de mieux connaître cette « personnalité » pionnière qui constitue un exemple d’engagement pour la jeune génération.
Son goût pour la navigation remonte au début des années 60, du côté de Lancieux, en Bretagne nord. Sur son petit dériveur, avec son père, elle comprend alors inconsciemment que « c’est là que ça se passe, que son chemin est tracé ». Instruite très tôt à la navigation, cette grande amatrice de cartes marine, devient ingénieur agronome spécialisée en halieutique et rejoint l’IFREMER.
Très vite, l’appel de la mer lui fait construire son propre bateau. Bercée par les exploits de Bernard Moitessier et d’Eric Tabarly, Isabelle se rêve navigatrice en solitaire. Métier qu’elle exercera pendant 15 ans devenant la première femme à accomplir un tour du monde en solitaire. Bien préparée, elle s’est forgée « une armure » pour réussir mais sait « s’abandonner » sur l’élément liquide car « on n’est jamais maître des courants ou des vagues ».
Le grand Large
Sa passion pour le grand Large lui fera accomplir quatre tours du monde avec quelques galères et un chavirage mémorable dans le Pacifique en 1999 à l’issue duquel, elle décide d’arrêter. Après quelques courses en équipage, celle qui fut Marin de l’année en 1995 embarque sur le vaisseau littéraire avec comme thèmes de prédilection la mer.
En 2009 son premier roman, Seule la mer s’en souviendra, inspiré de la formidable supercherie de Crowhurst en 1969, met en avant son talent. Suivront notamment Kerguelen, le voyageur au pays de l’ombre et, plus récemment, Le Naufrage de Venise (édition Stock).
Les questions éclairées de l’interviewer ont permis de découvrir les ressorts du talent de cette autrice qui sait composer des histoires pleine d’humanité. « Je trouve ma place en racontant des lieux où vous n’allez pas » dira ainsi Isabelle Autissier.
Sauver la mer
Sauver la mer et la planète. Isabelle Autissier a épousé ce combat très tôt en s’engageant au côté de WWF. « Pendant longtemps, on a pensé que l’immensité des océans permettait de faire n’importe quoi. Mais, aujourd’hui il faut agir. La hausse de 1° de la température moyenne des océans modifie durablement les écosystèmes » a-t-elle expliqué en invitant chacun à arrêter de surconsommer, « de cocher les cases des voyages » et de prendre plutôt le temps de la rencontre. Quant à la question des migrants en Méditerranée, un autre de ses combats, elle impose une « solidarité des gens de mer » qui hélas n’est pas toujours respectée …
Après cette belle leçon d’humanité, comme chaque année, Jean-Noël Jeanneney, président du conseil scientifique des RDVH, a donné, sur un ton badin, le thème de la 26e édition qui sera consacré aux Vivants et aux morts.
(1) En 139 jours et 4 heures.
Loïc Artiaga lauréat du Prix Augustin Thierry
Cette année, les organisateurs des RDVH ont attribué le Prix Augustin Thierry, récompensant un ouvrage d’histoire contemporaine, à Loïc Artiaga pour son ouvrage consacré à Rocky Balboa « Rocky, la revanche rêvée des blancs” (éditions Amsterdam – prairies ordinaires). Au croisement de la politique, du social et du sport, ce livre analyse le ring sous l’angle de la confrontation des races.
Président du Centre européen de promotion de l’histoire (CEPH), qui organise le festival aux 50 000 visiteurs, l’historien Eric Alary voit dans ce livre “une biographie expérimentale” dans laquelle « la fiction participe de la réalité ». Une tendance baptisée par les anglo-saxons sous le terme de reality shifting ou façon de quitter sa réalité morose pour basculer dans un univers fantasmé grâce à la pensée.
Plus d’info autrement: Pap Ndiaye: Radioscopie d’une France en crise aux Rendez-vous de l’Histoire