Entre le 22 et le 26 septembre, 9 journalistes et 6 véhicules ont convoyé pour l’ONG Acted trois tonnes de matériel en Roumanie. Un périple de 2500 km pour apporter des vivres et du matériel aux réfugiés ukrainiens. André Degon, collaborateur de MagCentre, était du nombre.
Par Jean-Luc Bouland
Limeil-Brévannes (94) : départ pour la Roumanie, jeudi 22 septembre. Photo AD.
« Faire un périple de 2500 km, à notre âge, il fallait le faire. Mais c’était pour la bonne cause », raconte André Degon, avec une grande pointe d’ironie. Membre de l’association Autopress for Ukraine, présidée par Jean-Christophe Lefèvre, il est parti avec 8 autres collègues journalistes ou anciens journalistes de la presse automobile, tel Denis Astagneau, ce jeudi 22 septembre pour livrer en convoi 3 tonnes de matériel en Roumanie, à proximité de la frontière avec la Moldavie et l’Ukraine, là où sont regroupés plusieurs milliers de réfugiés ukrainiens. « Nous sommes partis de Limeil-Brévannes, en région parisienne, à bord de six véhicules Dacia fourni par la fondation Renault. Six modèles tout neuf, des Jogger, dont nous avons retirées les banquettes arrières pour charger la marchandise. Nous aurions dû être 12, soit un pilote et un accompagnateur, mais nous n’étions que neuf. Qu’importe. Les relais aux volants étaient différents ».
Les Convois pour l’Ukraine
Vendredi 23 : Frontière hongroise. Jean Christophe Lefèvre, initiateur et président de Autopress for Ukraine – Photo AD.
Cette opération se faisait au profit de l’ONG Acted, la seconde en France après Médecins sans frontières. L’idée a germé en février 2022 et il fallut bien six mois, le temps de tout organiser, collecter, assurer les financements et la logistique. « Pour ACTED, cette collaboration s’inscrit dans une opération plus large « Les convois pour l’Ukraine », lancée début mars 2022, et visant à apporter aux populations victimes du conflit en Ukraine des kits d’hygiène, de la nourriture sèche, des kits cuisines, des kits de premiers secours ou des vêtements neufs par exemple », précise-t-on chez Acted. Ce convoi d’Autopress for Ukraine a permis de transporter trois tonnes de biens, parmi lesquels des biens de première nécessité comme des produits d’hygiène (couches en grand nombre par exemple) ainsi que des vêtements chauds, des parkas et des couvertures, essentiels pour préparer l’hiver.
« La collecte des dons emmenés par « Autopress for Ukraine » s’est effectuée auprès d’un lycée de Bolbec (près du Havre) et des Pompiers de l’Urgence Internationale. Une professeure du lycée souhaitait travailler avec une association et avait contacté ACTED. ACTED a également acheté des couches qui ont été transportées ».
Un périple humanitaire
« Je vais très prochainement aller dans le lycée pour raconter notre périple, et ce qui est advenu des dons », raconte André, autant parisien que normand, revenu après un retour sans incidents, mais avec des souvenirs contrastés. «Le trajet aller entre Limeil-Brévannes et Suceava, la ville roumaine de notre destination s’est fait pratiquement sans arrêt, à part une pause de trois heures consécutives. Sinon, nous nous arrêtions environ toutes les deux heures, pour une pause-café, un arrêt-pipi, ou pour refaire le plein d’essence. Il y avait 2500 km à faire, en traversant la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la Roumanie. La plupart du temps, nous avions des autoroutes, mais pas en Roumanie. Les villes s’étendent sur des kilomètres, et nous avons mis six heures pour faire 300km ».
Ainsi, précise Acted « depuis mars, ce sont près d’une centaine de camions qui ont pris la route depuis les quatre coins de la France pour apporter des biens de première nécessité aux populations victimes du conflit en Ukraine. Aujourd’hui, au total, près de 2000 tonnes de biens ont été acheminés vers les populations victimes du conflit en Ukraine, mais aussi vers les populations réfugiées en Moldavie, en Roumanie ou en Pologne ».
Suceava, centre névralgique
Samedi 24 : déchargement à Suceava (Roumanie). Photo AD
« Notre rendez-vous du vendredi était prévu à Suceava, chez le concessionnaire Dacia, en Roumanie, pour décharger la marchandise. Sur place, où nous avons été accueillis avec joie, il y a du personnel français, telle Julie, une jeune française de 20 ans, qui réceptionnait les colis. Et qui suit une école d’ingénieur à Lyon. Quand tout fut terminé, nous avons (enfin) pu profiter d’un bon hôtel à Suceava. Le retour se fit ensuite dans des conditions plus sereines ».
Quelle est la situation sur place ? Pourquoi Suceava ? « Un million de personnes ukrainiennes ont passé la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie, et 82 000 sont restées en Roumanie », précise Acted. Suceava, ville d’arrivée du convoi Autopress for Ukraine, est proche de la frontière moldave et ukrainienne et donc un point de passage important pour les réfugiés. « La plupart des personnes réfugiées qui s’y trouvent sont des familles séparées, et beaucoup font des mouvements pendulaires entre l’Ukraine et la Roumanie, ayant des proches qui ne peuvent pas nécessairement sortir du pays. Aujourd’hui, ce sont surtout des personnes très vulnérables qui se trouvent à la frontière ». ACTED, présente dans les centres collectifs qui accueillent ces personnes réfugiées, explique que sa réponse humanitaire est multiple : « transferts de liquidités, provision d’informations, soutien aux organisations de la société civile et aux autorités locales dans leur réponse, distribution de biens de première nécessité… ».
Mission accomplie pour les 9 convoyeurs, au profit des réfugiés ukrainiens – Photo AD
Bien rentré de ce périple, André Degon ne nous dit pas s’il repartirait, mais on se doute un peu de la réponse. Et si son œil de journaliste aussi spécialisé en tourisme a repéré quelques bons ou mauvais lieux sur le parcours, ce sera peut-être pour un prochain article. Mais il ne regrette pas l’aventure, et la cause qu’il a servi, avec ses amis journalistes « presque tous retraités ».
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