A l’occasion de la parution chez Plot Editeur de l’ouvrage consacré par L’Orchestre Symphonique d’Orléans au centenaire de son existence, nous avons sollicité certains interprètes de l’orchestre, immense aventure musicale en devenir au cœur de la vie culturelle orléanaise, afin qu’ils témoignent de leur parcours personnel et de leur engagement souriant, fervent et talentueux au cœur de l’ensemble musical orléanais dont Marius Stieghorst est aujourd’hui le chef et le directeur artistique. Voici, aujourd’hui, les jolis mots que Julie Bonnafont, violoniste, mais aussi créatrice aux moult et précieuses aventures a bien voulu nous confiés en toute confiance. Un merveilleux cadeau.
Par Jean-Dominique Burtin
“Se laisser dévorer par la valse avec la prose”
« Souffler sur les silences pour mieux les emplir ». “Épanadiplose” est un recueil de récits poétiques publié en mai 2019 aux éditions Vox Scriba (collecton Poesis). Les textes y sont signés par Julie Bonnafont, artiste orléanaise, et la mise en image par la plasticienne italienne Federica Terracina. Épanadiplose, c’est aussi un spectacle, une lecture sensible et musicale imaginée par Julie Bonnafont et Stéphane Montigny, musicien du Loiret. La mise en scène en a été élaborée sous le regard de Ghislaine Lenoir en décembre 2019 au Studio des Variétés, à Paris. Bon nombre l’auront découvert en mars 2020 à l’auditorium Marcel Reggui de la médiathèque d’Orléans. Julie Bonnafont ? Une violoniste de talent et une parolière “ qui s’est laissée dévorer par la valse avec la prose”. Notamment pour Emji (Les poignées d’amour, Embrasse-moi). Elle est aussi auteure pour Lizzy Ling (Embrasser Brassens, Le célibat c’est beau) et pour Julie Pietri (Jamais loin). Par ailleurs, Julie Bonnafont publiera prochainement une nouvelle faisant suite à une résidence d’écriture dans le service de neurologie du Centre hospitalier régional d’Orléans fruit d’une action conjointe de l’Agence régionale de santé, du service culturel du CHRO et de la Direction régionale des affaires culturelles.
“Certains éblouissements musicaux changent le cours de la vie”
Julie Bonnafont: “Certains éblouissements musicaux changent le cours de la vie. Ma première rencontre avec Jean-Marc Cochereau eut pour théâtre la cité médiévale de Loches, son donjon et surtout, surtout, son opéra en plein air sous le ciel de juillet. Je vécus là mes premières émotions symphoniques sérieuses, absolues et violemment éclatées à travers le prisme de l’adolescence. Tout fut intense : le Falstaff que nous donnions, les répétitions, mes balbutiements de musicienne d’orchestre, les liens humains noués cet été-là et finalement, l’évidence : la musique tiendrait une sacrée place dans ma vie.
Chaque mois de juillet, bien loin de l’obscurité des salles de concerts, notre chef nous révélait une facette lumineuse et enfantine de sa personnalité. Il savait écouter et partager avec chacun de nous des moments qui nous construisaient. Il était de ceux que l’on appelle des maîtres, même si je ne suis pas certaine qu’il en ait eu conscience.
Je ne connaissais rien d’Orléans alors et c’est Jean-Marc Cochereau lui-même qui m’encouragea à rejoindre la classe de violon du conservatoire. Ainsi donc je me présentai un jour dans la classe de Christophe Bianco et comme tous les grands élèves je pus alors participer à certaines sessions au sein de l’Orchestre Symphonique d’Orléans. Nous autres, apprentis musiciens, nous jetions des clins d’œil pendant les répétitions : forts de nos complicités estivales, nous étions heureux et fiers de retrouver notre chef dans un orchestre d’adultes !”
“Un cap inaliénable et des courses folles”
“Mes années parisiennes conservèrent en guise de boussole les séries de concerts avec l’Orchestre d’Orléans. Ce cap inaliénable m’a bien souvent contrainte à des courses folles, des histoires de trains ratés ou d’heures de sommeil évaporées. Mais pour rien au monde je n’aurais cédé mon poste de violoniste dans le Sacre du Printemps au théâtre, pas plus que dans le Songe d’une nuit d’été dans une salle de l’Institut pleine à craquer ; cette même salle de l’Institut qui accueillit un soir notre Boléro de Ravel, faisant redouter à certains un brutal effondrement du grand lustre face à une telle ardeur sonore ! Je n’ai pas manqué non plus le voyage en car jusqu’à Saint-Malo, pour une Symphonie du Nouveau Monde particulièrement dépaysée. Ni la formidable Mass, de Bernstein, diaboliquement galvanisée par Jean-Marc au Vinci de Tours. Tous ces moments exaltants s’alignent fièrement dans ma mémoire, aussi vibrants qu’au premier jour. Le plaisir de chaque représentation est unique et particulier.”
“L’orchestre s’anime au moment précis où le public s’abandonne”
“Les soirs de concert au théâtre, nous émergeons un à un des profondeurs de nos loges pour gagner chacun sa place sur scène. Fusent alors de part et d’autre des envolées de notes en guise d’échauffement. Mais lorsque d’un pas décidé le violon solo gagne sa place, la cacophonie cesse et nous nous tenons prêts : le concert peut commencer. L’orchestre s’anime au moment précis où le public s’abandonne dans les fauteuils rouges de la grande salle : le temps du concert, nous lui appartenons.
Plus tard, quand s’éteignent les derniers applaudissements et les projecteurs, débute à deux pas de la scène plongée dans le noir un nouveau numéro qui se prolongera jusqu’à une heure tardive : bienvenue au Café du Théâtre, point d’orgue délicieux de tout spectacle en ces lieux. Ne vous effrayez surtout pas du brouhaha si vous en franchissez le seuil après un spectacle ! Il y a là comme une sorte de tradition : à peine sortis de scène, nos costumes noirs et souliers vernis partiellement troqués contre une paire de baskets ou une tenue plus confortable, nous empilons nos boîtes d’instruments dans un coin, et nous précipitons d’un bel ensemble vers le comptoir. L’orchestre quasi au complet, tel une entité fantastique, envahit en quelques secondes l’atmosphère feutrée des lieux. Nous parlons fort, nous rions, nous sommes heureux d’avoir offert au public le meilleur de nous-mêmes, nous avons soif !”
Echanges et fondations augurent de belles saisons
“Ici la présence des artistes après le spectacle, tout comme le dîner, appartient au décor, nous sommes à la carte : amuse-gueules de musiciens, accord parfait d’harmonie aux petits légumes. Altistes mijotés avec amour, trompettistes du moment sur lit de cresson. Explosion de timbalier cuit à point. N’oublions pas que dans Café du Théâtre, il y a théâtre ! Je crois que les dîneurs sont souvent contents de cet échange avec les artistes. Peut-être même est-ce précisément pour cette raison qu’ils dînent ici, et pas ailleurs…
Au fil des ans l’Orchestre Symphonique d’Orléans est un peu devenu ma maison : un cocon que je dois savoir quitter, régulièrement, pour m’imprégner de tout ce dont ailleurs peut m’enrichir, mais vers lequel je reviens toujours ; sans m’y abandonner jamais à une quelconque notion de confort cependant, car chaque détail se doit d’être soigné pour en préserver l’esthétique et la justesse. Une maison que la figure emblématique de Jean-Marc a soudainement désertée voilà dix ans, cette maison qui se doit d’évoluer, comme toute construction. Les fondations en sont solides et augurent encore de belles saisons”.
“Orchestre symphonique d’Orléans, 1921-2021, Un centenaire tourné vers l’avenir”, Par Philippe Barbier et Jean-Dominique Burtin, Editions Plot. Graphisme David Héraud. 128 pages. 24€.
Le livre est disponible dans différents points de ventes :
En ligne : https://billetterie-orchestreorleans.mapado.com/ Au bureau de l’Orchestre 6 rue Pothier 45000 Orléans
Du lundi au vendredi de 13 heures à 17 heures. Tel.: 02 38 53 27 13
Dans les librairies d’Orléans (Librairie Nouvelle, Chantelivre, Les Temps Modernes, Librairie du Théâtre).
Également à l’Espace culturel E. Leclerc Olivet.
A l’Office de Tourisme d’Orléans
Au Musée des Beaux-Arts d’Orléans
Saison de l’0rchestre symphonique d’Orléans : www.orchestre-orleans.com
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