Les associations et fédérations d’action sociale de la Région Centre Val de Loire sont en crise, et en appellent aux pouvoirs publics pour dénoncer des politiques publiques qui viennent considérablement mettre à mal leurs missions. Réunies ce mardi 27 septembre, elles ont uni leurs voix pour se faire entendre et alerter le grand public sur un état de fait alarmant.
Par Anne-Cécile Chapuis
Les représentants des Fédérations du secteur associatif et syndicats d’employeurs sont en alerte sur les conditions d’exercice de leurs missions. Photo AC Chapuis
Une vingtaine d’associations sont présentes mais au-delà c’est 200 qui sont concernées, représentant plus de 39 000 salariés et près de 1500 établissements en région Centre Val de Loire. Leurs missions sont multiples : protection de l’enfance, aide aux enfants et adultes handicapés, insertion, accompagnement, accueil de personnes âgées… tout un secteur qui au quotidien relève le défi du « prendre soin », avec des personnels « premiers de cordée de l’utilité sociale » comme les définit Marcel Hartmann, président de l’URIOPSS (Union Régionale Interfédérale des Œuvres et Organismes Privés non lucratif Sanitaires et Sociaux)
Aujourd’hui le torchon brûle
Les associations sont confrontées à un manque de personnel qualifié. Elles mettent pourtant tout en œuvre pour honorer leurs missions et favoriser l’attractivité des métiers, mais elles manquent cruellement de moyens. De leur côté les professionnels continuent de croire en leurs professions qui les mettent en contact avec la réalité de la différence, de la précarité ou de la déficience et ont notamment montré leur investissement lors des périodes de crise sanitaires où il a fallu inventer de nouveaux modes de fonctionnement et sur développer les accompagnements en période insécurisante pour les usagers.
Les oubliés du SEGUR
Des mesures ont été annoncées mais, outre leur modicité, elles témoignent d’une non reconnaissance du travail effectué. En effet, une prime de 183€ ne remplace pas une augmentation de l’indice du salaire. Et quand on constate que certaines catégories de personnels n’ont pas accès à cette prime alors qu’ils contribuent tous au bien être des personnes accompagnées, c’est carrément une injustice incompréhensible pour les salariés et leurs employeurs. Les conséquences ne tardent pas à des faire sentir : mouvements revendicatifs, bien évidemment, mais au-delà, de nombreuses démissions, des personnes qui migrent vers la fonction publique où elles sont mieux rémunérés, des difficultés à recruter allant jusqu’à des menaces de fermetures de places voire la disparition de structures.
Les représentants d’associations ou cadres des établissements médico sociaux réunis à l’ESAT de Boigny sur Bionne le mardi 27 septembre dénoncent les inégalités et les manques de moyens. Photo AC Chapuis
Les actions
Face à ces inégalités qui font crise, les associations s’associent à un mouvement national le mercredi 28 septembre. Une rencontre avec la préfecture du Loiret est prévu ce même jour avec des demandes claires et concrètes :
– Revalorisation de tous les personnels du secteur associatif
– Equité de traitement avec le secteur public
– Compensation de l’inflation
De l’impatience à la colère
A une époque où les autorités publiques exigent de plus en plus d’implication du secteur associatif, avec des changements de méthodes ou de dispositifs pour une adaptation aux réalités d’aujourd’hui, il y a un sentiment de non reconnaissance voire de déni des fonctions contre lesquels les bénévoles associatifs comme les responsables des structures s’insurgent. Ils souhaitent être associés comme les co constructeurs qu’ils sont dans un secteur où leurs fonctions sont essentielles.
Ils alertent sur la grande souffrance du système qui confine à la maltraitance, comme en témoigne une personne prise en charge en pension de famille soulignant que « les salariés tournent beaucoup et cela crée de l’insécurité »
Espérons que le message aujourd’hui lancé par les acteurs du social avec inquiétude et détermination, soit entendu par les pouvoirs publics. Il y va de la santé des citoyens, et de la cohésion d’une société dans son ensemble où chacun qu’il soit « puissant ou misérable » puisse y trouver sa place.
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