Morgane Liébard et Guillaume Montaud, du collectif Les Noues, ont posé leurs valises et leurs sacs de plâtre dans la capitale indrienne devenue au fil du temps foisonnante d’arts et d’artistes. Dans les locaux du Chauffoir nouvellement ouvert aux résidences, ils sont ainsi les premiers à investir les lieux pour une démarche commune sur une création « laboratoire ».
Par Fabrice Simoes
Elle lui prend la main et il la lui donne …@Fabrice Simoes
Elle a fait les beaux Arts à Strasbourg. Lui est venu sur le tard dans l’univers circadien. Ils se sont rencontrés à Paris, en 2020, juste avant le confinement, sur un projet de marionnettes. La Covid et ses obligations d’isolement ont rendu la période propice à la réflexion. Artistiquement, ensemble, ils ont planché dans une démarche de « laboratoire » du geste, de la matière, du son et du mouvement. Les idées ont depuis pris corps.
En cette fin d’été, au Chauffoir, au cœur de la ville de Châteauroux, elle lui prend la main et il la lui donne… Artistiquement, ensemble ils digressent sur ce plâtre qui sèche plus ou moins vite, sur cette vaseline qui doit permettre de démouler plus facilement sans que cela ne devienne une séance d’épilation. La forme se brise, un peu, un peu seulement. Artistiquement, ensemble, ils construisent leur univers, le leur. Artistiquement, ensemble, ils savent ce qu’ils veulent faire et ce qu’ils ne veulent pas devenir. Le plâtre est sec. Clap de fin du plan-séquence, comme au cinéma, la prise est bonne. Morgane Liébard et Guillaume Montaud sont dans la préparation de leur spectacle La Brisure. Un spectacle autrement. Pas un happening. Pas une performance. Un peu de tout ça mais pas que !
A la recherche de la brisure
« De l’humain, du plâtre. De l’humus et une plante. De l’immobilité, de la brisure et des éclats. Du mouvement, de l’espoir et des cris. Que ferons-nous quand tout sera recouvert ? Quand les derniers centimètres carrés de vivant seront figés ? Chercherons-nous la brisure ? Retrouver au fond de nous le vivant, celui que nous avons essayé de fuir. » Artistiquement, ensemble, ils ont avancé dans leur projet. Morgane en est la scénographe. Guillaume en est le metteur en scène. Promis, le spectacle ne sera pas figé. Promis, le spectacle ne sera pas un simple triptyque scène-acteurs-spectateurs. Tout sera imbriqué l’un dans l’autre sans que cela ne se brise comme … un moulage de plâtre. Pas de brisure dans cette Brisure, que nenni.
« De cette inspiration est née la volonté de travailler avec un matériau de construction utilisé depuis l’antiquité et servant principalement à enduire : le plâtre, roche calcaire calciné réduite en poudre. De l’art à la construction, il recouvre nos murs, nos plafonds, efface toutes les imperfections, il lisse le paysage et lui enlève son aptitude organique en immaculant les défauts. C’est cette caractéristique qui nous a motivé à travailler avec cette matière » expliquent-ils, artistiquement, ensemble.
« De l’humain, du plâtre… c’est la brisure@Fabrice Simoes
Dans cette démarche laboratoire, ils souhaitent explorer les fluctuations de ce matériau. De ses différents états, brut, liquide, visqueux, ou solide, ils s’en servent pour leur propre dramaturgie. « De la matière existera sur scène au même niveau que les interprètes et aura, elle aussi, son mot à dire. Dans l’environnement maîtrisé de la boîte noire dédiée au spectacle, nous transformerons sur scène cette matière informelle. Nous jouerons de ses caractéristiques mouvantes et de son imprévisibilité ». C’est tout cela que, artistiquement, ensemble, ils veulent présenter lors de leur sortie d’une dizaine de jours de résidence berrichonne. Jeudi prochain, le 29 septembre, ils présenterons une étape de leur recherche, à partir de 18h30, artistiquement, ensemble. Ce sera évidement sur place, dans ce Chauffoir tout chaud, à peine séché de ses peintures, à peine couvert de ses tentures, à peine orné de ses peintures.
Le Chauffoir
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