A Fresnes, en Sologne loir-et-chérienne, dans l’ancienne ferme de la Filerie, pour accompagner la transition écologique, Cécile et Jérôme Bargue et le collectif Fil Good construisent un projet citoyen et écologique unique.
Par Jean-Luc Vezon
En 2018, ancien directeur de MJC, Jerôme Bargue, diplômé de l’ ESC IPAG Paris et son épouse Cécile elle aussi diplômée d’une grande école de commerce, rêvaient d’apporter leur pierre à l’édifice pour construire un autre monde, plus résilient avec la planète, plus généreux et moins mercantile. Quatre ans plus tard, leur projet de tiers-lieu écologique s’est concrétisé.
« Ce projet entend à sa mesure démontrer que l’on peut vivre différemment en baissant les émissions de CO 2, produisant moins de déchets plastique ou en étant autosuffisant d’un point de vue alimentaire. Nous voulons surtout partager ces expériences avec le plus grand nombre dans un esprit Open Souce, de pair à pair. La transmission est au cœur de la Filerie » explique le couple.
Pour aller plus loin et animer le site, le duo créé l’association Fil Good avec un noyau de personnes militantes et engagées dans la démarche qui décident de mettre leurs compétences en commun. Car la Filerie veut jouer plusieurs partitions sur le développement durable et mettre en place un projet global.
Présidée par la comédienne Caroline Guisset (Ben Compagnie), on trouve un prof ornithologue passionné (Antoine), un ancien maraîcher de Chambord (Thomas), une inst passionnée de plantes sauvages et médicinales (Estelle), un géotrouvetout bricoleur (Paul), un expert en énergie partagée (Raphaël) sans oublier Benjamin qui construit des Tiny house slow tech.
La région Centre – Val de Loire ne tarde pas à accompagner financièrement ce projet expérimental au travers ses différents dispositifs de soutien à l’ESS : A vos ID, Cap Asso … Mieux, elle labellise La Filerie comme Fabrique du Territoire. Objectif que la Filerie appui l’émergence d’autres tiers lieux. « Nous travaillons avec les Greniers de Vineuil. Le13 novembre prochain, nous accueillerons par exemple 15 porteurs de projets » précise Cécile.
Sur le territoire de cette ancienne ferme où l’on produisait du chanvre au 18e, ils pourront découvrir les premières réalisations de la Filerie dans le domaine de l’écoconstruction (Kerterre en chanvre, toilettes et douches sèches, cuisine en bois …), de l’alimentation durable (potager bio et permaculture selon les préceptes du québécois Jean-Martin Fortier), de la connaissance de la biodiversité (ateliers pour les écoles et les adultes) ou de l’accueil d’artistes en résidence.
Véritable rucher, la Filerie fourmille de projets pour inventer nos vies bas carbone. Le tourisme et la formation sont au cœur de son développement. « Dans le cadre d’une SCIC 2.0, nous allons réhabiliter la grange pour y construire une cuisine collective, un dortoir et deux chambres ainsi qu’une salle de formation » avance Jérôme.
Demain, le site veut également accueillir des touristes en immersion, « un tourisme expérentiel » destiné à des personnes désireuses de comprendre et d’agir pour réduire l’empreinte carbone. Il devrait aussi proposer un cycle de six rencontres « Conversation carbone » dans la cadre de Life for climate.
Avec plusieurs partenaires formation, l’idée est de mettre en place des formations qualifiantes : éducateur environnement, maître composteur, permaculteur (CCP) … L’accueil de personnes condamnées à des Travaux d’intérêt général (TIG) est également envisagé.
Un Festival pour partager
Parce ce qu’un tiers-lieu comme la Filerie ne peut exister sans s’ouvrir sur l’extérieur, pour la troisième année consécutive, l’association Fil-Good organiser un festival eco-responsable. Les 8 et 9 octobre prochain, il accueillera ainsi Equinoxe#2. Au programme : animations, ateliers de pratiques, stands de producteurs, d’associations, spectacles (6 compagnies régionales), conférences, repas issus du potager et visite commentée de la Filerie (2).
« Nous souhaitons proposer un temps festif et fédérateur d’accès à la culture sur le territoire, mettre en avant des initiatives “vertueuses de notre environnement, proposer au public d’autres “parcours” de consommation et d’engagement que les grandes surfaces notamment » insiste Jérôme qui peut compter sur une équipe de 25 bénévoles. (2)
La Filerie est au début d’une belle aventure. Multipliant les partenariats (avec le monde scolaire, les associations comme l’ACESM, SNE, Graine Centre ou Concordia), le lieu est le cœur d’un réseau qui se tisse au quotidien avec pour leitmotiv le partage, la co-construction et l’autonomisation. « L’échelle locale est l’espace des possibles pour inventer un nouveau modèle structurant pour notre territoire face à l’urgence climatique et la chute de la biodiversité » conclut Jérôme.
(1) Société coopérative d’intérêt collectif
(2) Pass 1 jour : 5 €. Gratuit pour les moins de 12 ans. 600 participants sont venus en août dernier pour Solstice#3, le festival d’été soutenu par la région, le département et la communauté de communes du Val de Cher – Controis.
Plus d’info autrement: Les Greniers de Vineuil: partage et lien social
Article produit avec le soutien du Fonds pour le Développement de la Vie Associative