Candidat à la présidence des Républicains, le maire d’Orléans rame pour récolter les 495 parrainages nécessaires. Heureusement le délai de dépôt des candidatures vient d’être repoussé au 3 novembre.
Par Jean-Jacques Talpin
Le 3 octobre 2022, on devait savoir si Serge Grouard était officiellement candidat à la présidence des Républicains. Ou alors si sa candidature relevait uniquement du « témoignage », voire du folklore comme ironisent certains détracteurs internes au parti. Car pour déposer leurs candidatures les prétendants doivent recueillir 485 parrainages d’adhérents et 10 de parlementaires, tous émanant d’au moins 10 départements, sans qu’une fédération départementale ne puisse dépasser un maximum de 10% de parrains. Hier, la candidature du maire d’Orléans et président des Républicains du Loiret semblait improbable tant il peine à recueillir les soutiens nécessaires.
Mais aujourd’hui, il bénéficie d’un renfort inespéré venant de la justice. Celle-ci à la suite d’un feuilleton burlesquo-médiatique a en effet réintégré parmi les prétendants à la présidence Virginie Calmels dont la candidature avait été invalidée faute d’une cotisation payée à l’heure !
Une élection pliée ?
Avec cette nouvelle candidate, les Républicains ont donc dû repousser le dépôt des candidatures du 3 octobre au 3 novembre. Un véritable cadeau pour les petits prétendants qui sont très loin d’avoir récolté les parrains nécessaires. Évidemment, chez Serge Grouard, c’est le black-out total sur le nombre de soutiens. Un seul élu connu –Jean-Pierre Gorges -maire de Chartres- semble aujourd’hui lui avoir apporté sa signature.
Mais à l’image des « référendums » dans le Donbass ukrainien, l’élection du président des Républicains semble « pliée ». Les deux favoris, Éric Ciotti et Bruno Retailleau sont tous deux présidents de leur groupe parlementaire à l’Assemblée et au Sénat et n’auront aucune difficulté à recueillir leurs signatures. Dans Paris Match du 8 septembre 2022, Serge Grouard se plaignait d’ailleurs d’une campagne électorale déséquilibrée, lui qui n’est que « maire d’Orléans et président de la Métropole ». Cela ne l’a pas empêché, souvent absent d’Orléans, de visiter de nombreuses fédérations LR pour rencontrer les militants.
Doubler le nombre d’adhérents
Si par un heureux coup du sort M. Grouard réussissait à passer la première étape de l’élection il lui resterait encore à affronter directement les 50 000 adhérents républicains. Mais là encore le scrutin pourrait réserver des surprises car aujourd’hui le sport essentiel des Républicains est de « faire des cartes », en clair d’engranger en urgence de nouveaux adhérents, faute comme hier de pouvoir « bourrer les urnes ». Sport national dans les Alpes Maritimes d’Éric Ciotti, cette cueillette devrait être très fructueuse dans certains départements, sans doute pas dans la petite fédération du Loiret. Il y a quelques semaines, l’objectif national était d’ailleurs de doubler les effectifs et de revenir aux 100 000 adhérents d’avant la présidentielle.
Un round avant les sénatoriales ?
Réaliste et donc sans véritable espoir de gagner la bataille, Serge Grouard espère au moins bénéficier de retombées médiatiques, plus porteuses que celle de la très réactionnaire CNews où il avait hier son rond de serviette. Cela pourrait être utile dans une éventuelle élection sénatoriale (ce que dément son entourage) en septembre 2023 quand la droite voudra reconquérir le siège laissé vacant par le retraité Jean-Pierre Sueur. Cela dit, Serge Grouard feint de laisser croire qu’il serait en bonne position. Ainsi un surprenant « sondage » ( !!) « e-score/e-réputation » pour le premier tour de cette élection affirme qu’il serait en troisième position avec 25% des intentions de vote juste derrière Ciotti, à égalité avec Aurélien Pradié et même devant Bruno Retailleau. Serge Grouard est sans doute le seul à donner du crédit à ce « sondage » (qu’il popularise sur les réseaux sociaux…) qui a au moins le mérite de regonfler ses voiles et d’instiller une petite dose d’espoir…