Terre ouvrière, la petite commune de Rosières, désormais rattachée à Lunery, a accueilli plus d’un millier d’ouvriers au plus fort de l’activité des Usines Rosières. Témoin de ce riche passé industriel, une partie de l’ancienne cité ouvrière est devenue un tiers-lieu prisé des artistes.
Par Alexandra Adam
La Ressourcerie cl AA
D’abord spécialisée dans la fabrication de cuisinières en fonte, les Usines Rosières sont nées en 1869 sous l’impulsion du député Jules Roussel. L’entreprise est devenue propriété du groupe américain Candy Hoover dans la fin des années 1980 après avoir connu un essor fulgurant grâce au Polytechnicien Henry Magdalena. En 1935, Rosières a ainsi compté jusqu’à 500 logements pour 1800 habitants. « En 2019, elle a été rachetée par le groupe chinois Haier, précise Thierry Torez, conseiller municipal de Lunery et fin connaisseur de l’histoire locale. La production s’est arrêtée il y a maintenant un an. »
Cette même année, un plan de suppression de 72 postes a mis fin brutalement à l’histoire de Rosières. Le patrimoine industriel, lui, est resté intact. Au fil des décennies, l’entreprise a investi sur la commune dans le but de construire une église et des maisons pour les familles, exploité des terres agricoles et ouvert une école pour les enfants. A quelques pas des usines s’est même érigée une cité paroissiale comprenant entre autres un dispensaire, un cabinet de dentiste, une salle de spectacle, une garderie et un ouvroir.
Le Cercle renaît de ses cendres en 2019
Abandonnés, les lieux ont été réinvestis en mai 2019 par une communauté d’artistes et d’artisans d’art constituée en association. Ils ont à cœur de laisser libre court à leur imagination.
« Je ne sais pas si c’est Rosières qui m’a choisi ou si c’est moi qui ai choisi Rosières, confie Anti, qui a été le premier à poser ses valises au « centre du monde ». Beaucoup de gens ont vécu ici et sont encore très attachés au lieu ».
Sous son impulsion, les 5000 m2 de bâtiments désaffectés de l’ancienne cité paroissiale sont devenus des ateliers partagés très spacieux fréquentés chaque année par une centaine d’artistes. Tous sont en quête d’idées et d’échanges de pratiques. Mais le tiers-lieu Le Cercle Saint-Albert n’est pas qu’un nom. C’est surtout une philosophie de vie partagée par six membres permanents.
« Nous sommes une communauté d’utilisateurs qui mettons nos outils et nos moyens à la disposition du collectif », poursuit Anti qui promeut l’entraide, l’inclusion, le réemploi et la mutualisation.
Exposition de street-art Cl AA
Intégré dans le paysage local, le collectif transforme ses principes en actions locales et pédagogiques à destination de tous les habitants. Tous les samedis après-midis, il ouvre les portes du tiers lieu aux adhérents qui peuvent alors échanger des vêtements ou objets à la Ressourcerie, bénéficier d’un atelier de réparation vélo, participer à un workshop sur l’écologie ou les technologiques numériques, se balader dans le jardin surréaliste ou encore flâner devant l’exposition de street-art qui mêle peintures et sculptures venant de toute l’Europe.
Les membres du Cercle estiment à 1,5 millions d’euros le montant des travaux de rénovation déjà effectués par les bénévoles depuis le début de l’aventure. Le prochain gros morceau est la réhabilitation de l’ancienne salle de spectacles pour qu’elle puisse à nouveau accueillir les artistes sur scène. Si pour le moment, la plupart des spectacles se déroulent hors les murs, dans les écoles ou les quartiers, l’objectif du Cercle Saint-Albert est d’inviter la population à réinvestir ce lieu qu’il a su ré-enchanter.
Vernissage de l’exposition « Nomade Lunaire » de Jean-Luc Johannet, architecte surréaliste, samedi 24 septembre à partir de 14 heures. Adresse : 2 bis rue de l’Eglise 18400 LUNERY.
Tarifs. Adhésion annuelle au tiers-lieu : 2 euros ; entrée de l’exposition : 3 euros.
Pour soutenir l’association, rendez-vous sur : https://www.cotizup.com/lecercle
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Jardin surréaliste cl AA
Article produit avec le soutien du Fonds pour le Développement de la Vie Associative