Les patrons loir-et-chériens ont le blues : la flambée du prix de l’énergie, le manque de matières premières ou les difficultés de recrutement plombent leur moral. A la CCI 41 ou à la CPME 41, on reste cependant optimistes et on agit.
Par Jean-Luc Vezon
Lors de la dernière assemblée générale de la CCI 41, le 19 septembre dernier, le climat n’était pas au beau fixe. « La crise énergétique est plus grave que celle de la COVID-19. Il y a déjà des entreprises en chômage partiel avec des prix qui flambent de 500 à 2000 € le mégawatt heure électrique. Les économistes le prédisent, la zone Euro va rentrer en récession en fin d’année » a ainsi alerté Marie-Noëlle Amiot sa présidente en demandant de sortir très vite de l’indexation sur le gaz et la mise en place d’un bouclier énergie pour les entreprises.
Alors que certaines entreprises comme Carambar&Co redoutent les délestages, les entreprises loir-et-chérienne se préparent au pire et répercutent pour certaines des surtaxes énergie dans leurs factures. Pourtant, le contexte reste correct comme l’a précisé Lionel Henry, directeur de l’Observatoire de l’économie et des territoires, en présentant les résultats de l’enquête sur l’activité au 1er semestre à laquelle ont répondu 274 entreprises. Carnets de commandes bien remplis, reprise des investissements, saison touristique réussie et mises en chantier de logements au plus haut : le « mur de faillites » redouté n’a pas eu lieu, les procédures retrouvant un niveau d’avant crise.
La CCI 41 ne reste pas sans rien faire pour accompagner les entreprises dans leurs transitions. Un ambitieux plan de mandature a été présenté et voté à l’unanimité, avec notamment un renforcement de la présence sur les territoires, le lancement d’un guide du savoir-faire, une offre de services numériques revisitée, la poursuite du programme d’écologie industrielle territoriale (EIT) ou la mise en place d’une cellule pour les entreprises en difficultés. En matière Rh, suite aux Assistes de l’Emploi, la CCI lance également sa « bataille pour l’Emploi » et l’orientation des jeunes.
La CPME 41 lanceur d’alerte
A la CPME 41 dont c’était la rentrée économique le 23 septembre dernier à Saint-Bohaire, François Kopp, son président se montre lui aussi très inquiet : « Après la crise COVID, l’accès compliqué aux matières premières puis la guerre en Ukraine et son corollaire, l’explosion des prix du gaz et de l’électricité sont sources de grosses difficultés. Beaucoup de PME ne sont pas en capacité d’écrire un budget pour 2023 ».
Cette situation se traduit aussi par l’incapacité pour certaines de rembourser leur PGE. Mobilisée aux côtés des entreprises en difficulté, la CPME les accompagne via le Groupement de Prévention Agréé (GPA). Cinquante entreprises représentant 200 salariés et 8 M€ de CA sont ainsi accompagnés depuis le début de l’année en Loir-et-Cher. « Ce sont à 60 % des commerces avec beaucoup de maraichers mais on constate une hausse du nombre d’associations » a précisé Bernard Imbert, le président de cette structure composée de bénévoles et offrant son expertise gratuitement.
Faire face à la hausse des factures énergétiques est donc le sujet du moment au sein de l’organisation patronale. « Nous demandons la mise en place d’un bouclier tarifaire pour les entreprises car il n’existe aucune aide pour celles dont l’énergie pèse moins de 3 % du CA. Nous attendons aussi beaucoup des négociations à Bruxelles le 30 septembre prochain » a insisté Laurent Kopp en souhaitant vivement une décorrélation entre le prix du gaz et l’électricité « sinon ce sera la crise systémique ».
Directrice commerciale d’EDF, Véronique de Belvalet a longuement expliqué les mécanismes de fixation des prix de l’électricité étroitement liés au prix du gaz en vertu du mécanisme européen dit de Merit order (1). Si la flambée du prix du gaz causée par le conflit russo-ukrainien explique la hausse, celle-ci est aussi liée à la baisse de production d’EDF, passée de 400 à 280 térawatt-heure en 2022, à la suite des travaux du Grand Carénage. Ces opérations de prolongation et de sûreté se prolongeront d’ailleurs jusqu’en 2025.
« Les entreprises réalisant moins de 10 millions de CA et de moins de 10 salariés peuvent bénéficier du tarif réglementé. Sans celui-ci, la hausse n’aurait pas été limitée à 4 % mais aurait été de 120 % en 2022 » a précisé la directrice en annonçant une hausse contenue par l’Etat à 15 % en 2023. Si au final, notre pays a l’électricité la moins chère d’Europe, après l’Espagne et si l’Etat réfléchit à élargir le bouclier, pas sûr que les patrons loir-et-chériens aient été vraiment rassurés !
(1) Ordre croissant du coût marginal.
Une viabilité économique en cause
A la tête de COGEPRINT à Blois, une PME de 40 salariés spécialisée dans l’impression et l’éditique de gestion qui a vu sa facture d’électricité augmenter de 250 % suite à la renégociation de son contrat cet été , Sébastien Lemaire a lui aussi alerté : « Pour certains secteurs, la hausse de l’énergie est pire que la COVID. Elle remet en cause la viabilité économique même des activités ». Pour le président de l’Union Nationale des Industries de l’Impression et de la Communication (UNIIC) en région CVL , il faut « un électrochoc et que l’Etat aide les PME ».
Avec son dispositif partenarial, « La dynamique responsable des PME », la CPME accompagne les entreprises dans leur transition énergétique. Outre la baisse des volumes consommés, elles peuvent notamment produire elles-mêmes leur électricité avec une part autoconsommée pouvant aller jusqu’à 20 %