CDN d’Orléans : Au théâtre des Miss, il faut «Tenir debout»

Qui n’a jamais regardé, même d’un œil distrait, l’élection d’une Miss à la télé ? Voilà qu’elles descendent sur les planches d’un théâtre, bien que diront les persifleurs, ces concours dits de beauté ne sont que du théâtre et rien d’autre. Le CDN d’Orléans ouvrait sa saison les 9 et 10 septembre en offrant le plateau à deux comédiennes tout juste sorties de leurs écoles de théâtre.

Par Bernard Thinat

Photo B.T;

Aux physiques totalement différents, en opposition et sans doute aussi en dérision de ces concours où les filles ont toutes les mêmes mensurations ou presque, l’une vient de l’école de Lille, l’autre de celle de Rennes, elles ont tôt fait d’entrer dans la peau de ces jeunes filles rêvant d’un titre de beauté, poussées par leurs familles le plus souvent afin de devenir quelqu’un dont la parole compte ! Suzanne de Baecque n’a pas froid aux yeux, elle s’est insérée parmi les candidates au titre de Miss Poitou/Charente et rapporte ce qu’elle a vu, entendu, ressenti, ce qui l’a bouleversé. Puisque le concours a lieu dans un club hippique, la voilà devenue pouliche sous les ordres de la coach des Miss, Raphaëlle Rousseau, sa complice sur scène.

Mais l’émotion qui les étreint apparaît lorsqu’elles prêtent leurs voix à d’autres filles que Suzanne a rencontrées, qu’elle a enregistrées, et qui racontent leurs vies parfois déjà cabossées à 24 ans.  Le dernier témoignage, sous forme d’un monologue de Suzanne, emplit la salle d’une émotion intense.

A droite, une table de toilette où tout est prêt pour se faire belle, cheveux, cils et sourcils, maquillage et le reste. Suzanne de Baecque qui a assuré la mise en scène, tantôt d’une grande timidité, tantôt fondant en larmes, passant par tous les états émotionnels, se révèle être une future grande comédienne. Quant à sa complice Raphaëlle Rousseau qui a assuré la chorégraphie, elle joue sur un registre totalement différent, mais non moins intéressant. On utilise la vidéo à bon escient, projetant sur un écran géant en fond de plateau, les images filmées en direct ou créées précédemment.

Au temps du féminisme, il est toujours permis de s’interroger  sur l’existence de ces concours, et des motivations des concurrentes : dans leur spectacle, Suzanne et Raphaëlle ne jugent pas, elles soumettent seulement au public des éléments de réflexion, des témoignages.

Raphaëlle Rousseau à gauche et Suzanne de Baecque à droite – Photo B.T.

En janvier dernier, elles avaient présenté leur travail à l’état d’ébauche. Depuis, le spectacle a considérablement évolué dans le bon sens. Même si l’on retrouve le canevas général, on ressent chez ces deux artistes, une réflexion qui a porté ses fruits, en gommant les faiblesses d’alors, en inventant de nouvelles idées, apportant des pointes d’humour là où c’était un peu fade, et partageant avec le public une émotion non feinte.

Le spectacle sera à nouveau présenté au CDN d’Orléans les 30 novembre, 1^er et 2 décembre. Un conseil, allez découvrir ces deux jeunes comédiennes pleines de talents !

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