L’agriculture biologique cultive ses valeurs

Seizième campagne nationale de l’agriculture biologique avec ce slogan « Manger bio et local, c’est l’idéal ». Une quarantaine d’animations sont proposées par Bio Centre jusqu’au 2 octobre 2022 dans notre région pour faire connaître les bienfaits de cette alimentation saine, respectueuse de notre santé et de la planète.

Par Sophie Deschamps 

Les agriculteurs bio retroussent leurs manches en ce mois de septembre afin de nous rappeler les vertus de leur pratique. Des paysans rassemblés au sein de l’association interprofessionnelle Bio Centre Val-de-Loire, créée en 2007 et qui compte aujourd’hui 700 producteurs bio, entourés par 30 salariés.

Cette nouvelle campagne relayée dans toute la France intervient alors que les ventes de bio ont ralenti en 2021, notamment dans la grande distribution, surtout dans les secteurs de la crémerie et des oeufs tandis que la vente directe continue, elle, de progresser.

Ainsi, Benjamin Trouslard, président du GABOR 45 et fondateur du Potager d’antan à Chécy vend sa production de légumes bio (une soixantaine proposée) 100% en direct via sa boutique, à deux ou trois restaurateurs et à des magasins spécialisés dans le bio. Pour lui, cet évènementest donc l’occasion « d’inciter les gens à aller dans les fermes bio et de leur expliquer pourquoi consommer bio et local, ça va de pair. Pourquoi c’est bien pour eux, pourquoi c’est bon pour leurs producteurs et leur agriculture et pourquoi c’est bon pour l’environnement.»

Pour porter ces valeurs une quarantaine d’animations (un record !) sont proposées dans les six départements de la région en septembre avec des visites de fermes, des dégustations de produits, des marchés paysans, des conférences, des expositions mais aussi des petits concerts…

Un cahier des charges strict 

Rappelons aussi que pour obtenir le label français AB Agriculture Biologique, les agriculteurs doivent remplir un cahier des charges strict, régulièrement contrôlé sur place et qui implique notamment l’interdiction de l’utilisation de pesticides chimiques. 

Une piqûre de rappel nécessaire selon Olivier Chaloche, membre de la Fédération Nationale d’agriculture biologique (FNAB) et producteur de céréales et de pommes de terre à Cortrat (si si c’est bien une commune du Loiret !) près de Montargis: « On a l’impression que tout le monde connaît la Bio mais on s’aperçoit que personne ne sait vraiment de quoi il s’agit. De plus, il y a une vraie confusion aujourd’hui, où l’on prétend que tous les produits sont presque bio avec plein de labels qui se mettent en place depuis quatre-cinq ans mais qui ne font pas ce que l’on fait. Donc on a vraiment envie de reprendre la parole pour dire ce qu’est un produit bio.» Dans la ligne de mire des bios, le label Haute Valeur Environnementale, HVE, soutenu par le ministère de l’agriculture mais qui en fait est bien moins contraignant que le label AB, puisqu’il préconise, par exemple, seulement une baisse de l’emploi des pesticides et non leur suppression.

Par ailleurs, Olivier Chaloche ajoute que « les Gaz à Effet de Serre (GES) de l’agriculture française (19% en 2019, NDLR) sont imputables en majeure partie aux engrais azotés de l’agriculture conventionnelle. Or, ces derniers sont produits grâce au gaz russe…»

Toutefois, Thomas Prigent, nouveau directeur de Bio Centre depuis juin dernier n’entend pas tout mettre sur le dos des agriculteurs non bio : « On est là pour fédérer, retrouver du sens et non faire porter les méfaits de l’agriculture conventionnelle sur les seules épaules des paysans. La bio, c’est un autre modèle et une autre façon de voir la vie ». Une façon claire de dire que nous sommes toutes et tous concerné.e.s et que surtout nous pouvons agir par le biais de nos achats alimentaires.

Des producteurs bio qui auraient enfin bien aimé qu’Emmanuel Macron passe dans l’une de leurs fermes ce vendredi 9 septembre 2022, lors de sa visite au salon Innov-Agri à Outarville dans le Loiret.

À lire aussi : les agriculteurs bio veulent des aides plus intensives