Lors de son premier mandat, la députée de la 2ème circonscription du Loiret, Caroline Janvier (LREM), avait proposé une loi pour s’attaquer à la surexposition aux écrans des enfants. La myopie, en hausse chez les jeunes adultes, semble un danger bien plus important.
Par Jean-Paul Briand
La myopie est une anomalie héréditaire de la réfraction statique de l’œil, dans laquelle l’image d’un objet éloigné se forme en avant de la rétine, lorsque l’accommodation n’intervient pas. Dit plus simplement : lorsqu’un objet est trop éloigné, il est perçu flou par le myope. Cette anomalie, qui se développe généralement pendant l’enfance et l’adolescence, n’est pas anodine. Elle accroît le risque de décollement de la rétine, de glaucome et de dégénérescence rétinienne et peut entraîner une malvoyante grave, voire la cécité. Cette anomalie progresse mondialement. Dans son rapport sur la vision, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce qu’en 2020 il y avait déjà 2,6 milliards (intervalle d’incertitude : de 1,97 à 3,43) de personnes de tous âges atteintes de myopie et le nombre devrait doubler dans moins de trente ans. En France, en 2020 un enfant sur quatre a une vision floue de loin car il souffre de myopie. En 2050 il se pourrait que ce soit un enfant sur deux. Afin d’enrayer cette progression fulgurante, les experts appellent à en faire un enjeu de santé publique.
Chez un enfant ou un adolescent, quelques signes peuvent faire suspecter une myopie. Si il se plaint que les objets éloignés sont flous, qu’il se rapproche de la télévision pour la regarder, fronce les sourcils et plisse les yeux pour voir de loin. Un élève qui se plaint d’avoir du mal à déchiffrer le tableau en classe et de maux de tête à son retour de l’école doit bénéficier d’un contrôle de sa vision. Un clignement excessivement des yeux est suspect de myopie, ainsi que d’être collé à sa feuille pour lire, dessiner ou écrire.
Le fait d’avoir des parents myopes est un facteur de risque de myopie. Puisque la myopie est héréditaire, la majorité d’entre nous pense qu’elle est inéluctable et que l’on ne peut rien faire. Pourtant il existe des éléments modifiables qui risquent de favoriser ou d’aggraver la myopie :
- La lecture prolongée dans de mauvaises conditions (éclairage insuffisant, distance de moins de 30 cm, absence de pauses régulières…).
- Le temps passé devant les écrans.
- La faible exposition à la lumière du jour.
- Sans raisons encore claires, mais démontré par les chiffres, une pression éducative et un travail scolaire intensifs sont particulièrement associés à la myopie.
Il est possible de diminuer le risque d’apparition d’une myopie
Il est possible de protéger l’oeil et de diminuer le risque d’apparition d’une myopie ou de son aggravation :
- Toujours avoir un bon éclairage pour les travaux de près et limiter le temps passé à des activités à moins de 30 cm (cahier, maquette, livre, écran).
- Durant une lecture, faire des pauses de 20 secondes toutes les 20 minutes en regardant au loin.
- Augmenter le temps passé à l’extérieur (au moins deux heures quotidiennement en lumière naturelle). La lumière du jour stimule la libération de dopamine rétinienne qui inhibe l’élongation de l’oeil et contribue à freiner le développement ou l’aggravation de la myopie.
- Diminuer l’intensité des activités éducatives.
Dans ce contexte d’aggravation galopante de la myopie, une campagne nationale d’information et de dépistage aura lieu du 21 au 25 novembre 2022 avec pour mot d’ordre : « Agissons ensemble contre la myopie ».