Depuis le 22 août 2022, des militants écologistes se mobilisent à Chartres pour empêcher l’abattage de trois marronniers centenaires. Situés en centre-ville, ils gênent l’implantation d’un programme immobilier. Le promoteur assure qu’ils seront remplacés.
Par Jean-Luc Bouland
“En pleine vague de chaleur, la ville de Chartres autorise l’abattage de marronniers centenaires en parfait état phytosanitaire. Sur place depuis une semaine la résistance citoyenne s’organise“. Le communiqué de Chartres-Ecologie est sans ambigüité, et donne des arguments à cette action commencée le 22 août. “Ce sont des arbres remarquables d’une hauteur de 25 mètres et des troncs d’une circonférence de 3,70 mètres pour l’un d’entre eux, soit un âge estimé de plus de 200 ans, l’un des plus vieux arbres de Chartres. Trois marronniers centenaires, disposés en triangle au fond d’une parcelle, ils forment un ensemble protégé en tant qu’espace boisé classé dans le plan local d’urbanisme de Chartres“.
En ce cas, pourquoi les abattre ? La municipalité n’a pas souhaité s’exprimer, déclarant simplement que cela concerne un terrain privé, en l’occurrence celui accordé au promoteur immobilier Philippe Bourguignon pour y développer logements et parkings souterrains. Mais il y a aussi désaccord sur l’âge des arbres (centenaires ou 40 ans? ) entre les parties concernées, et le conflit à pris de l’ampleur, relayé par des médias à audience nationale.
“Nous pouvons penser que leur âge, leur développement, leur bonne santé, leur situation dans un coeur d’îlot, leur imposante stature bien visible depuis les axes environnants, et leur classement au PLU les rends invulnérables…Et pourtant, il n’en est rien. La majorité municipale, au coeur de l’été, a autorisé leur abattage !“, protestent les écologistes.
Pour sa part, le promoteur affirme que s’ils doivent être effectivement abattus, c’est pour être remplacés par d’autres “de taille plus raisonnable, entre 10 et 15 mètres” comme indiqué au quotidien Le Parisien, car ceux-ci, d’une hauteur de 25 mètres, pourraient mettre en danger les bâtiments à construire, en cas d’intempéries, voire de vent violent “comme cela s’est récemment passé en Corse“. Sur ce site de l’ancienne Chambre des métiers et de l’artisanat, boulevard de la Courtille, ce projet coporté par la SEM Chartres Développement prévoit l’implantation de 37 logements, des parkings souterrains “et des façades au ras des arbres”. “Au lieu d’adapter le projet au patrimoine arboré, les porteurs de projet préfèrent raser ces arbres plantés il y a au moins 4 générations pour construire quelques mètres carrés supplémentaires vendus à prix fort. Le profit à tout prix“, assène Chartres-Ecologie.
Le conflit porte aussi sur des imprécisions dans les documents fournis pour l’attribution du marché. Face à cela, l’association Chartres Écologie a porté un recours gracieux auprès de la Mairie pour stopper l’abattage de ces arbres “et reste vigilante sur tous les projets immobiliers facilités par l’actuelle majorité“, contestant par ailleurs la volonté municipale “de densifier la ville au maximum“. Et les militants affirment que “des riverains sont désormais sur le point de déposer un recours contentieux“.
En période estivale, il est courant que les journalistes assurent leurs rubriques avec des “marronniers”, selon une tradition centenaire. Ici, ce sont d’autres marronniers tout aussi centenaires qui font de l’ombre à la quiétude chartraine. Les effets du dérèglement climatique sont vraiment imprévisibles.