[PUBLI] Centre-Val de Loire : ces jardins méconnus qui sortent des sentiers battus (1)

Nichés dans le creux d’une vallée, en terrasse, à flanc de coteau, ou au pied d’une abbaye oubliée, de ravissants jardins vivent dans l’ombre des grands parcs historiques du Val de Loire. Écologiques, de théâtre, féminins, nourriciers… ces écrins au cachet indéniable, sont souvent peu connus du grand public. À tort !

À l’occasion de la 3e édition des Nouvelles Renaissances osez vous perdre dans leur charme romantique et bucolique, autre facette discrète du « Jardin de la France ». (Première partie)

Le Théâtre des Minuits a construit ses jardins comme de véritables espaces. Photo TDM

Décoratifs et scéniques en Beauce

À une dizaine de kilomètres de Pithiviers (Loiret), au cœur du bourg de La Neuville-sur-Essonne, Le Théâtre des Minuits a planté son décor. Un décor atypique. « Un jardin spécialement conçu pour accueillir des spectacles et des expositions, une évocation du processus de création artistique avec ses réussites, ses échecs, ce qu’a souhaité le créateur, le temps nécessaire à cette création et sa part de hasard », décrit Arnaud Parent, concepteur de ce Grand Jardin. Planté dès 2013 sur un hectare, ce jardin scénique permet de déambuler dans une roseraie dessinée par André Ève où s’épanouissent « toutes les variétés qu’il a créées avec les rosiers mères utilisés pour ses hybridations. » Mais également à travers une grande prairie centrale propice aux spectacles en plein air ; des vergers suspendus où ronces et fruitiers botaniques offrent des fruits à prélever directement ; une noiseraie, scénographie idéale pour les expositions ; ou encore une forêt « interdite » conçue pour accueillir une nature sauvage et réensauvagée : « un espace d’arbres à écorces remarquables volontairement abandonné pour laisser la nature reprendre ses droits, que parcourt un chemin creux. C’est un projet paysager, écologique, artistique et très poétique ». Ouvert toute l’année en visite spontanée, ce jardin du Théâtre des Minuits présentera en 2023 un nouveau spectacle adapté d’une œuvre d’Anton Tchekhov, Le Sauvage. « Un texte peu connu de la fin du XIXe qui met en scène un personnage obsédé par le rachat de forêts pour éviter leur destruction. Il prétend que la forêt est bonne pour le climat mais aussi pour les hommes. » Tiens, tiens…

La forteresse de Yèvre-le-Châtel abrite des carrés botaniques. Une visite permet d’accéder à une tour observatoire qui offre un panorama 360 degrés sur la lisière la forêt d’Orléans, le Gâtinais et la Beauce. Photo Estelle Boutheloup

Six kilomètres plus au sud, Yèvre-le-Châtel , est la perle du Pithiverais. À la croisée de la Beauce et du Gâtinais, le petit village de 231 âmes se dessine tout en charme et coquetterie autour d’une exposition d’œuvres d’art contemporaines. Seul village du Loiret classé parmi les « plus beaux villages de France », il a été reconnu comme « village-jardin » par l’APJRC (Association des parcs et jardins de la région Centre-Val de Loire) , en espérant une labellisation officielle village « Jardin remarquable » qui en ferait le deuxième du genre de la région avec Chédigny en Touraine. « 4000 mètres de linéaires de pieds de façade végétalisés et 500 rosiers entretenus par l’association des Compagnons de la Châtellenie et des bénévoles grâce aux produits des entrées de la forteresse », explique Alain di Stefano, maire délégué de Yèvre-le-Châtel et président de l’association Les Compagnons de la Châtellenie. « Une végétalisation tapissante qui doit paraitre spontanée et non apprêtée », qui habille ruelles et venelles coquettes, transformant vieux murs, escaliers et murets de pierre en un décor jusqu’au pied de la forteresse. Là, des murs clos du Xe siècle abritent des carrés botaniques à l’ombre de la cour haute : 150 plantes tinctoriales, aromatiques, médicinales, de muraille, et même de la vigne s’épanouissent en couleurs et en parfums. En redescendant vers l’église inachevée de Saint-Lubin, la nouvelle roseraie de Yèvre s’inscrit dans la Route de la Rose. Consacrée à Marcel Robichon, elle conserve une quarantaine de rosiers créés par le rosiériste au pied de deux jolies sculptures de Dimas et Mercier. Une guirlande fleurie de variétés anciennes qui rythme sur le sol, comme une frise chronologique, ses différentes créations. « L’objectif est de réunir toutes les obtentions de Marcel Robichon, plus nombreuses qu’André Ève. »

Les terrasses de l’Abbaye de Thinon-Gardais offrent une belle vue reposante sur la nef de l’abbaye, deuxième plus longue après celle de la cathédrale de Chartres. Photo Domaine de l’Abbaye de Thinon Gardais

Un écrin au cœur du Perche
En Eure-et-Loir, il faut rejoindre le PNR du Perche pour dénicher un insoupçonnable jardin d’abbaye. Près de Nogent-le-Rotrou, le domaine de Thiron-Gardais abrite au creux de ses jardins l’un des hauts lieux de spiritualité médiéval. Le long des 64 mètres de la nef romane (deuxième plus longue après la cathédrale de Chartres) d’une abbaye fondée en 1114, s’étire un ensemble de jardins thématiques sur 4 ha, à l’atmosphère unique. Ici, au pied d’une grange aux dîmes du XVe siècle, un jardin d’interprétation d’inspiration médiévale parcourt des carrés de simples, d’aromatiques, de plantes tinctoriales, d’arbustes fruitiers, et un potager à variétés tardives vendues lors du festival d’automne (3e week-end d’octobre). Là, rhododendrons, hortensias et hydrangeas s’organisent dans un jardin de bruyère. Là encore une terrasse fruitière avec des pommiers palissés, une roseraie, des jardins de couleurs, et un vivier, décor de La Pêche aux anguilles du roman de Renart. Mais la star des lieux reste le vénérable tilleul dit de la Révolution. Labellisé « arbre remarquable », ce tilleul à deux troncs datent de presque 250 ans. Accolé au domaine, le Collège Royal et Militaire et son jardin historique, propriété de Stéphane Bern, font l’objet d’une autre découverte.

Le Jardin de la Couture plonge le visiteur dans des ambiances uniques permettant un vrai tête-à-tête avec la nature. Photo Coral Miles

Pépites écologiques dans le Jardin de la France
Vous croyiez avoir fait le tour des parcs et jardins en Touraine ? Voici deux pépites encore confidentielles mais dont la visite s’impose. À Huismes, Le Jardin de la Couture est l’œuvre de Coral Miles. D’origine anglaise et d’Afrique du Sud, cette passionnée de botanique a le végétal dans le sang. Issue d’une lignée de jardiniers et de botanistes Coral est revenue en France il y a 15 ans pour créer un jardin biologique « en montrant qu’il est possible d’associer esthétisme, classique et moderne à écologie. » Ainsi, autour d’une ancienne gentilhommière du XIXe siècle laissée à l’abandon, elle a recréé avec sa mère un petit paradis. Pour cela Coral a utilisé la structure minérale existante et a déstructuré ce qu’il restait du jardin à la française en aménageant 5000 m2 de jardins ouverts en terrasses avec des essences fortes qui n’ont guère besoin d’eau : haies de charme, allées de buis avec parterres à l’anglaise de plantes méditerranéennes, jardin de roses, ifs en topiaire, cyprès italiens, allées de pommiers… Un havre de paix pour la biodiversité : « nous avons triplé la population d’oiseaux, attiré de nombreux insectes pollinisateurs et transformé un terrain pauvre, sec et imbibé de désherbant en un foisonnement de plantes mellifères et médicinales. Mon but étant de devenir jardin remarquable, par sa conception et ses missions écologiques et pédagogiques. »

Le Potager en Carrés permet de découvrir une méthode de culture légumière unique au monde.
Photo Le Potager en Carrés.

À Chinon, Anne-Marie Nageleisen a signé, elle aussi pour une nouvelle aventure des jardins. Cet artisan d’art, restauratrice de dorure s’est spécialisée dans les potagers bio en carrés à la française (https://potagerencarres.info/). « Une méthode que j’ai inventée alors que je m’interrogeais il y a 25 ans sur comment organiser mon tout petit jardin, et qui permet de vivre en autonomie légumière pour deux personnes avec 12 m2 de surface cultivée. » Une réussite tellement géniale qu’elle a décidé de partager sa méthode. Outre ses potagers ouverts à la visite, Anne-Marie propose des cours et stages thématiques selon les envies : potager en carrés mais aussi apprendre à faire son fromage ou son pain au levain. « Il s’agit de planifier et d’organiser les cultures. Cette méthode s’appuie sur le respect de la vie du sol et de la biodiversité. » Ainsi, les visiteurs découvrent la quantité de récoltes possible toute l’année avec un jardin d’hiver en décembre. « on est dans un partage de vérité. On sort des images carte-postale des jardins. »

A suivre la Partie II des Jardins méconnus en Région-Centre Val de Loire.

Photo de Une crédit Le Jardin de la Couture

Commentaires

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  1. Les Jardins de la Couture ….la Toscane en Touraine . Un jardin qui se suffit à lui-même , avec peu d’eau , la nature sait se défendre et s’adapter pour peu qu’on l’aime et qu’on l’aide un peu . Une réussite en chemin pour un Jardin Remarquable , une jardinière passionnée par la nature dans sa globalité . Je reviendrai avec curiosité et bonheur .

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