Non, il ne s’agit pas de « l’Ardoise du Marché » à Boulleret qui l’a obtenue l’année passée au Guide Michelin, mais du danseur de l’Opéra de Paris, François Alu, ayant passé son enfance à Fussy dans le Berry, qui a été nommé Étoile, samedi soir 23 avril, à l’issue du ballet « la Bayadère » chorégraphié par Noureev, à l’Opéra Bastille.
Par Bernard Thinat
Ses fans, et ils sont légion, l’attendaient cette nomination depuis bientôt 8 ans, quand il avait été promu Premier danseur en 2014. Depuis cette date, les pronostics allaient bon train, on guettait ses apparitions à Garnier ou Bastille, on se disait que c’était pour le lendemain, et puis rien. Même mardi 19 avril, on en était sûr, tous les fans étaient présents et présentes, on se mit à scander lors des saluts des « Alu étoile », et patatras, rien à l’horizon. Et c’est quand on n’y croyait plus que cela se produisit. Dans une représentation ouverte aux familles nouvelles à l’Opéra, micro sur scène, Directeur de l’Opéra et Directrice de la Danse annoncent la nomination de François Alu au grade d’Étoile, le Graal du ballet de l’Opéra de Paris créé sous Louis XIV. Cris, applaudissements, embrassades sur scène, tout y était !
François Alu (photo Julien Benhamou)
Alu, c’est un danseur quelque peu à part. Il n’a pas le physique type du danseur, grand et longiligne, mais plutôt celui de certains solistes du Bolchoï. Et il a une aura exceptionnelle avec ses sauts invraisemblables, ses tours, ses entrechats… A tel point qu’on le voit souvent à la télé, dans des émissions qui tiennent bien plus du divertissement que de la culture, « Danse avec les stars », « Miss France » ou « Le Grand Échiquier ».
Il était entré dans le corps de ballet à l’âge de 17 ans, a gravi chaque année un échelon lors des redoutables concours, a dansé tous les grands rôles des ballets classiques, Don Quichotte, Cendrillon, le Lac des Cygnes et la Bayadère, pour n’en citer que quatre.
Récemment, il avait pris 6 mois sabbatiques afin de créer son spectacle solo, « Complètement Jetés » qu’il présente début avril au Trianon, mélange de danse, de paroles taquines, de délires, de parodies. Au cours du premier confinement, il avait créé un autre solo, dans le jardin de ses parents à Fussy, plein d’humour et de dérision. Il n’hésite pas à tâter du Hip-Hop. Sur scène, c’est un phénomène de la danse, qu’elle soit classique ou contemporaine.
Il a donc fini par être nommé Étoile samedi, à 28 ans, à la fin de la Bayadère, en compagnie de la toulousaine Dorothée Gilbert dans le rôle titre. Certains penseront que le nouveau Directeur de l’Opéra de Paris, Alexander Neef, y est pour quelque chose, en tout cas un peu plus que l’ancienne Étoile Aurélie Dupont, Directrice de la Danse. Mais l’annonce a été faite par les deux, côte à côte, l’honneur est sauf, et comme on le dit toujours en pareil cas, la nomination a été faite « sur proposition de la Directrice de la Danse ». Le public est aux anges et attend sa prochaine apparition sur la scène de l’Opéra.