Mennetou-sur-Cher : pays de Thierry la fronde et de l’andouillette

La renommée de Mennetou-sur-Cher est liée à deux stars : Thierry la fronde et l’andouillette à la ficelle. Si le premier est imaginaire on peut pourtant suivre ses pas dans les rues moyenâgeuses de la bourgade des bords du canal de Berry. Dans une assiette, avec des frites, la seconde est incontestablement plus concrète. Elle est fêtée chaque année au mois de mai par une foire à son nom.

Par Fabrice Simoes

De la Tour d’en haut on rejoint l’Enfer ou le Paradis@Fabrice Simoes

A 20 kilomètres alentour, les « vieux fourneaux », ces mâles nés au siècle dernier, vous raconteront leurs exploits passés à Mennetou-sur-Cher. La plage, son baluche du samedi soir ou du dimanche après-midi, et une drague façon sketch Bedos-Daumier à en faire rugir toutes les chiennes de garde. C’était le temps d’avant. Comme était le temps d’avant l’invisibilité de l’imposante porte Bonne-Nouvelle. Reliée à la Tour du Prieuré, mais engoncée entre RN 76 et masure, elle se cachait alors aux regards. La plage est toujours là. Désormais les bals sont passés de mode. Cependant, sur le bord du Cher on guinche toujours sur le parquet de la Guinguette. Là, les pieds sont restées plus agiles que les mains. Par contre, pour les vieilles pierres, elles se sont refait une santé et apparaissent aujourd’hui au grand jour.

C’est justement du côté de la porte Bonne-Nouvelle que Thierry la fronde – collant moulant, justaucorps à lacets, et en noir et blanc à la télé- a rencontré Isabelle – longue et ample robe, chemisier blanc et corset à lacets, aussi en noir et blanc à la télé- pour 52 épisodes. Jean-Claude Deret, son inventeur, a vécu là, à Mennetou-sur-Cher, dans les derniers éléments du prieuré. Son Isabelle, Céline Léger, aussi. Ils ont donné naissance à Zabou Breitman, mais cela n’a rien à voir avec les vieilles pierres.

Par cette porte Jeanne D’arc serait entrée en 1429@Fabrice Simoes

Visiter Mennetou-sur-Cher c’est un peu de cela que l’on apprend aux cotés de Katia, la directrice de l’office de tourisme de Sologne coté sud. Un peu seulement puisque les cailloux de Mennetou ont d’autres histoires à raconter. Les anecdotes liées à ces bâtiments, de ces ruelles, de ce patrimoine, donne l’envie d’en apprendre un peu plus, toujours un peu plus. Alors ce Thierry qui n’a existé qu’à la télé du général De Gaulle est vite remplacé par Jeanne d’Arc, la vraie. Elle aurait dormi en ces lieux, un soir de mars 1429. Le Prince Noir, l’infâme duc de Woodstock – Anglois de la guerre de Cent ans, il ne pouvait qu’être infâme et ses soldats des soudards- a, paraît-il, ripaillé sur cette terre pas encore de Sologne avant d’aller pourfendre les défenseurs de Romorantin. Des fois on s’arrange avec plus fort que soit.

Des cinq tours de l’enceinte médiévale, il n’en reste que trois. Trois comme autant de portes pour entrer dans cette petite ville où l’on monte la rue du Paradis et descend la rue de l’Enfer, pourtant pavée de bonnes intentions. On découvre Mennetou-sur-Cher protestante avec sa brèche des Huguenots. On passe d’une porte à l’autre et on s’attarde sur la maison des compagnons, celle du Boucher, sur la Grange aux dîmes aussi. Du haut de la tour Nord, on surplombe la ville, la route, et cette ligne de chemin de fer cause de souci avec les fondations de l’enceinte.

L’autre vedette de Mennetou

A l’angle de la Grande Rue, le distributeur automatique de la charcuterie est là pour rappeler que le bourg est toujours vivant et que celui qui fait l’andouille ne l’est pas. En d’autres lieux on trouve des pizzas, du pain, des fruits, des légumes aussi et même des billets. En boutique, y en a mais ici, depuis 6 ans, on vient chercher son andouille à toute heure ! Ne cherchez pas ailleurs, il n’en existe qu’un dans l’hexagone. Et c’est de la 5 A validée par l’Association amicale des amateurs d’andouillette authentique (AAAAA). C’est de l’authentique, de la vraie, de la bonne, et c’est marqué dessus…

L’andouillette en distributeur automatique, c’est à Mennetou-sur-Cher et nulle part ailleurs@Fabrice Simoes

En mai, on fait ce qu’il plaît et on déambule à la foire aux andouillettes. Sur les rives du Cher, si pour la foire de Maray -un village pas bien loin- on achète des melons s’il fait beau et des bottes s’il pleut, à Mennetou-sur-Cher, bon an, mal an on déguste l’andouillette, à la ficelle ou pas. Certes cela ne fait pas des siècles que la confrérie des Tastandouillettes défile dans les rues du bourg, une cinquantaine d’années seulement. On se dit que ce n’est pas si mal pour une particularité gastronomique locale. D’autant que, même si ses créateurs ont pour la plupart, aujourd’hui disparu, la manifestation perdure.

Une andouillette pour nourriture du corps, un peu d’histoire de France pour nourriture de l’esprit, voilà un duo qu’il est efficace, non ?

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