C’est la loi anti-gaspi qui le dit : au 1er janvier 2024, tous les producteurs de déchets en France devront procéder au tri à la source de leurs biodéchets. Autant s’y mettre si ce n’est déjà fait. En mode « un futur pour les épluchures », l’association Les Cycloposteurs d’Orléans (Loiret) propose d’accompagner collectivités, professionnels de la restauration, bailleurs… dans la réduction et la valorisation des déchets organiques qu’elle récupère.
Par Estelle Boutheloup
Entre livraisons de colis et collectes de biodéchets, les Cycloposteurs ont effectué 8400 km en un an
et valorisé plus de 23 000 kg de biodéchets. Véronique Gorel est l’un des quatre porteurs de projet à l’origine de l’association. Photo Estelle Boutheloup
Le chrono tourne. Dans un an et demi, le tri des déchets organiques (alimentaires ou biodégradables), au plus près du lieu où il sont générés, sera l’affaire de tous. Le but : « détourner le flux de déchets de l’élimination, et permettre un retour au sol de qualité par une valorisation agronomique », décrit le Ministère de la Transition Écologique. Ainsi, l’obligation ne concerne plus uniquement les gros producteurs de plus de 120 tonnes de biodéchets par an (entreprises d’espaces verts, grande distribution, industries agroalimentaires, restaurants…), elle touchera dès le 1er janvier 2023 les professionnels qui en génèrent plus de 5 tonnes par an, puis tout le monde, sans limite de seuil, au 1er janvier 2024. Pour cela, chaque citoyen devra avoir une solution pour trier et valoriser ses déchets. Et ça, c’est du ressort des collectivités (Établissements publics de coopération intercommunale) à qui incombent la collecte et le traitement des déchets des particuliers et assimilés, et ce, éventuellement par délégation.
Plus de 500 kg de déchets jetés par habitant
« Ici, c’est une prérogative de la métropole d’Orléans, précise Véronique Gorel, responsable du développement à l’association Les Cycloposteurs. « Plus de 500 kg de déchets sont générés chaque année par habitant dont un tiers constitué de déchets organiques. Une gestion qui représente le deuxième budget de la métropole après les transports ! » 31,2 millions d’euros exactement (104,4 millions d’euros pour les transports). Car si le principe d’une redevance incitative ajustée en fonction du volume de déchets produits n’est pas à l’ordre du jour dans la métropole (contrairement à Châteauneuf-sur-Loire déjà mise en place), les ménages doivent avoir conscience des enjeux écologiques et économiques des déchets.
À travers le compostage, les déchets alimentaires permettent de re-générer les sols, ils nourrissent les petits organismes présents et absorbent l’eau, minimisant ainsi l’arrosage. Photo Estelle BoutheloupRe-générer les sols
C’est grâce à un marché de la métropole que l’association des Cycloposteurs a démarré son activité en mai 2021. « Un marché d’accompagnement, de conseil et de suivi des composteurs collectifs en résidence mis en place par la métropole depuis plus de 10 ans. Trois bacs de 600 litres pour 30 foyers. Et tous les habitants mettent la main à la pâte : touillage et épandage du compost dans leur jardin et/ou espaces verts. » Installée à Orléans, l’association les Cycloposteurs est le fruit de quatre porteurs de projets qui se sont connus à l’Alter’Incub, un incubateur régional d’entreprises : collecte de biodéchets à vélo et livraisons à vélo sur le dernier kilomètre pour les pharmacies et les boutiques de cosmétique, valorisation des déchets organiques en pied de résidence (bailleurs sociaux et privés) par l’installation de bacs collectifs, et formations et animations sur le compostage. « Notre fil rouge : faire en sorte que les déchets restent sur place pour favoriser le retour de la matière à la terre et régénérer les sols, et faire du zéro transport », explique Véronique Gorel.
Trois tonnes de biodéchets récupérés
Ainsi, producteurs, restaurants collectifs, cantines scolaires et d’entreprises, fleuristes… donnent leurs biodéchets à collecter dans des contenants mis à leur disposition. Les restaurateurs partenaires peuvent venir les déposer directement sur le site des Cycloposteurs, lesquels seront ensuite compostés sur place puis distribué aux adhérents. « Trois tonnes de biodéchets sont ainsi récupérés par mois. Il faut neuf mois pour un cycle complet de compostage. 20 tonnes de déchets sont gérés sur ce terrain expérimental sur un potentiel de 500 tonnes. Une fois valorisé, il est rendu à la terre. Pas d’empreinte carbone et c’est agronomiquement positif. »
Installée rue du Champ de Manœuvre à Orléans (Loiret) l’association Les Cycloposteurs devrait bientôt créer un nouveau site sur la commune d’Ingré. La collecte de biodéchets se fait dans un rayon de moins de 5 km.
Photo Estelle Boutheloup.Le compost, remède au réchauffement climatique
Engrais naturel, le compost est une véritable source de bienfaits pour les sols. Non seulement il nourrit les organismes présents dans le sol – organismes qui créent des galeries permettant d’aérer le sol – mais il absorbe aussi l’eau : « 1% de matière organique dans le sol, c’est 250 m3 d’eau par hectare retenus dans le sol, souligne Véronique. Et des cultures moins arrosées. » Sans oublier le stockage du carbone contenu par exemple dans les feuilles sèches, les petites branches, la paille… que le sol va capter. « Si on augmentait de 0,4% le taux de matière organique dans les sols de la planète, on arrêterait le réchauffement climatique. »
À bon entendeur donc. Maraîchers, EHPAD, hôpitaux… constituant aujourd’hui de vrais gisements.
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