[Rétro]: Brillante ouverture pour le Concours International de Piano d’Orléans

 

 

C’est parti pour la quinzième édition du concours de piano. Et ça démarre très fort avec un magnifique concert ce dimanche en la salle de l’Institut. Avec un plaisir manifeste et partagé, la directrice artistique, Isabella Vasilotta, a accueilli les 290 personnes présentes pour l’événement, en annonçant les 17 candidats inscrits au concours, en saluant le jury dont le compositeur Philippe Manoury, et en présentant les quatre grands concerts à venir.

Par Anne-Cécile Chapuis

Isabella Vasilotta, directrice artistique, ouvre la saison du 15e concours de piano d’Orléans. Photo AC Chapuis

A la recherche du temps perdu

Après une année blanche pour raison de covid, le public était là pour ce premier rendez-vous du concours 2022 qui s’annonce prometteur. Et comme pour rattraper le temps perdu, ainsi que pour ancrer encore plus s’il en était besoin la manifestation dans le paysage orléanais, c’est dans le salon musical de Marcel Proust (qui a effectué son service militaire à Orléans) que se déroulait la première soirée. Un hommage doublement d’actualité puisque le monde entier s’apprête à commémorer le centenaire de la disparition de l’écrivain, et avec la sortie discographique du violoncelliste anglais Steven Isserlis consacré à l’univers proustien.

Et ce concert d’ouverture avait misé sur l’excellence en invitant deux solistes de renommée internationale qui ont régalé le public.

Connie Shih, pianiste canadienne, a démarré une carrière dès l’âge de 9 ans avant de se produire en tant que soliste reconnue sur les plus grandes scènes du monde entier, du Canada aux États-Unis en passant par l’Europe ou le Japon, et prochainement en Australie. Un parcours impressionnant.

Steven Isserlis violoncelliste britannique mène une carrière internationale de soliste, chambriste, enseignant et diffuseur. Il est lauréat de nombreux prix et a à son actif une importante expérience de concertiste, à laquelle il convient d’ajouter ses productions discographiques et ses écrits, sans oublier ses soirées de paroles et musique dont l’une consacrée à Marcel Proust.

Connie Shih et Steven Isserlis en concert le 3 Avril 2022, à l’Institut Orléans. Photo AC Chapuis

Un concert d’exception

D’emblée la musique se saisit de l’espace de l’Institut. Les très belles Variations chantantes sur un air ancien de Renaldo Hahn, tout en nuances et vibrato, précèdent la sonate n°1 de Saint Saëns, où la virtuosité s’invite sur scène. Les gestes sont amples, musicaux, engagés, généreux. Le dialogue s’installe, frôlant l’affrontement parfois, avant un final fougueux de plein accord.

Dans Lieux retrouvés de Thomas Adès, compositeur né en 1971, les deux solistes dévoilent toute la palette de leurs instruments respectifs. Cette pièce originale en quatre parties met en scène « les eaux » avec au violoncelle des harmoniques sublimes se faisant l’écho de sons aigus parfaitement maîtrisés. Dans La montagne, le piano très percussif soutient un jeu de pizzicati puis de sons filés extrêmement tendres. Avec Les champs, c’est un retour sur de jolis mouvements mélodiques, avec des aigus subjuguant une salle suspendue aux sonorités hors du commun et hors du temps. Le dernier mouvement La ville est très rythmique, avec un piano véloce et un violoncelle tout en mouvement.

La salle est subjuguée, presque figée dans l’écoute, sous emprise… avant le déferlement des applaudissements.

Un retour au calme avec Sommeil d’enfant de Cécile Chaminade (1857-1944) puis la belle Berceuse de son contemporain Gabriel Fauré donne une autre atmosphère à la soirée. Le regard du violoncelliste se perd dans les décors de l’Institut et le spectateur a envie de fermer les yeux pour mieux savourer et se laisser bercer par la musique

La célèbre Sonate en La Majeur de César Franck vient clôturer le programme. Les pianissimi alternent avec des mouvements fougueux, les places s’échangent entre les deux instrumentistes qui se donnent la réplique, attentionnés l’un à l’autre, avec des nuances qui donnent à la pièce une grande authenticité. La musique est là, le spectateur ne s’y trompe pas.

Après des applaudissements nourris et hautement mérités, les deux solistes gratifient le public d’un joli Cygne de Camille Saint-Saëns. L’univers de Marcel Proust est là, avec sa ferveur, sa subtilité et son élégance.

Un concours de piano qui s’annonce sous les meilleurs auspices et sous le signe de la qualité, de la performance…et de la musique !

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