A l’occasion des Rencontres régionales des Fabriques de territoire organisées le 27 avril aux Greniers de Vineuil, François Bonneau a réaffirmé sa confiance dans ces organisations innovantes, créatrices de liens et de services à la population.
Par Jean-Luc Vezon
A l’issue de l’élection présidentielle révélant les multiples fractures de la société française, face aux chantres du repli sur soi et du consumérisme exacerbé, François Bonneau, président de région, n’a pas manqué de faire passer un autre message. Celui d’une société ouverte à l’autre, où l’on partage plus que l’on prend pour soi, une société plus juste où chacun trouve sa place et s’émancipe par l’éducation tout au long de sa vie selon la formule de Jacques Delors.
Positive, vivante, moderne, la vision des territoires portée par les tiers-lieux symbolise cette ambition et redonne du souffle à l’action publique. « Vos activités et les services nouveaux coconstruits que vous créez dans la formation, les mobilités, l’accès à la culture, l’artisanat, la prise en comptent des besoins sociaux… redonnent du sens et bâtissent du commun », a déclaré le président en s’adressant aux représentants des seize Fabriques de territoire que compte la région centre.
Ces « têtes de réseau » des tiers-lieux ont vocation à être un lieu ressources pour les porteurs de projets alentour, un cadre de formation et d’apprentissage par « le faire ensemble » et d’inclusion numérique pour les populations éloignées d’Internet et de ses opportunités.
Innovation publique et sociale
Comme l’a rappelé Jean-Louis Desnoues, président de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS), « les tiers lieux sont une présence essentielle et illustrent la pertinence de l’économie sociale et solidaire sur les territoires pour construire une économie de proximité ».
Au nombre de 70 dans la région et de 2500 (2021) en France, ces tiers-lieux proposent un nouveau modèle de développement basé sur la citoyenneté, l’entrepreneuriat collectif, la solidarité, la mutualisation et le maintien d’activités et de services locaux sur tous les territoires. Avec le soutien de la collectivité régionale, trois animateurs territoriaux rattachés à la CRESS (est, centre et ouest) s’emploient à les développer.
Les tiers-lieux sont aussi pour la région l’occasion de revoir ses modes de contractualisation pour se rapprocher des acteurs de terrain. Incarnation de la volonté d’une communauté de citoyens d’aller vers un monde meilleur, lieux d’utopie sociale, à l’image des phalanstères de Fourier, leurs projets redynamisent les territoires et, d’une certaine façon, « repolitisent notre société » comme l’affirmait un participant à la journée. Pour François Bonneau, « c’est bien ce chemin de citoyenneté qui compte autant que le résultat ».
Lire aussi : Les Greniers de Vineuil, partage et lien social
Seize Fabriques de territoires en région
Suite à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) permanent doté de 45 millions d’€, lancé par l’Etat en 2019, 300 Fabriques de territoire (dont 150 implantées en quartiers prioritaires de la politique de la ville, QPV) ont été identifiées. Dans notre région, rassemblées dans le réseau Ambition Tiers Lieux, elles sont au nombre de 16 : association Pays du Perche en Loir-et-Cher, BioSolidaire, Maison de Bégon et Greniers de Vineuil (Loir-et-Cher), La Fabrique d’Usage Numérique et Precious Plastic Touraine (Indre-et-Loire), Carte blanche, CC Cœur de Brenne, Maison des jeunes (Indre), Betamachine, CSE Jules Verne Leo Lagrange (Eure-et-Loir), L’Antre-Peaux et CC du Pays de Nérondes (Cher), Action numérique, Chateauneuf-sur-Loire en transition et les Jardins de la voie romaine (Loiret).
Selon France Tiers-Lieux qui encourage leur mise en réseau et appuie les dynamiques de structuration régionale, la France pourrait en compter 3500 en fin d’année et plus de 400 000 personnes les fréquentent au quotidien. Ces espaces ont créé plusieurs milliers d’emplois non délocalisables (6 300 en 2019) et avaient déjà généré un chiffre d’affaires de 248 millions d’euros.