[Rétro] Promenade de printemps au cimetière-jardin de Frédeville

 

 

À l’occasion de la 7e édition du printemps des cimetières et du week-end de la biodiversité, l’association orléanaise « Pour une alternative funéraire » a organisé, ce dimanche 22 mai, une visite du cimetière paysager de Saint-Jean-de-Braye. Brigitte Barbier, la paysagiste loirétaine, a guidé elle-même les visiteurs, dans cet espace naturel et original qu’elle a conçu il y a 20 ans et qui préfigure le cimetière de demain.

Par Elodie Cerqueira

Cimetière paysager de Frédeville, à Saint-Jean-de-Braye, un écrin de verdure, pour les vivants et les morts… Photo Elodie Cerqueira

Et si on se promenait dans un cimetière comme dans un parc ? Brigitte Barbier, paysagiste orléanaise, s’est posée la question en 2002, lorsqu’elle a conçu le cimetière paysager de Frédeville, de Saint-Jean-de-Braye. Un projet qui a séduit la municipalité. Pourtant, « à l’époque, c’était très novateur », explique-t-elle à la quinzaine de visiteurs venus (re)découvrir le lieu ce dimanche 22 mai. C’est l’association « Pour une alternative funéraire », créée en octobre 2020 et que nous vous avions fait découvrir dans nos colonnes, qui a profité de la 7e édition du printemps des cimetières et du week-end de la biodiversité pour proposer une visite guidée au public. Membre fondateur de l’association, Nathalie Grenon souhaite ainsi montrer que « le funéraire est à l’image de notre société et que ses pratiques évoluent ».

Ici, un espace boisé accueille les défunts pour leur dernier voyage, leurs proches qui souhaitent se recueillir, mais aussi les badauds pour une promenade au grand air. « La gestion des emplacements est faite en fonction des choix des sépultures : traditionnelles, paysagères ou dispersions des cendres, avec des zones spécifiques, telles que l’espace dédié aux enfants », précise Brigitte Barbier. La brise printanière et le chant des oiseaux (le site est labélisé par la Ligue de protection des oiseaux) accompagnent le petit groupe attentif et curieux. Une visite qui est aussi l’occasion de faire un peu de pédagogie : revenir sur les espaces dédiés dans un cimetière tels que l’ossuaire ou le columbarium ; une autre manière de découvrir le patrimoine funéraire, souvent méconnu et peu mis en lumière.

L’occasion aussi d’échanger sur l’impact environnemental des pratiques funéraires et des modes de sépulture. Une des pierres angulaires de l’association « Pour une alternative funéraire », selon laquelle, « en moyenne, une inhumation représente 84% d’un aller/retour Paris-New-York, ou encore 11% des émissions de CO2 d’un français par an. Et une inhumation sans caveau et sans monument a un impact un peu inférieur à celui d’une crémation, qui représente 3% des émissions de CO2 d’un français par an ». La question se pose alors : que seront les cimetières de demain au regard du changement climatique ? Si certains visiteurs restent attachés aux traditions, d’autres n’excluent pas la possibilité du réemploi des sépultures ou de pratiques plus responsables (cercueil non traité, capitonnage en tissu biodégradable, stèle en pierre naturelle locale…).

Brigitte Barbier, paysagiste, a conçu le cimetière paysager de Frédeville, à Saint-Jean-de-Braye (45), en 2022. Ce dimanche 22 mai 2022, pour les 20 ans du cimetière et à l’occasion de la 7e édition du printemps des cimetières, elle est le guide d’une visite organisée par l’association orléanaise “Pour une alternative funéraire”. Photo Elodie Cerqueira

Et à Frédeville, Brigitte Barbier invite chacun à s’approprier le lieu en fonction de la symbolique qu’il veut bien y voir… Dès l’entrée, la salle de recueillement, en forme d’ellipse, « enveloppante et protectrice », selon la paysagiste. Puis, un grand cheminement vers le centre du cimetière : un espace fermé, dans la forêt qui mène à un espace ouvert et lumineux, « une manière de passer de l’ombre à la lumière ». Un jardin du souvenir que Brigitte Barbier a voulu comme un bateau pour le grand départ avec des imitations de pontons de bois. Implanté en zone humide, ce jardin était entouré d’eau, « avec toute la symbolique de traverser l’eau lors du grand départ ». Une eau qui disparait désormais dès les beaux jours, résultat des effets du dérèglement climatique à l’origine de nombreux épisodes de sécheresse.

Ainsi, Frédeville s’inscrit aujourd’hui pleinement dans un renouveau des cimetières qui se veulent de plus en plus intégrés à la nature même si beaucoup d’efforts restent à faire pour diminuer le bétonnage et laisser place aux îlots de fraicheur. Pour Nathalie Grenon, « ce changement d’agencement des cimetières sera sans aucun doute plus propice au recueillement ».

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